Par Mr AFROKH Lahcen, Administrateur du BE AFROKH AGRI
La culture du cactus a suscité un intérêt particulier dans la région de Guelmime Oued Noun notamment la zone d’Ait Baamrane. C’est une plante miracle qui représente une alternative pour la mise en valeur de ces terres marginales (relief accidenté, sol non fertile sur de minces feuillets détachables). L’économie de la région repose en grande partie sur le revenu de cette culture qui est représentée par les cultivars ”Aïssa” et ”Moussa” avec, en proportion moindre, les cultivars épineux ”Achefri”. La zone d’Ait Baamrane constitue une zone pilote de production de cactus.
[dropcap color=”#” bgcolor=”#” sradius=”0″]L[/dropcap]’importance économique de ces cultivars réside dans la qualité de leurs fruits, mais aussi dans leurs multiples dérivés obtenus après leur transformation par les coopératives féminines qui en tirent d’importants avantages impactant leur revenu (fruits congelés, confits, jus, gel, confiture, boisson, huile…). En plus le #cactus est aussi utilisé en pharmacologie pour le traitement de plusieurs maladies (diarrhées, cholestérol). La culture du cactus est aussi utilisée pour la lutte contre l’érosion, la conservation des sols et la régénération des espèces naturelles.
Ces dernières années, elle a connu une intensification importante afin de satisfaire les besoins croissant du marché. Cette intensification a conduit les agriculteurs à planter des raquettes en provenance de zones infestées par la cochenille ce qui a favorisé la transmission du ravageur causant ainsi des dommages importants aux plantations. Le végétal attaqué devient un hôte car le ravageur accomplit la totalité de son cycle et stimule ainsi l’expansion et l’agression des cultures avoisinantes.
Cette situation représente une menace pour les producteurs vu la facilité de transmission et la rapidité d’expansion. La lutte contre ce ravageur repose sur la circonscription des foyers infestés et les émissions larvaires et à traiter à ce moment précis. La lutte chimique reste le principal outil pour protéger cette culture source de revenus stables aux producteurs. Les auxiliaires utilisés en lutte biologique ne semblent pas jouer un rôle déterminant dans la limitation des populations et plus particulièrement sur les grandes aires de culture du cactus. Leur introduction ne peut être fructueuse que si des traitements chimiques homologués sont utilisés pour atténuer les populations du ravageur et garantir une trêve nécessaire à l’élimination des résidus.
L’#ONSSA, conscient de l’importance socioéconomique de cette culture mène une #lutte chimique raisonnée pour limiter l’expansion de ce ravageur dans la région. L’objectif est la bonne maitrise de l’effet ravageur de la cochenille et, en même temps, l’atténuation des effets secondaires des pesticides en adoptant la méthode de lutte la plus rationnelle possible et ce pour assurer la durabilité de la culture.
Très prolifiques et vivipares, les femelles de la cochenille donnent directement des larves. Elles se fixent en implantant solidement leurs soies. Selon les observations réalisées sur terrain, cette cochenille développe 4 générations :
- La première printanière (début avril à début juin) ;
- La seconde estivale (de fin juin à fin juillet) ;
- La troisième s’étale de début septembre et début octobre ;
- La quatrième (début novembre à mi-mars).
Quatre interventions insecticides annuelles seraient de ce fait nécessaires pour éliminer le ravageur. S’il est difficile d’atteindre les foyers qui se localisent à l’intérieur de la plante, il est nécessaire d’éclaircir la plante pour assurer une bonne distribution des bouillies sur les raquettes et les charpentières d’intérieur. Des techniciens d’assistance technique AfrokhAgri formés pour réaliser ce travail de terrain ont pour mission l’identification et la délimitation des sites infestés par géolocalisation. Leur travail consiste aussi à assurer le suivi, l’évaluation et le contrôle de toutes les opérations de lutte et d’assurer la vérification de la qualité et des bonnes pratiques de la lutte.
Les moyens mobilisés se présentent comme suit :
Pour la mise en place de la stratégie de lutte, et élargir le champs d’action, l’assistance technique a mobilisé d’importants moyens humains et matériels pour assurer une bonne surveillance du ravageur et le circonscrire dans des superficies restreintes en prenant en compte les particularités de chaque territoire.
Consistance du travail
Faire de la prospection de la cochenille dans les biotopes des provinces de la région n’est pas une tâche aisée. Cela a demandé à l’ONSSA des moyens humains et matériels pour que le travail puisse aboutir. L’assistance technique a apporté une aide précieuse grâce à une relation interactive avec la cellule de l’ONSSA. Ce qui a permis l’unification des efforts et d’échanger sur les techniques d’organisation du travail des équipes sur le terrain.
