La chenille noctuelle de la tomate, un ravageur polyphage mondialement répandu, représente une menace sérieuse pour les cultures sous serre. Ses larves s’attaquent à de nombreux organes de la plante, notamment les feuilles et les fruits, provoquant des pertes économiques importantes. Sous serre, la gestion de ce ravageur demande une approche intégrée, combinant plusieurs méthodes de lutte pour garantir une protection efficace des cultures tout en respectant les normes de sécurité alimentaire.
La tomate est appréciée par de nombreuses espèces de noctuelles défoliatrices. Elles sont représentées au Maroc par Chrysodeix ischalcites ESP, Helicoverpa armigra HB, Spodoptera littralis B, Autographa (Plusia) gamma L et Peridroma saucia. Ces noctuelles ont un comportement sédentaire ou migratoire, elles sont capables, en conditions favorables, de pulluler et de provoquer de très sérieux dégâts. Dans la région du Souss Massa ce sont les deux premières espèces de noctuelles qui sont capables, de pulluler et d’occasionner des défoliations et de sérieuses pertes sur fruits lorsque les conditions leur sont favorables. Dans certaines conditions, le taux d’infestation peut atteindre jusqu’à 90% des plantes.
Les larves, visibles à l’œil nu, varient en couleur (verte, jaune ou marron-noirâtre) et peuvent mesurer jusqu’à 4 cm. Elles se nourrissent dès leur éclosion des feuilles provoquant ainsi des perforations sur les folioles. Les larves âgées poursuivent leur développement sur les fruits. Sur un même bouquet, une chenille peut attaquer plusieurs fruits. Ceux-ci sont rongés, troués et des galeries ainsi que des déjections sont visibles à l’intérieur, ce qui les rend impropres à la commercialisation.
La nuisibilité des noctuelles défoliatrices est également indirecte puisqu’elles peuvent provoquer une maturation précoce des fruits et faciliter la pénétration de nombreux agents de pourriture.
Les conditions en serre, notamment l’humidité relative élevée et les températures modérées à élevées (20-30°C), favorisent le développement rapide des noctuelles. La densité de végétation dans les serres offre un habitat idéal aux chenilles pour se dissimuler et échapper aux traitements phytosanitaires. Cela accentue la nécessité d’une surveillance accrue et de stratégies de lutte adaptées.
Le ravageur est particulièrement actif la nuit, ce qui rend son contrôle difficile en raison de la détection tardive des dégâts.
Méthodes de lutte
Plusieurs méthodes de protection sont préconisées pour contrôler le développement des noctuelles sur la tomate. En combinant les différentes méthodes de lutte disponibles, les producteurs peuvent non seulement protéger leurs cultures, mais aussi répondre aux exigences des marchés en termes de durabilité et de sécurité alimentaire.
La prophylaxie
Elle repose principalement sur : la désinfection du sol, l’installation des filets insect-proofaux ouvertures des abris, l’incinération des résidus de cultures, le désherbage, …
Piégeage sexuel
La première étape dans une stratégie de lutte est la surveillance continue des populations de noctuelles pour détecter les premiers signes d’infestation. Les pièges à phéromones, utilisés pour capturer les mâles adultes, permettent de suivre l’évolution des populations. Il est primordial de commencer cette surveillance dès le début de la saison pour éviter la propagation rapide des chenilles.
Chaque piège est muni d’une plaque engluée et d’une capsule imprégnée d’une phéromone sexuelle synthétique spécifique à l’espèce de noctuelle, qui doit être changée régulièrement (respecter les consignes du fabriquant).
Ce type de piégeage est couramment utilisé dans les serres pour déterminer les pics d’activité et ajuster les traitements en conséquence.
Insecticides : respect des doses et des normes
La lutte chimique doit être raisonnée et effectuée dès le piégeage des papillons mâles. Au Maroc, 106 insecticides sont homologués contre les noctuelles de la tomate avec des DAR allant de 0 à 14 jours. Il est recommandé d’opter pour des produits sélectifs et d’alterner les matières actives pour éviter le phénomène d’accoutumance. Plusieurs produits visent essentiellement les larves et sont plus efficaces sur les jeunes stades. Les grosses chenilles sont pratiquement invulnérables à l’action par contact des différents insecticides. Il est impératif de respecter les doses recommandées pour garantir l’efficacité du traitement tout en limitant les résidus chimiques sur les fruits
Les fabricants de produits phytosanitaires fournissent des doses optimales pour garantir l’efficacité du produit tout en réduisant les risques de résidus sur les cultures. Un sous-dosage peut entraîner un échec du traitement et une persistance des ravageurs, tandis qu’un surdosage augmente non seulement les coûts, mais aussi les risques pour l’environnement, la santé humaine, et la phytotoxicité des cultures.
