Foncée, verte, jaune, allongée ou ronde… différentes typologies de courgettes sont cultivées au Maroc, certaines pour l’export et d’autres pour le marché local. Une adaptation perpétuelle des variétés aux besoins des producteurs est entreprise par les maisons grainières, qu’il s’agisse de contraintes techniques, comme le changement climatique et l’augmentation de la pression des bio-agresseurs, économiques, avec une concurrence internationale forte et le besoin de productivité, ou encore sociétales, illustrées par le manque de main d’œuvre et les nouvelles exigences environnementales.
Lors de la campagne 2022/2023, la surface allouée à la courgette foncée dans la région du Souss a été estimée à 2500 hectares, dont 40% sous abris-serres et 60% en plein champ. Selon les professionnels, trois facteurs expliquent l’augmentation de la surface constatée cette année, à savoir :
- Les prix intéressants à l’export de la campagne précédente et du début de l’actuelle campagne qui ont encouragé la mise en place de nouvelles plantations et ce durant tout le cycle de la culture. D’ailleurs, les semis se sont prolongés de septembre à fin décembre.
- Beaucoup de problèmes de Virus New Delhi, surtout en plein champs, qui ont poussé les producteurs à augmenter les surfaces et refaire de nouveaux semis.
- L’orientation du choix des producteurs vers une certaine variété précoce moins résistante aux virus a fait que les dommages étaient beaucoup plus graves sur la courgette sous serre pendant le mois d’octobre où les prix étaient intéressants. Ceci a incité les producteurs à planter une deuxième fois pour profiter des bons cours à l’export.
Déroulement de la campagne
La campagne 2022/23 a été marquée par de nombreux défis et malgré les efforts déployés par les agriculteurs pour les relever, la production et la commercialisation ont été considérablement affectées. La production a connu des variations climatiques importantes, notamment des épisodes de sécheresse prolongée et des températures extrêmes. Ces derrières ont entraîné des problèmes de pollinisation et de développement des fruits, ce qui a impacté négativement les rendements.
La sécheresse a également eu un impact significatif sur la disponibilité en eau pour l’irrigation des cultures. Les agriculteurs ont dû faire face à des pénuries récurrentes, ce qui a causé une diminution de la productivité et une détérioration de la qualité des courgettes.
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Outre les conditions climatiques, les dégâts infligés par les virus, surtout en plein champ, ont entraîné de nombreux arrachages et re-semis. En effet, cette année, les attaques ont été précoces, dès le mois de septembre au lieu d’octobre et novembre habituellement.
La campagne a également connu son lot de difficultés de commercialisation. Les conditions climatiques favorables dans certains pays européens ont stimulé la demande de courgettes marocaines. Cependant, compte tenu des difficultés de production précitées, les producteurs marocains étaient malheureusement incapables de satisfaire à cette demande. Les prix à l’export étaient intéressants pour les premières récoltes, mais ils ont malheureusement chuté durant le reste de la saison. La baisse des prix a commencé vers la mi-novembre et s’est prolongée jusqu’à la fin de la campagne. De plus, les agriculteurs ont été confrontés à des défis logistiques pour acheminer leurs produits vers les marchés internationaux. En effet, la disponibilité limitée et les coûts élevés du transport ont rendu difficile la livraison rapide des courgettes vers les grands centres de distribution et de consommation européens.
A noter que cette année, en Espagne, les surfaces cultivées en courgettes étaient moins importantes, ce qui explique les grands volumes importés depuis le Maroc pour combler le déficit. Une partie de ces importations a été commercialisée en Europe comme produit du Maroc et l’autres comme produit espagnol. Soulignons dans ce sens que beaucoup d’opérateurs espagnols distribuent les semences à des producteurs marocains ou leurs avancent de l’argent, afin de récupérer la production par la suite. Rappelons que le marché espagnol privilégie le calibre 22-24 cm, alors que la France a une préférence pour le calibre 18-20 cm.
Les producteurs se plaignent également de l’inflation qui se traduit par une augmentation continue des coûts de production, surtout pour la culture de la courgette, plus vulnérables aux fluctuations économiques. En raison des prix bas à l’export et du coût élevé des engrais, certains producteurs ont été contraints de réduire les apports en fertilisants, ce qui a affaiblit les plantes et les a rendus plus vulnérables aux attaques de virus. A l’opposé, pendant les bonnes campagnes, les producteurs cherchent à rallonger le cycle de culture le plus longtemps possible et ce par l’investissement dans les soins culturaux, principalement la fertilisation et les traitements phytosanitaires.