La mise en place de la stratégie pour prospecter tout le territoire occupé par la culture du cactus est basée sur une approche participative des populations concernées. L’objectif vise à ce que ces populations contribuent à réduire la menace du ravageur par des suivis journaliers et des interventions immédiates dès son apparition.
Le travail réalisé par l’assistance technique en 3 années fait partie de la lutte globale menée contre la cochenille de cactus par l’ONSSA de Guemime Oued Noun. Il repose sur :
- Le ratissage de tous les territoires de la culture du cactus dans toute la région ;
- Le repérage des foyers infestés et leur géolocalisation pour orienter les équipes de traitement vers les lieux repérés ;
- Le recueil des informations sur les accès aux foyers, le taux d’infestation et tous les facteurs qui amplifient la propagation. Ces informations sont enregistrées et transmises à la cellule sous forme de comptes rendus journaliers selon les procédures déjà établies ;
- La contribution à limiter l’expansion du ravageur aux territoires non touchés et qui se chevauchent avec les territoires infestés ;
- La proposition des systèmes de lutte efficaces les plus raisonnés possibles et qui tiennent compte d’une approche environnementale réaliste :
- La distribution du matériel de traitement gratuitement aux agriculteurs qui ont décidé d’intégrer la lutte (pulvérisateurs à dos, pulvérisateurs à brouette, motopompe, les serpettes, tronçonneuses, pesticides, masques, combinaisons de traitement…) ;
- L’encadrement et l’accompagnement de ces agriculteurs ;
- La sensibilisation de la femme rurale pour un soutien total à la lutte ;
- Le contrôle de la sécurité des chantiers de traitement et l’application des normes de sécurité, d’hygiène et de salubrité ;
- Le développement de nouvelles stratégies phytosanitaires reposant sur les bonnes pratiques et le raisonnement de la lutte
- Choix et dosage des pesticides,
- Étalonnage du matériel de traitement,
- Entretien systématique des buses,
- Adaptation de la pression, réglage du débit,
- Assistance à la préparation des bouillies conformément aux mesures établies,
- Contrôle la quantité de produit introduite dans l’appareil de traitement.
- L’enregistrement des surfaces traitées à la suite de chaque traitement ;
- L’organisation de journées de sensibilisation au profit des propriétaires d’exploitation de cactus.
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Démonstration sur le dosage des produits de traitements
Prospection, suivi et évaluation de la lutte
La qualité de la lutte contre la cochenille du cactus que l’assistance a menée est décisive pour la sauvegarde de cette culture dans tout le territoire de la région. D’une manière évidente, la collaboration avec la cellule de lutte de l’ONSSA a donné des résultats probants. Les interventions se basent sur les instructions et les conseils du responsable de l’ONSSA chargé de la cellule de lutte contre le ravageur.
Le travail effectué par l’ONSSA pendant six années est d’une importance capitale dans la lutte. Il a contribué à modérer la menace du ravageur et éviter sa propagation.
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Prospection du ravageur par les agriculteurs
La surveillance des populations du ravageur par des moyens (GPS, loupes, serpettes, ordinateurs potables avec logiciel adapté, comptage…) a permis de détecter des foyers infestés dans des zones supposées non encore affectées.
Stratégie de lutte
Largement répandue dans la région de #Guelmime Oued Noun, la #cochenille du cactus développe plus de 4 générations annuelles et occasionne la destruction d’une grande partie de la culture. L’utilisation des auxiliaires et de l’eau savonneuse ne semble pas jouer de rôle déterminant dans la limitation des populations. L’atténuation des populations du ravageur par des traitements insecticides homologués est donc nécessaire.
Organisation des chantiers de lutte
L’analyse de l’organisation des chantiers de traitement a révélé que la combinaison du travail de l’entreprise prestataire, bien équipée en matériels et d’autres intervenants dans la lutte (assistance technique pour l’accompagnement, les agriculteurs, autorités locales, et services du ministère de l’agriculture…) est d’une importance vitale pour réussir la lutte.
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Visite des responsables aux chantiers de lutte
Le suivi et l’accompagnement de l’assistance technique privée consistent à obtenir une meilleure efficacité des traitements, notamment :
- La préparation des bouillies de pulvérisation en supervisant le remplissage jusqu’au volume requis, les mélanges des pesticides en vérifiant et en s’assurant que les doses indiquées sur l’étiquette sont bien respectées, que le pesticide n’est pas périmé et qu’il est homologué sur la culture du cactus.
