Le calcium, pour éviter les pertes au stockage des pommes

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Les pertes de pommes dues à des maladies physiologiques de conservation varient de 5 à 25 % selon les années, les variétés et les conditions de stockage. L’utilisation optimale du calcium et d’autres éléments nutritifs est cruciale pour améliorer la qualité et la conservation des pommes. Les stratégies d’apport doivent être soigneusement planifiées et exécutées pour garantir la santé et la fermeté des fruits, minimisant ainsi les pertes dues aux maladies physiologiques de conservation.

Rôles du calcium dans la culture des pommes

Le calcium active les enzymes et est indispensable à la division cellulaire, à l’élongation et à la croissance du fruit. Il stabilise la paroi cellulaire et garantit sa perméabilité tout en la protégeant de la dégradation enzymatique.

Qualité des fruits

Elle est étroitement liée à leur teneur en calcium. Ainsi, tout ce qui influe sur la teneur en calcium des fruits aura un impact sur leur qualité. Un excès d’azote, par exemple, réduit la concentration du calcium dans le fruit. La concentration minimale de calcium communément admise dans le fruit lors de la récolte est de 5 mg pour 100 g de fruits frais. Sous ce seuil, les risques de maladies de conservation sont plus élevés. Il faut donc adapter la stratégie d’apport de l’azote à cet objectif.

Fermeté des pommes

En jouant un rôle dans la cohésion et l’adhérence des cellules entre elles, le calcium a un impact sur la fermeté des fruits. Plus la valeur de calcium dans le fruit est élevée, plus sa chaire est ferme. Il résiste alors mieux aux meurtrissures aux brunissures internes ce qui améliore son potentiel de conservation.

La carence : un vrai risque pour le fruit

Une faible teneur en calcium dans la pomme lors de la récolte est à l’origine d’un nombre important de maladies physiologiques de conservation :

  • Le Bitter Pit est associé à un déficit en calcium et un rapport K/Ca trop élevé. Il s’initie en verger, entre 4 et 6 semaines après la chute des pétales, et apparaît en conservation.
  • Le Lenticel Blotch Pit qui touche certaines variétés est associé à une faible teneur des fruits en calcium et accentuée par une récolte tardive.
  • L’échaudure solaire (SunBurn) est due à une insolation directe. Un taux élevé de calcium dans l’épiderme et la pulpe du fruit rendra les cellules moins sensibles aux brûlures causées par le soleil.
  • L’échaudure de conservation (Scald), qui apparaît en cours de conservation ou juste après, le verdissement (Alfafa Greening) et le cœur aqueux (Water Core), qui trouve son origine au verger, sont associés à une carence en calcium et un taux d’azote élevé.

Le Bitter pit

Une carence en calcium augmente la fréquence de bitter pit. Elle est souvent liée à un déséquilibre entre la disponibilité du potassium et du calcium. Il est communément admis que des ratios K/Ca élevés (>30) à la récolte augmentent la fréquence du bitter pit. 

Les apports au sol sont essentiels, mais ils doivent être complétés par des pulvérisations ciblées sur fruits afin d’augmenter le niveau de calcium dans le fruit. Plus le nombre de pulvérisations est élevé, plus la qualité du fruit augmente. Il est important de continuer les pulvérisations jusqu’à la récolte.

Être efficace dans ses apports de calcium

Le calcium est absorbé par les extrémités des racines puis transporté jusqu’au fruit par le xylème. Lorsque le fruit atteint 50 g (environ 25-30 cm de diamètre), plus de 50% de la quantité totale de calcium s’y trouve déjà. Il est donc essentiel que le calcium ait été appliqué au sol avant ce stade. A des stades plus tardifs, lorsque le fruit se développe rapidement, la plupart du calcium est transporté vers les feuilles où il ne peut être redistribué, et les quantités contenues dans les fruits commencent à se diluer. A ce stade, il faut recourir à des applications sur fruits afin de compléter le niveau de calcium. Ces dernières doivent permettre d’atteindre 5 mg/100 g de fruits frais à la récolte, et ce pour garantir une bonne croissance, un minimum de détérioration et un haut potentiel de conservation.

Il convient aussi de s’assurer qu’une utilisation excessive d’azote, provoquant une croissance excessive du feuillage et des fruits, ne limite pas le niveau ou la concentration du calcium dans les fruits.

