Des solutions agroécologiques pour une agriculture de montagne durable et résiliente

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À l’occasion de la 17ᵉ édition du Salon International de l’Agriculture au Maroc (SIAM), l’INRA, OXFAM au Maroc et l’ICARDA ont organisé, dans le cadre du projet MountainHER, un événement autour de l’agroécologie, une solution d’avenir face aux défis climatiques et alimentaires. Cet atelier a permis de présenter les résultats de trois années de recherche et d’intervention aux côtés d’agricultrices et d’agriculteurs et d’acteurs clés du secteur.

L’agroécologie, en promouvant des pratiques agricoles respectueuses de l’environnement et centrées sur l’humain, comme porté par fondement II du plan national Génération Green, s’impose comme une voie prometteuse pour une agriculture durable. Elle contribue également à l’émergence d’une nouvelle classe moyenne agricole, en impliquant activement les femmes et les jeunes dans la transformation des systèmes alimentaires.

Trois années d’expérimentation sur le terrain

Financé par la Fondation PRIMA et l’Union européenne, le projet MountainHER vise à promouvoir la transformation agroécologique dans les zones agricoles de montagne, tout en renforçant le rôle des coopératives féminines comme moteur du développement local. Conduit par l’INRA, en partenariat avec l’ICARDA, OXFAM au Maroc, et d’autres partenaires internationaux, le projet a travaillé auprès de plus de 300 agriculteurs – dont une majorité de femmes – dans six pays du bassin méditerranéen. Son objectif étant de démontrer l’impact des pratiques agroécologiques sur les rendements des cultures céréalières en montagne, notamment le blé dur et l’orge ; et l’importance pour le développement des communautés rurales d’impliquer les femmes et les jeunes.

Au Maroc, le projet s’est concentré sur la région d’Azrou-Boulemane-Sefrou, une zone montagneuse confrontée aux effets du changement climatique : baisse des rendements, épuisement des ressources en eau, recul des terres cultivées. Les experts du projet ont accompagné les agricultrices et les agriculteurs dans l’adoption de techniques comme le semis direct (sans labour), la rationalisation des engrais chimiques, l’adoption plus stratégique des engrais organiques et l’introduction de variétés de céréales adaptées aux conditions locales.

Des résultats concrets

Les données collectées sont encourageantes. L’association de nouvelles variétés adaptées, issues de graines ancestrales, avec les pratiques agroécologiques a permis d’augmenter en moyenne de 11 % les rendements en blé dur et en orge. La variété marocaine Faraj a montré les meilleures performances, atteignant des récoltes record de 50 quintaux par hectare dans dix exploitations au Maroc. Cette amélioration s’est traduite par un gain direct de plus de 3 000 dirhams par hectare à la revente des récoltes, doublant parfois les revenus des agricultrices et des agriculteurs. Et lorsque ces céréales sont transformées par les coopératives féminines en produits traditionnels comme le couscous, le revenu brut peut dépasser les 30 000 dirhams par hectare.

Vers des chaînes de valeur inclusives et durables

L’une des principales réussites du projet réside dans le développement de circuits courts locaux reliant agricultrices et agriculteurs aux coopératives féminines de transformation. Ce modèle favorise la valorisation locale des produits, la réduction des coûts et l’augmentation des revenus, tout en améliorant le tissu socioéconomique des communautés. Cependant, les coopératives rurales sont souvent confrontées à des défis de gouvernance. Peu d’entre elles disposent de statuts clairs leur permettant d’organiser efficacement la prise de décision ou la répartition des responsabilités. MountainHER a également œuvré à structurer cette gouvernance en proposant des modèles de statuts types, inspirés d’échanges entre les six pays participants. Ces outils promeuvent une gouvernance partagée, la transparence financière et la participation équitable des membres.

Renforcement des capacités et accès au marché

Au-delà des pratiques agricoles, le projet a aussi mis l’accent sur le renforcement des compétences des membres des coopératives. Des formations en transformation agroalimentaire, en éducation financière et en gestion ont été animées par les experts de l’INRA, d’ICARDA et d’OXFAM. Un appui a par ailleurs été apporté pour l’accès au marché : séances photo professionnelles, formation à la maitrise des plateformes numériques, mise en relation avec des restaurants et des épiceries.

Enfin, conformément à la loi n°47.06, aux textes 87 et 88 de 2007, et au Code général des impôts, le projet a encouragé l’élargissement des adhésions aux coopératives pour inclure également les agricultrices et les agriculteurs, devenant des coopératives qui transforment en produits alimentaires les grains bruts produits par leurs membres, et leur permettant ainsi de bénéficier d’exonérations fiscales (taxe professionnelle et taxes communales), un levier significatif pour l’augmentation de leur chiffre d’affaires.

Une initiative “de la ferme à la fourchette”

MountainHER a adopté une approche globale de la chaîne de valeur, combinant transition agroécologique, inclusion sociale, génération de revenus et respect de l’environnement. Ceci s’illustre par l’accompagnement de la coopérative féminine Al Amal d’Azrou dans la création d’un livre de recettes traditionnelles, mettant en valeur leurs produits : différentes variantes de couscous, de zammita, de belboula ou de berkoukes. Cet ouvrage sera bientôt disponible sur le marché marocain.

MountainHER s’impose ainsi comme un modèle innovant de développement agricole en zone de montagne, plaçant les femmes au cœur des dynamiques économiques, sociales et environnementales.

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