- La démonstration pour l’étalonnage du matériel de pulvérisation car nous avons remarqué que les buses installées n’étaient pas conformes. Nous avons aussi observé que la pression de fonctionnement et la vitesse de déplacement du matériel (tracteur qui tire la citerne) n’étaient pas bien réglées durant les traitements, ce qui en diminue l’efficacité.
- Exigence du remplacement des buses pour qu’elles assurent l’uniformité du jet, la bonne répartition sur la cible, les dimensions adéquates des gouttelettes et le bon débit afin d’augmenter le nombre d’impacts par cm2 au niveau de la cible. Sur la base de l’étalonnage du matériel de pulvérisation, nos équipes ont ainsi pu réduire la taille des gouttelettes, améliorer leur répartition sur l’ensemble de la plante à traiter, tout en réduisant les excès de bouillie pour atténuer les effets néfastes des insecticides sur la flore et faune.
- Exigence que les contenants vides soient rincés trois fois, avant d’être retournés au magasin de la cellule de lutte contre la cochenille pour être détruits. En effet, la traçabilité des contenants vides est une exigence majeure de la cellule de lutte. Les emballages vides sont archivés par des enregistrements afin de prouver leur utilisation.
Le contrôle concerne aussi l’application des normes de sécurité à savoir :
- La protection individuelle des personnes en contact avec les pesticides et leur sensibilisation sur les dangers de la pénétration du produit dans le corps notamment :
- La pénétration cutanée suite à la manipulation ;
- L’inspiration de petites particules de pesticides lors de la pulvérisation.
Il concerne aussi la protection des agriculteurs qui assistent aux traitements avant et après la pulvérisation.
Le contrôle du matériel de pulvérisation et de traction est effectué au début de chaque opération de traitement notamment :
- L’entretien en veillant à ce que toute pièce endommagée soit remplacée ;
- Le contrôle et la vérification des masques et des vêtements de protection ;
- L’interdiction de l’accès du bétail et des personnes tierces aux chantiers.
Tous ces contrôles ont permis de recueillir des données sur l’organisation des chantiers et la qualité du travail, d’identifier les lacunes et de fournir des informations à la cellule de l’ONSSA.
Désinfection du matériel
La désinfection du matériel roulant a nécessité l’intervention des canons de traitement de l’ONSSA. L’assistance technique a assuré la mise en service de ces canons et procédé à la désinfection de tout matériel de transport qui rentre dans les aires de cactus.
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Désinfection du matériel roulant et de récolte
Journées de sensibilisation
En vue de développer les bonnes pratiques de lutte contre la cochenille du cactus et les diffuser au travers de l’information, de la formation et de la démonstration sur le terrain, des journées de sensibilisation ont été organisées sous l’égide de la Direction Régionale de l’ONSSA, Laâyoune, Guelmime Oued Noun.
A ce jour, plus de 55 journées de sensibilisation, de formations et de démonstrations ont été réalisées par l’assistance technique. Elles ont traité des thèmes sur les précautions d’usage des produits phytosanitaires, l’importance agro-économique du cactus, son rôle écologique, les pratiques culturales (taille et désherbage), les constations sur le terrain, les manipulations du matériel de traitement et la sécurité des gens exposés aux pesticides.
Les résultats de ces journées de #sensibilisation laissent apparaitre chez les agriculteurs une prise de conscience sur les questions qui se rapportent à la lutte contre la cochenille, à la sécurité et la protection de leur culture. Cependant de mauvaises pratiques persistent encore chez certains agriculteurs. Des recommandations ont été adressées aux services du #Conseil #Agricole pour s’investir dans la formation et opter pour des contacts individuels et de masse pour élever le niveau de sensibilisation de ces agriculteurs.
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Les journées de sensibilisation et de formation
Sensibilisation de la femme rurale
Les étapes qui concourent à la réussite de la lutte contre le ravageur exigent également des actions auprès des femmes rurales en vue de les impliquer dans le processus de la lutte. Les techniciens de l’assistance technique ont ainsi procédé à 40 contacts individuels et 10 contacts de groupe dans les douars concernés par la lutte contre la cochenille pour que le travail de la femme rurale ne se borne pas à l’accomplissement des tâches domestiques, mais aussi à la préservation de cette culture source de revenu (valorisation du produit cactus).