Autre problème qui devient récurrent dans la région du Souss, le manque de disponibilité de la main d’œuvre à certaines périodes à cause de la production simultanée de plusieurs espèces gourmandes, notamment les fruits rouges et les tomates.
« Pour résumer, l’année a été très difficile ce qui pourrait se traduire par une baisse de surfaces l’année prochaine », explique un professionnel.
Produire sous serre, plus cher, mais plus sur
Dans le Souss les courgettes foncées sont conduites à 40% sous serres et à 60% en plein champ. Ce dernier, du fait qu’il demande un investissement modéré, était le plus fréquemment pratiqué par les petits et moyens producteurs. Cependant, il présente le risque majeur d’attaques de virus, surtout par temps doux. Pour ce mode de culture, la toile P17 est incontournable aussi bien pour son rôle important pour éviter les attaques de vecteurs de virus sur les jeunes plants (avant floraison) que pour le gain de température (2 à 3 degrés), qu’elle assure aux semis tardifs.
La sévérité des attaques de virus en plein champ, en particulier le virus New Delhi, pousse de plus en plus de producteurs à passer à la culture sous abri-serre, mieux protégées et plus productives grâce à la maîtrise de plusieurs paramètres. Les maraichers disposant de serres canariennes, très répandues dans la région du Souss, ont même la possibilité de palisser les plants avec une récolte étalée sur plusieurs mois et des rendements plus importants.
La serre équipée de filets insect-proof est une barrière physique contre les insectes vecteurs de virus. De plus, elle offre un meilleur contrôle des conditions climatiques, avec un bon gain de température, ainsi qu’une protection contre le vent qui, en plein air, fait bouger les feuilles et provoque la formation de taches sur les fruits. A souligner dans ce sens l’importance de la mise en place de brise-vents, notamment pour les producteurs qui ont de grandes surfaces, sinon ils prennent le risque de se retrouver avec beaucoup de dégâts.
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Rappelons que le virus New delhi et le WMVM souche marocaine sont actuellement parmi les principales préoccupations des producteurs de courgette. Leurs symptômes se ressemblent tellement que les producteurs peuvent les confondre. Pour les cultures de plein champ les dégâts peuvent atteindre les 100%, contre 20-30% pour les cultures sous abri-serre dotés de barrières physiques.
A noter que, généralement, la plantation sous serre se fait selon une densité de 2 x 0,40m ou 2 x 0,50m, soit un total de 10.000 à 12.500 plants, alors qu’en plein champ et sous chenilles la densité est de 1,80 m x 0,40 ou 1,50 x 0,50; soit une densité de 13.000 à 13.500 plants.
Virus New Delhi, souci N°1 !
Le Tomato Leaf Curl New Delhi virus (ToLCNDV) a été découvert pour la première fois sur des plants de tomates en Inde en 1995. En 2012/13, le même virus a été trouvé dans des cultures de courgettes de plein champ et sous abris peu protégés situés dans les régions d’Almeria et de Murcia en Espagne.
Le virus s’est ensuite rapidement propagé dans la péninsule ibérique, causant de gros problèmes aux producteurs espagnols et de graves perturbations dans l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement en produits frais. En 2014, le virus s’est propagé en Italie, en Tunisie, au Maroc … et aujourd’hui, il cause de sérieux problèmes aux producteurs de courgettes dans toute la région méditerranéenne.
Les symptômes associés à cette virose se manifestent surtout sur les jeunes feuilles qui s’enroulent, se recroquevillent et restent de petite taille. Le limbe présente un jaunissement internervaire plus ou moins intense. Les fruits peuvent aussi être affectés, montrant un gaufrage de l’épiderme s’intensifiant au fur et à mesure de leur croissance. Les fruits deviennent petits et difformes et la croissance des plantes peut être fortement ralentie, voire complètement bloquée.
Le ToLCNDV a la capacité de se conserver dans une gamme de plante-hôte bien plus vaste que celle de TYLCV, ce qui le rend plus dangereux. Le New Delhi Virus se transmet par l’intermédiaire de Bemisia Tabaci (Aleurodes) selon le mode circulant et persistant, ce qui permet à ce vecteur de rester virulifère tout au long de sa vie.
