De nombreux ravageurs peuvent attaquer le #fraisier que ce soit en plein champ ou sous abri (#pucerons, thrips, acariens, tarsonèmes, Drosophila suzukii, punaises…). Les pucerons sont parmi ceux qui provoquent des dégâts graves et sont particulièrement difficiles à maîtriser. Partout à travers le monde, les espèces de puceron rencontrées sur le fraisier sont diverses et de couleurs variées. La connaissance de la ou des espèces de pucerons présentes sur une culture, peut aider à mieux adapter la stratégie de protection, notamment les parasitoïdes à introduire.
Selon les professionnels interrogés, le puceron du fraisier Chaetosiphon fragaefolii est l’espèce la plus importante colonisant les fraisières au Maroc. Il attaque seulement le fraisier. L’adulte se présente sous deux formes, ailée (1,3-1,8 mm) ou aptère (0,9-1.8mm) et se déplace très lentement. Généralement verdâtre, il se distingue par un corps mou d’aspect pubescent, avec deux tubes cylindriques caractéristiques aux pucerons et situés à l’arrière de l’abdomen, appelés cornicules. Quant à la #larve, elle ressemble à l’adulte. Dépourvue d’ailes au premier stade, elle porte des bourgeons alaires aux stades larvaires suivants.
Le puceron développe plusieurs générations par an. Les colonies sont principalement composées de femelles aptères se reproduisant par parthénogenèse (femelles qui produisent uniquement des femelles). Les populations augmentent progressivement et les pucerons ailés peuvent coloniser d’autres plants ou d’autres champs. La chaleur, l’humidité et des plants riches en azote sont des conditions favorables à leur prolifération.
Nuisibilité
En suçant la sève, les pucerons causent des malformations aux jeunes feuillages se traduisant par des feuilles recroquevillées. Lorsque les populations sont importantes, le miellat sécrété peut couvrir le feuillage et les pétioles et favoriser le développement de la fumagine, une moisissure noirâtre décolorant le feuillage et les fruits (réduction de la photosynthèse et dépréciation commerciale des fruits atteints). Le #miellat est aussi une source de nourriture très convoitée par les fourmis qui iront même jusqu’à défendre la colonie de pucerons pour ce précieux liquide.
Mais, le réel danger associé au puceron du fraisier ne provient pas des malformations du feuillage ou de l’apparition de fumagine, mais bien de sa capacité à propager des virus. En effet, cet insecte est un important vecteur des virus responsables du dépérissement des fraisières. Une fois que le puceron contracte le virus en se nourrissant sur un plant infecté, le virus se multiplie à l’intérieur du puceron. Par la suite, ce dernier transmet le virus lorsqu’il se nourrit sur un plant sain. A ce titre, les pucerons sont dangereux, car quelques individus seulement suffisent pour entraîner des dégâts. Fort heureusement, pour le moment, aucun #virus n’a été signalé au Maroc.
Les colonies se situent sur les nouvelles pousses, le revers des feuilles ou les bourgeons, et leur développement est favorisé par un climat chaud. Cependant, les températures supérieures à 30°C entrainent d’importantes mortalités au sein des populations de pucerons.
Ne pas confondre
– Les dégâts avec ceux de la cicadelle (absence de miellat) ou d’une carence en bore (absence de pucerons).
– La larve avec la cicadelle (tête triangulaire, corps en forme de toit) ou la larve de la punaise terne (déplacement rapide).
Stratégie de protection
Un contrôle efficace et rapide du puceron du fraisier est essentiel dans la production de fraises en raison de la croissance rapide de ses populations. Toutes les méthodes de protection disponibles doivent être combinées pour une meilleure efficacité :
La prophylaxie
Les adventices doivent être contrôlées dans la serre et aux abords. Il faut s’assurer à la réception des plants que ceux-ci ne sont pas porteurs de pucerons ou autres ravageurs.
La surveillance doit commencer tôt dans la saison et se poursuivre pendant toute la durée de la culture. Il faut effectuer des observations régulières en culture sur les organes des fraisiers pouvant porter des pucerons (cœur des plants, feuilles, hampes florales, stolons) afin de détecter assez tôt les premiers foyers.
Des plaques collantes jaunes peuvent être utilisées pour piéger la forme ailée. Cependant, si ces formes sont trouvées, une population de pucerons bien établie est déjà présente dans la culture. La présence de fourmis, se nourrissant du miellat produit par les pucerons, est également un signe de forte infestation de pucerons.
Il est également recommandé d’éviter les cultures de légumineuses (ex.: luzerne, trèfle) à proximité des fraisières.
Les auxiliaires
L’abondance d’ennemis naturels (ex.: coccinelles, syrphes, cécidomyies et parasitoïdes) exerce généralement un bon contrôle des pucerons sans intervention. Les auxiliaires présents naturellement doivent être identifiés et dans la mesure du possible préservés. Il existe de nombreux prédateurs et parasitoïdes disponibles à la vente, certains spécifiques des pucerons, d’autres plus généralistes. Les chrysopes par exemple sont prédateurs au stade larvaire. Les larves de chrysope se nourrissent de plusieurs espèces de pucerons mais aussi d’aleurodes, d’acariens ou de thrips. Certains hyménoptères sont également capables de parasiter une ou plusieurs espèces de pucerons.
La protection chimique
Si les conditions favorables permettent aux populations de pucerons de croître rapidement pour atteindre des niveaux élevés, il est probable que les ennemis naturels ne soient plus en mesure de réguler efficacement ces populations. Dans ce cas, l’utilisation d’insecticides est conseillée afin d’éviter le développement du stade ailé qui contribue à la propagation des virus vers d’autres plants.
Dix insecticides sont homologués sur fraisier contre les pucerons, à base de plusieurs molécules actives. Les spécialistes recommandent d’utiliser un bon produit systémique et de bien le positionner dans le but d’empêcher la forte prolifération de ce ravageur qui peut le rendre incontrôlable surtout pendant la période de récolte (DAR).
À noter qu’une utilisation répétée et non justifiée de pesticides peut aussi aggraver la situation en limitant le développement d’ennemis naturels et en favorisant le développement de résistance chez les ravageurs.