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Sensibilisation de la femme rurale à la lutte contre la cochenille de cactus
Démonstrations sur le terrain
Le succès des actions des équipes de l’assistance technique résulte de la relation qui s’est tissée entre ces techniciens et les agriculteurs, et d’une approche qui s’appuie sur la communication et les démonstrations sur le terrain qui permettent à chacun de bien comprendre le mécanisme et le fonctionnement de la lutte. Des séances d’apprentissage de ces agriculteurs sont réalisées à savoir :
- Des démonstrations pratiques sur l’utilisation des pulvérisateurs à dos distribués gratuitement aux agriculteurs ;
- Des démonstrations pratiques sur la manière de préparer les mélanges de la bouillie de traitement ;
- Des démonstrations pratiques sur l’utilisation des vêtements et des équipements de protection individuelle ;
- La collecte et restitution des emballages vides de produits phytosanitaires ;
- Le devenir des restes des bouillies de pulvérisation.
Constitution d’associations de Douars pour la lutte contre la cochenille
Pour développer le sens d’organisation chez les agriculteurs concernés par la lutte et les mobiliser, l’assistance technique privée sous l’égide de la cellule de l’ONSSA a établi un programme de sensibilisation pour toucher le maximum d’agriculteurs cibles. Il fallait obtenir leurs adhésions aux associations de douar pour que ces dernières se substituent à l’Etat dans la lutte contre la cochenille.
Les premiers contacts ont permis de mesurer le degré de recevabilité de la population aux conseils prodigués. Au cours de l’interventions, des équipes de l’assistance technique toutes les informations et les renseignements nécessaires pour la constitution de ces associations et de groupes de lutte au niveau de chaque douar ont été expliqué.
Les équipes ont réussi à établir des rapports francs, simples et cordiaux avec ces agriculteurs concernés. Ce qui a facilité leur compréhension et permis d’entamer la constitution des associations et groupes de lutte contre le ravageur.
Tout le matériel de traitement (citernes à eau, pulvérisateurs à dos, à brouette, produits phytosanitaires, masques et vêtements de protection), matériel de taille (serpettes et faucilles) ont été distribués gratuitement à ces associations. Leurs membres ont bénéficié aussi de l’accompagnement sur le terrain pour leur faciliter l’utilisation du matériel et l’application des bonnes pratiques d’entretien de la culture (différentes types taille, travaux du sol).
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Constitution d’association et regroupement
Essai d’un autre moyen pour détruire les plantes infestées par la cochenille
La lutte menée contre la cochenille du cactus repose aussi essentiellement sur l’arrachage des plantes infestées et leur destruction sur place pour éviter l’infestation due au transport dans des zones accidentées et caillouteuses.
Le responsable de la cellule de lutte a décidé de mener des essais de destruction des plantes arrachées sur place. Le protocole expérimental retenu consistait à choisir une petite parcelle pour rassembler les plants arrachés et les couvrir d’un film plastique, blanc, transparent et hermétique pour assurer l’étanchéité nécessaire à l’étouffement du ravageur sous l’effet de la chaleur.
Durant la période de l’essai, les températures extérieures oscillant entre 28 °C et 35 °C, étaient favorables pour augmenter la chaleur à l’intérieur du plastique de couverture. Des résultats satisfaisants ont été enregistrés puisque toute la population de cochenilles couverte était détruite au bout de 10 jours. Cette technique est déployée dans toutes les zones concernées par l’arrachage.
Conclusion
Les résultats du travail réalisé par l’ONSSA laissent apparaitre une prise de conscience de la population de la région Guelmime Oued Noun de l’utilité de la lutte chimique contre la cochenille. Elle a commencé à collaborer dans la lutte en prospectant chaque jour les parcelles. La stratégie cohérente de la cellule de lutte contre la cochenille du cactus a permis la limitation des populations nuisibles du ravageur notamment grâce à :
- Une bonne pratique de la lutte fondée sur l’écologie ;
- L’emploi rationnel des produits phytosanitaires ;
- La bonne maitrise des utilisations des produits phytosanitaires et en même temps l’atténuation de leurs effets secondaires ;
- La gestion des problèmes de la protection des plantations de cactus par une lutte raisonnées fondée sur la prospection, la délimitation des foyers infestés et la mobilisation des compétences que l’emploi des pesticides exige.
- Les travaux qui sont réalisés par l’assistance technique sous l’égide de la Direction Régionale de Laâyoune, Guelmime Oued Noun constituent un grand service rendu aux agriculteurs pratiquants de la culture de cactus.