Il n’existe pas de traitement curatif efficace contre le ToLCNDV, comme c’est le cas pour tous les virus. Il est donc primordial d’instaurer des bonnes méthodes prophylactiques, d’utiliser du matériel végétal sain et de surveiller la population de vecteur.
Des variétés résistantes au virus New Delhi
Après des années de recherche, des semenciers ont commencé à introduire les premières variétés de courgettes résistantes au virus New Delhi. Cette résistance ne présente pas seulement un grand intérêt pour les producteurs de courgettes, mais offre également des avantages significatifs pour les autres maillons de la chaîne des produits frais. En effet, un approvisionnement plus stable en produits de qualité et plus durables peut contribuer à améliorer les ventes à différents stades de la chaîne.
Pour cela les chercheurs ont dû puiser dans la biodiversité naturelle de l’espèce pour identifier des sources solides de résistance afin de les intégrer dans des variétés commerciales et sélectionner des plantes adaptées aux attentes agronomiques du marché. Par la suite, des essais de production ont été menés sur différents sites et dans différents pays, pour confirmer les performances de la résistance en conditions réelles et la qualité des variétés proposées (productivité, qualité des fruits, conservation post-récolte, adaptation au climat, …).
Aujourd’hui, les premières variétés commencent à voir le jour, mais le travail de sélection se poursuit pour étendre cette résistance aux autres variétés de courgettes de plein champ et de serre. Les producteurs espèrent qu’avec l’introduction de variétés dotées d’une bonne résistance, ils pourront faire des économies sur la toile P17 et les traitements contre les insectes vecteurs, et aussi profiter de l’augmentation des tonnages grâce à des récoltes qui peuvent durer plus longtemps.
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Choix variétal
Les relations entre semenciers et producteurs marocains sont fortes et historiques. La mise en place de stations expérimentales dans la région du Souss et la présence d’équipes locales garantit aux agriculteurs le développement de variétés particulièrement adaptées à leur territoire. La gamme s’étoffe régulièrement avec l’arrivée de nouvelles variétés de courgettes plus sécurisantes, avec un haut niveau de performance.
Pour le producteur marocain, le choix variétal varie selon qu’il s’agit de production de plein champ ou sous abri-serres, chaque segment étant dominé par un certain nombre de variétés. Chaque début de campagne, il doit choisir la ou les variétés qui vont l’aident à relever les défis rencontrés pendant le cycle de production. Il doit ainsi prendre en considération plusieurs critères, tant pour la plante que pour le fruit lui-même, dans le but d’obtenir une récolte optimale en termes de volume et de qualité. Les critères principaux incluent la productivité, la précocité, la robustesse de la plante et son package de résistance aux virus, ainsi que la qualité du fruit et sa capacité de conservation.
Pour les semenciers, qui sont au tout début de la chaîne agricole, il est primordial d’être attentifs aux évolutions et de suivre de près les tendances des marchés pour comprendre les besoins actuels et même anticiper les demandes futures. En effet, ils travaillent dans un secteur d’activité en évolution constante et sont confrontés à des changements rapides, à la fois liés à l’environnement naturel comme le climat, les ressources, les pressions virales et parasitaires croissantes ; mais aussi liés au marché, à l’environnement social et aux modes de vie. Autant de défis auxquels ils tâchent d’apporter des solutions par la création variétale qui doit aujourd’hui répondre à différentes attentes :
– le producteur-exportateur marocain recherche des variétés très productives, précoces, résistantes aux virus, à l’oïdium et aux aléas climatiques, et offrir une bonne qualité et une bonne conservation tout en utilisant le moins d’intrants possibles,
– le distributeur pour sa part privilégie une bonne conservation, une présentation attrayante, une bonne tenue en rayon ainsi qu’une certaine résistance aux manipulations.
– le consommateur recherche diversité, goût, produits sains et nutritifs, cultivés durablement.