Les acheteurs, notamment les grandes chaînes de distribution internationales, exigent de plus en plus des produits agricoles respectueux des normes en matière de sécurité alimentaire et environnementale. Cela inclut le respect strict des Limites Maximales de Résidus (LMR) autorisées sur les fruits et légumes.
Les certifications internationales, comme GlobalGAP, imposent également des exigences strictes en matière de gestion des produits phytosanitaires. Respecter ces normes est essentiel pour accéder aux marchés internationaux et garantir la compétitivité des producteurs marocains.
Le succès d’une lutte efficace contre les ennemis de culture ne repose pas uniquement sur le choix du produit phytosanitaire, mais également sur l’utilisation d’un matériel d’application adapté et bien réglé. Un équipement bien choisi, correctement entretenu et réglé avec précision permet de garantir une couverture complète des plantes, y compris les zones difficiles à atteindre. Ainsi, les producteurs peuvent maximiser l’efficacité des traitements, réduire les coûts et limiter l’impact sur l’environnement.
La vitesse d’avancement de l’opérateur influence directement la qualité de l’application. Une vitesse trop rapide peut réduire la pénétration du produit à l’intérieur des plantes, en particulier dans les parties inférieures ou cachées. Il est conseillé de maintenir une vitesse modérée, adaptée à la densité des cultures et à la hauteur des plantes, pour permettre une couverture homogène.
Le débit de pulvérisation doit également être ajusté en fonction de la densité du feuillage et de la configuration du champ. Un débit trop faible peut entraîner une application insuffisante sur les zones infestées, tandis qu’un débit trop élevé risque de provoquer des ruissellements, entraînant une perte de produit et une pollution des sols.
Pour garantir une application optimale des produits phytosanitaires, la maintenance régulière du matériel de pulvérisation est indispensable. Les buses doivent être nettoyées et vérifiées fréquemment pour éviter les obstructions ou l’usure, qui pourraient altérer la répartition du produit. De plus, il est recommandé de vérifier régulièrement l’étalonnage du pulvérisateur afin de s’assurer que la quantité de produit appliquée est conforme aux recommandations du fabricant.
Un entretien régulier des filtres, des joints et des réservoirs permet également de garantir une distribution homogène et d’éviter les pannes lors des périodes critiques d’application. Un bon entretien permet non seulement d’améliorer l’efficacité du traitement, mais aussi de prolonger la durée de vie du matériel.
Enfin, au-delà des considérations environnementales et sanitaires, un bon réglage du matériel de pulvérisation permet également d’optimiser les coûts de production. Une dose adéquate appliquée au bon moment évite le gaspillage des produits phytosanitaires, réduisant ainsi les dépenses.
Les alternatives biologiques
L’utilisation d’ennemis naturels constitue une stratégie durable dans la lutte contre la chenille noctuelle. Parmi les agents de lutte biologique, on retrouve les parasitoïdes qui parasitent les œufs des noctuelles. d’où la nécessité de faire des lâchers bien synchronisés avec la période de ponte des femelles. Le plus souvent, il est recommandé de faire deux lâchers en deux périodes : au début et au pic de l’activité de ponte.
De même, il existe des prédateurs comme les coccinelles ou les chrysopes qui se nourrissent des larves. L’introduction de ces auxiliaires dans les champs a montré des résultats intéressants dans la régulation des populations de noctuelles.
Les biopesticides à base de Bacillus thuringiensis (Bt), une bactérie qui infecte spécifiquement les larves de lépidoptères, sont également efficaces pour limiter les dégâts. Après leur pulvérisation, ces biopesticides agissent en provoquant la mort des chenilles après ingestion, sans nuire aux insectes bénéfiques.
#ChenillesDéfoliatrices #NoctuellesTomate #ProtectionDesCultures #AgricultureSousSerre #LutteBiologique #InsecticidesSélectifs #SurveillancePhytosanitaire #CulturesDurables #GestionDesRavageurs #ProduitsPhytosanitaires #SécuritéAlimentaire #PrédateursNaturels #Biopesticides #ÉquipementAgricole #TechniquesDePulvérisation #GlobalGAP #CertificationAgricole #ExportMaroc #GestionIntégrée #AgricultureInnovante