Le Tomato Brown Rugose Fruit Virus (ToBRFV) représente une menace significative pour la production de tomates et de poivrons dans le monde entier. La mise en œuvre de pratiques rigoureuses d’hygiène, l’utilisation de semences saines, le développement de variétés résistantes et de nouvelles technologies sont essentiels pour gérer et contrôler ce fléau.
Tout comme les autres Tobamovirus, le ToBRFV est très stable et très infectieux. Il peut survivre longtemps dans l’eau, sur les surfaces, dans les débris végétaux et dans le sol, sans perdre sa virulence. Le virus se transmet mécaniquement par des activités telles que la transplantation, l’effeuillage, l’ébourgeonnage, la pulvérisation et la récolte. Des matériaux tels que les vêtements, les chaussures, les équipements et les outils peuvent également transporter et propager le virus.
De plus, il a été démontré que le virus peut être transmis par les semences infectées, les pollinisateurs tels que les bourdons, et même les insectes nuisibles comme Tuta absoluta. Le sol contaminé sert aussi de source primaire d’infection via les plantules, se transmettant par des blessures dans les extrémités des racines et atteignant les parties supérieures des plantes.
Stratégies de prévention
Semences saines
L’utilisation de semences indemnes de virus est une première étape essentielle. Utiliser des semences testées et certifiées exemptes de tobamovirus, y compris le ToBRFV, est crucial pour prévenir l’introduction du virus dans les exploitations.
Pratiques d’hygiène rigoristes
– Les outils et équipements doivent être désinfectés régulièrement avec des produits efficaces.
– Les travailleurs doivent ‘’idéalement’’ porter des gants jetables, se laver les mains fréquemment et utiliser des désinfectants pour minimiser le risque de transmission.
– Une inspection régulière des plantes pour détecter les symptômes du virus est essentielle. Les échantillons suspects doivent être envoyés à des laboratoires spécialisés pour confirmation.
– Lorsqu’une plante est confirmée infectée, il est crucial de la retirer et de la détruire, ainsi que les plantes adjacentes qui pourraient avoir été en contact avec elle. Cela inclut la destruction des débris végétaux infectés, qui peuvent rester infectieux pendant plus de 20 ans.
– Le diagnostic de l’eau de drainage est également un bon moyen de détecter une infection à un stade précoce. Des chercheurs belges expliquent que, dans certains cas, une infection virale peut être détectée jusqu’à 10 semaines avant l’apparition de symptômes visuels.
Lors de la dernière campagne, la mise en place de protocoles d’hygiène stricts, s’est avérée efficace, mais couteuse. Les producteurs rapportent des coûts supplémentaires allant de 25.000 à 45.000 Dh/ha.



Décalage de la plantation
Traditionnellement, les tomates sont plantées en août, mais lors de la précédente campagne, beaucoup de producteurs du Souss ont retardé leurs plantations jusqu’en septembre, voire novembre, pour échapper aux conditions optimales au développement du ToBRFV (températures et luminosité).
Résistance variétale
Les variétés résistantes offrent aux producteurs la solution la plus durable pour gérer le ToBRFV. La sélection variétale a fait des progrès significatifs dans le développement de variétés de tomates spécialement conçues pour tolérer ou résister à l’infection par le virus, réduisant ainsi les pertes de rendement et améliorant la qualité des fruits.
En adoptant des variétés résistantes, les producteurs peuvent ainsi garantir une production plus stable. Les fruits issus de ces variétés sont moins susceptibles de présenter des défauts liés au virus, améliorant ainsi leur commercialisation.
Il est important de souligner que la quête de résistance a profondément modifié le paysage des variétés disponibles sur le marché marocain. Le choix des maraichers est désormais guidé par la présence d’une résistance au ToBRFV, que ce soit à travers le porte-greffe ou la variété en elle-même. Lors de la campagne écoulée, la demande pour les variétés résistantes au ToBRFV a augmenté par rapport aux variétés sensibles, représentant 30 à 40% du marché, et ce malgré le manque d’informations sur leur comportement.
Concernant le porte-greffe, des recherches confirment que la vigueur et l’endurance constituent une base sûre pour une production optimale, même s’il n’est pas résistant au ToBRFV. En effet, de bonnes racines permettent une bonne absorption de l’eau et des nutriments, en particulier dans des conditions difficiles. Un porte-greffe puissant, endurant et doté d’un bon système racinaire peut favoriser un développement plus vigoureux de la plante, ce qui peut conduire à des infections moins sévères tout au long de la saison. Certes, la vigueur du porte-greffe peut poser des défis de gestion des cultures, mais les producteurs marocains ont démontré une grande capacité à surmonter les difficultés grâce à leur expertise.
Enfin, il est important de souligner que malgré l’utilisation d’une variété résistante, il reste important de minimiser le risque d’infection de respecter des mesures d’hygiène strictes.
Traitements de désinfection avancés
Des recherches récentes ont montré que le traitement à l’ozone plasma froid est prometteur pour inactiver le ToBRFV dans les systèmes hydroponiques. Un traitement prolongé avec des concentrations élevées d’ozone peut efficacement réduire la charge virale, bien que des recherches supplémentaires soient nécessaires pour confirmer son efficacité et son impact sur les plantes en serre.
En outre, l’entreprise qui a mis au point ce procédé conseille à ses clients d’utiliser l’ozone pour la désinfection sous vide des serres avant la transplantation, afin d’obtenir un véritable vide sanitaire et d’éviter toute contamination de la culture suivante. La combinaison du traitement sous vide de la serre et du traitement du système d’irrigation tout au long du cycle de la culture permettrait ainsi de réduire le risque d’infection et de propagation.
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