Des améliorations importantes ont été réalisées ces dernières années grâce aux recherches permanentes menées par les semenciers en se basant sur ces différentes attentes :
Adaptation au mode de conduite
Il existe des caractéristiques communes prises en considération par les producteurs lors du choix d’une variété de courgette, mais il y a aussi des exigences différentes selon qu’il s’agit d’une culture de plein champ ou sous abri serre. Ainsi, pour les cultures sous serre, les producteurs ont une préférence pour les variétés de vigueur moyenne, mais génératives. Quant aux cultures de plein champ, les variétés doivent être vigoureuses, rustiques et offrant une bonne résistance aux aléas climatiques. En effet, dans certaines régions comme le Souss, la plantation de plein champ se fait à partir d’octobre et jusqu’à décembre avec des risques de vent et de froid. Une bonne densité de feuillage est ainsi appréciée pour bien protéger les fruits de ces aléas. De même, certaines variétés sont très appréciées sur les sols fatigués ou lorsque la fertilisation est limitée, grâce à une forte vigueur et à un système racinaire puissant.
A noter que les hybrides actuels occupent une place limitée dans l’espace grâce à des plantes à entre-nœuds courts, avec un feuillage peu exubérant et aéré, à port dressé. Des pétioles et des feuilles peu épineuses sont également recherchés.
La productivité
Les nouvelles variétés sont plus productives. Certaines peuvent générer entre 15 et 25% de rendement en plus par rapport aux variétés traditionnellement utilisées. C’est un avantage majeur, quand on sait l’importance que représente le rendement commercial sur le chiffre d’affaires total d’une culture de courgette. La productivité a notamment été accrue grâce à l’allongement de la période de récolte et une bonne aptitude à la nouaison.
Bonne précocité
Une bonne capacité de nouaison, quelle que soit la température, permet de sécuriser un rendement précoce et ainsi viser les prix de vente généralement plus élevés de début de campagne.
La qualité du fruit
Les circuits de distribution sont très exigeants sur l’homogénéité du produit. Pour les spécialistes, la qualité d’une courgette se reconnaît notamment à l’aspect de ses deux extrémités. Côté pédoncule, la courgette ne doit pas présenter de “col”, ce qui signifie ni renflement, ni rétrécissement. Côté attache pistillaire, la cicatrice (après chute de la fleur) doit être la plus réduite possible et non proéminente. Généralement, le producteur souhaite que la fleur se détache aisément, pour que la cicatrice soit bien nette, sans risque de botrytis (quand la fleur reste collée par l’humidité).
Parmi les vices de forme que le producteur redoute également, les courgettes-bouchons. Il s’agit de fruits qui n’ont pas été fécondés et dont la croissance s’arrête après 2 ou 3 cm. Cet accident intervient par mauvais temps qui affecte l’activité des abeilles pollinisatrices.
Optimisation de la cueillette
Les producteurs estiment que les variétés caractérisées par un port ouvert, droit, des fruits bien proéminents, peu de rejets secondaires facilitent la cueillette, permettent de réduire la pénibilité du travail et d’améliorer le rendement horaire des ouvriers. Selon eux, ces avantages se traduisent par une économie de 20 à 30% de temps au ramassage, par rapport au variétés traditionnelles. D’où l’impact évident sur la rentabilité de la culture.
Le pédoncule ne doit être ni trop long, sinon il risque de casser ou d’induire une arcure du fruit, ni trop court, sinon, à la récolte, l’ouvrier aura plus de mal pour le couper au bon endroit. Il s’agit d’un important critère car il s’intègre aussi dans un objectif de gain de rentabilité en réduisant les coûts de main d’œuvre. Rappelons que la courgette est une culture gourmande en main d’œuvre, surtout au moment de la récolte qui devient une tâche de plus en plus compliquée et coûteuse.
Adaptation à l’environnement
Le changement climatique impose de trouver des variétés qui s’adaptent aux nouvelles conditions environnementales, telles que la canicule, ou encore le stress hydrique ou salin. L’évolution climatique est une menace majeure pour les cultures. Travailler sur l’adaptabilité des variétés au stress thermique ou hydrique est donc primordial pour les semenciers.
L’impact du réchauffement climatique sur cette culture se traduit également par une pression de maladies plus élevée. Les sélectionneurs travaillent ainsi en priorité sur les résistances des variétés pour permettre aux producteurs de faire face à ces contraintes.
Une meilleure conservation
La majeure partie de la production de courgette foncée au Maroc est destinée aux marchés d’export. La conservation des fruits et le maintien d’un aspect visuel attractif sont des atouts indispensables pour les variétés de courgettes dont la finalité est l’export. On recherche ainsi des courgettes qui restent fermes, brillantes, et avec un aspect visuel attractif aussi bien au niveau de la forme, la couleur ou encore l’aspect de la peau et le plus longtemps possible.