Il peut être alors judicieux de faire réaliser une analyse de pommes au stade jeune fruit, avant le basculement, pour connaître précisément les teneurs de chaque élément et avoir le temps de redresser ceux qui le nécessitent.

A noter que l’apport annuel régulier du calcium est fortement recommandé car il garantit une meilleure accumulation du calcium dans les réserves de l’arbre, y compris dans les plus hautes branches, minimisant la survenue de ces maladies physiologiques de conservation, notamment le Bitter Pit, pour les fruits des branches les plus hautes.

Fractionner pour plus d’efficacité

Un essai sur pomme Gala avec un apport de calcium au sol fractionné en deux, 15 jours avant pleine floraison puis en pleine floraison, par rapport à un témoin avec un seul apport avant floraison. Le résultat a été une augmentation de la fermeté des pommes (et du rendement) avec le fractionnement, donc une amélioration de la résistance aux maladies physiologiques de conservation.

Importance du phosphore

En jouant un rôle-clé dans la production d’un plus grand nombre de cellules dans les fruits lors de la division cellulaire, le phosphore permet d’augmenter la fermeté des fruits. Il est donc particulièrement important que les apports ne soient pas limitant à pendant les 6 semaines qui suivent la floraison. Dans cette optique il est souvent préférable d’avoir recours des applications foliaires supplémentaires de phosphore.

La forme du phosphore apportée a un impact sur la fermeté. D’autre part, l’apport de phosphore a un effet positif sur la résistance aux maladies de conservation. En limitant la dégradation des parois cellulaires internes, le phosphore permet de minimiser les brunissements à basse température

Trois éléments clés à apporter en post-récolte

Dès la période estivale, les pommiers commencent à stocker des éléments nutritifs pour assurer les réserves nécessaires à l’alimentation des organes floraux de l’année suivante, notamment du bore, du zinc et de l’azote. Si les arboriculteurs hésitent à ressortir leurs pulvérisateurs après la cueillette, les apports post-récolte ont montré leur intérêt.

Le bore et le zinc sont deux oligo-éléments nécessaires au même moment et en quantité suffisante dans les bourgeons au printemps pour assurer le débourrement, la floraison et la nouaison. Une fourniture inadaptée de bore se traduira par une floraison et une nouaison médiocres, et en cas de carence sévère, les fleurs se dessèchent et flétrissent aussitôt. Un apport insuffisant en zinc limite la croissance et le développement du feuillage et des bourgeons, entraînant un dégarnissement des rameaux et la formation de feuilles en rosette.

Aux stades cités, l’assimilation par voie racinaire est réduite. Pour éviter toute situation de carence pendant la floraison, les quantités de bore et de zinc doivent être suffisantes dans les bourgeons dès le début de la saison. D’où l’importance d’un apport foliaire post récolte pour la mise en réserve, juste avant la chute des feuilles pour bénéficier du phénomène naturel de retrait de sève. L’importante surface foliaire assure une absorption maximum des éléments et sécurise la mise à fleurs de la prochaine campagne.

Des applications de zinc à l’automne, après la récolte et sur des feuilles saines, peuvent “charger” le bourgeon. Cela se traduit la saison suivante par une forte mobilisation du Zinc au niveau de la fleur principale.

Ne pas oublier l’azote

Absorbé d’août à octobre, l’azote est stocké dans les racines et les tiges. A cette époque, le pommier doit disposer de 30 à 40 unités d’azote dans le sol pour effectuer une bonne mise en réserve.

En cas de doute sur les réserves du sol, il ne faut donc surtout pas se priver de renforcer les réserves de l’arbre par un apport foliaire en post-récolte renforce les réserves de l’arbre. Il est primordial de garantir une quantité d’azote disponible suffisante à la biomasse de l’arbre avant la chute des feuilles pour assurer le développement des bourgeons durant l’automne et l’hiver et soutenir la croissance précoce au printemps.

L’azote a également un effet pompe qui améliore l’assimilation de bore et de zinc. Autre intérêt, une fois tombées, plus la quantité d’azote est importante dans les feuilles, plus rapide sera leur putréfaction, diminuant d’autant les risques liés à la tavelure.

L’utilisation optimale du calcium et d’autres éléments nutritifs est cruciale pour améliorer la qualité et la conservation des pommes. Les stratégies d’apport doivent être soigneusement planifiées et exécutées pour garantir la santé et la fermeté des fruits, minimisant ainsi les pertes dues aux maladies physiologiques de conservation.

Source : Yara

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