Par ailleurs, des variétés qui présentent de meilleures qualités de conservation participent à la réduction des déchets, car la démarche éco-responsable et l’anti-gaspillage sont aujourd’hui au cœur des préoccupations des sociétés.
Un bon package de résistances
Afin de contribuer à la réduction de l’utilisation de produits chimiques dans les cultures, les semenciers travaillent activement pour doter les variétés du maximum de résistantes aux ravageurs et aux maladies. Un sujet d’autant plus important que la pression parasitaire s’intensifie avec l’émergence continue de nouveaux pathogènes.
Au Maroc, une bonne variété doit nécessairement être dotée de résistances à l’oïdium et aux maladies virales. Dans le cas de l’oïdium, dont le risque est important à partir du début de l’été, la lutte chimique est difficile car les récoltes quotidiennes interdisent l’utilisation de fongicides dont la plupart ont un DAR supérieur à trois jours. Pour les cultures d’automne, c’est le risque des virus qui devient préoccupant, même sous abris.
Cependant, la résistance ne présente pas toujours une garantie suffisante en raison de l’apparition de mutations. De même, la résistance peut être ‘’cassée’’ dans certaines conditions environnementales. Par ailleurs, le recours aux variétés résistantes ne dispense pas d’une bonne protection phytosanitaire. En fait, elles contribuent à pérenniser les moyens de lutte et donc les cultures.
« Toutes les nouvelles variétés sont testées au champ, afin d’évaluer leur niveau de résistance en conditions réelles et sous forte pression maladie, explique le chef d’une station expérimentale. Le mariage entre technologie de pointe (outils de biologie moléculaire) et évaluation de terrain est essentiel. C’est la clé de voûte de tout bon programme de sélection, un atout majeur pour proposer un flux de variétés possédant des caractéristiques génétiques uniques. De plus, les nouvelles technologies améliorent la qualité des mesures prises au champ et donc fiabilisent le processus de sélection ».
Conseils pour une bonne gestion de virose
En attendant l’introduction à grande échelle de variétés résistantes aux virus New Delhi, les professionnels recommandent aux producteurs de rester vigilants. Il n’existe actuellement aucune méthode de lutte curative qui permette de contrôler les infections virales en plein champ. Une plante infectée par un virus le restera donc toute sa vie. L’infestation par le ToLCNDV en cours de culture est problématique car il n’existe aucun produit curatif contre la maladie. Si le nombre de plants de courgette infecté n’est pas trop conséquent, la meilleure technique de lutte consiste à arracher les plantes malades et les détruire. En effet, les plantes, une fois infectées, restent malades toute leur vie et peuvent constituer une source de virus pour les insectes vecteurs. Parallèlement à cela, il convient de réaliser un traitement insecticide pour limiter le risque de propagation par les aleurodes.
Contre les autres ennemis de culture, la protection doit être raisonnée s’appuyant sur l’association des résistances variétales, de la lutte chimique et biologique, en plus des mesures prophylactiques. On recommande ainsi de :
– Eloigner les nouvelles cultures des sources potentielles de maladies et ravageurs : tenir compte des cultures précédentes, mettre en place des rotations, choisir des parcelles isolées,
– Opter pour des variétés dont les résistances correspondent aux risques rencontrés au champ. Mais attention, l’utilisation de variétés résistantes ne dispense pas d’une bonne protection phytosanitaire.
– Appliquer les mesures prophylactiques
– Désherbage des abords et élimination des déchets des cultures précédentes
– Observer régulièrement et attentivement l’état des cultures depuis leur installation afin d’intervenir au bon moment moyennant le bon produit. Les insectes ravageurs peuvent arriver tôt selon les conditions de la campagne.
– Intervenir chimiquement dès l’apparition des premiers insectes (aleurodes, pucerons, thrips…). Il est important de toujours privilégier l’intervention préventive et d’éviter la répétition des mêmes matières actives (problème de résistance).
– Tout plant virosé doit être immédiatement arraché, évacué et éliminé.
– Utiliser des paillages plastiques de couleur toute la saison
– Favoriser la vigueur des plantes par des fertilisations de fond et d’entretien soutenues répondant aux besoins des plantes (mais sans excès)
– Eviter absolument l’infection précoce des plants en protégeant la culture contre les pucerons et les aleurodes par des filets « insect-proof », des pièges jaunes et par l’utilisation en plein champ des toiles P17 jusqu’au début floraison.