Le mildiou est une maladie dévastatrice causée par le champignon Phytophthora infestans un champignon qui présente une grande diversité génétique avec des niveaux de virulence différents selon les souches. Il est particulièrement redouté car son expansion sur tout ou partie de plante peut être fulgurante. C’est pour cette raison qu’il il est très important pour les producteurs de pouvoir repérer les premiers signes de la présence du mildiou dans la parcelle en réalisant des prospections régulières.
Le contrôle de la maladie repose sur un programme de lutte qui regroupe les mesures prophylactiques et la lutte chimique.
Les mesures préventives
– Des rotations culturales d’au moins 3 années sont préconisées.
– Éliminer les débris des cultures précédentes qui peuvent être source de contamination. Les résidus seront enfouis profondément dans le sol afin de favoriser leur rapide décomposition.
– Désherber la parcelle et ses bordures afin d’éliminer les plantes hôtes qui peuvent être source de contamination.
– Utiliser des plants sains et indemnes de maladie.
– De préférence éviter de réaliser de nouvelles plantations à proximité de cultures de tomate ou d’une autre solanacée cultivée déjà affectées.
– Mettre en œuvre toutes les mesures permettant d’éviter l’excès d’humidité ou la présence d’un film d’eau sur les plantes (aérer au maximum les abris, densité de plantation réduite, …), même si certains types de serres qui constituent encore une bonne part du parc au Maroc ont montré leur inadéquation en termes de gestion du climat.
– On orientera si possible les buttes de plantation et/ou les rangs dans le sens des vents dominants afin de favoriser l’aération de la végétation au maximum (surtout pour la tomate de plein champ).
– On évitera l’implantation de la tomate dans des parcelles mal drainées où se produisent de fortes rétentions d’eau et dans des sols trop pourvus en matière organique.
– Raisonner la fertilisation (éviter les excès, privilégier la fumure organique).
– Les fumures apportées devront être équilibrées, et en aucun cas excessives. Des recherches ont montré que des plantes alimentées avec une fumure organique plutôt qu’une fumure minérale seraient moins sensibles au mildiou. Cela serait à relier au métabolisme de l’azote.
– Le paillage et, à un moindre degré, le tuteurage contribueraient à réduite le développement du mildiou.
La lutte génétique
Des variétés exprimant une résistance au mildiou sont disponibles. Mais cette résistance n’est que partielle, c’est-à-dire qu’elle ne fonctionne que vis-à-vis de certaines souches de P. infestans. La sélection est active sur ce problème et s’oriente vers l’introduction de résistances polygéniques présumées plus durables qui ont été identifiées chez les espèces sauvages apparentées à la tomate.
Bien que représentant un réel atout pour la culture de la tomate, ce matériel végétal devra être utilisé de concert avec les autres méthodes de protection, en particulier avec une lutte chimique complémentaire. Cela permettra de limiter les risques d’émergence d’autres races, et donc de contribuer à la durabilité de ces résistances. Pour les mêmes raisons, on ne réalisera en aucun cas des cultures mixtes de variétés résistantes et de variétés sensibles et on évitera la proximité de variétés sensibles.
L’utilisation des fongicides
L’objectif visé par le producteur doit être de protéger les plants le plus tôt possible afin d’empêcher le mildiou de s’installer. Des traitements préventifs sont indispensables durant les périodes à risque et restent le moyen de lutte le plus efficace. Au Maroc, 85 produits sont homologués contre le milidou, dont plus de la moitié à base de cuivre, et avec des DAR allant de 1 à 30 jours.
Les programmes de traitements doivent être définis en fonction des conditions de l’exploitation afin d’adapter au mieux le positionnement des fongicides. Selon le ou les stades de développement du mildiou sur la parcelle, le producteur pourra choisir le ou les fongicides présentant les modes d’action et modes adéquats de pénétration dans la plante (préventif et/ou anti-sporulant et/ou rétro activité, contact et/ou translaminaire, et/ou diffusant, systémique) en prenant en compte également leur polyvalence pour lutter contre l’alternaria. En période à risque, le délai entre deux traitements ne devra pas dépasser les 7 à 12 jours selon les produits utilisés.
Il faut également veiller à alterner les modes d’action des fongicides pour prévenir les risques d’apparition de résistances. Avec certains produits, il ne faudra pas réaliser plus de 2 à 3 applications par campagne, et ne pas intervenir sur des attaques déclarées.
A noter que pour que les fongicides multisites soient relativement opérant, ils doivent être appliqués préventivement et chaque semaine, en particulier en plein champ. Malgré une efficacité limitée dans le temps, ils ont tout de même l’avantage d’être assez polyvalents et de ne pas être concernés par les phénomènes de résistance. Ce n’est pas le cas de certains fongicides unisites qui sont utilisés rarement seuls, souvent associés entre eux et/ou avec les fongicides multisites afin de limiter les risques d’apparition de résistances. Un expert estime que les traitements curatifs, à l’efficacité relative, favorisent davantage l’apparition de souches résistantes aux fongicides. De plus, il est indispensable d’alterner des fongicides à modes d’action différents. Avec certains produits, il ne faudra pas réaliser plus de 2 à 3 applications par campagne, et ne pas intervenir sur des attaques déclarées.
Aide à la décision
Dans plusieurs pays situés en zones tempérées, des modèles informatiques de prédiction ont été développés. Ces systèmes d’aide à la décision qui se basent généralement sur la température, l’humidité et les pluies, permettent de mieux positionner les traitements fongicides, d’améliorer leur efficacité et de réduire leur nombre. Dans les pays où de tels services existent, des avertissements agricoles sont émis régulièrement au profit des producteurs par les services de la protection des végétaux.
Aux États-Unis, des expérimentations sont en cours pour pouvoir détecter préventivement le mildiou par analyse spectrale des plantes, ceci dans le but de mieux gérer l’utilisation des fongicides.
En agriculture biologique
En début d’attaque, le cuivre sous ses différentes formes reste à ce jour le traitement autorisé de loin le plus efficace. La bouillie bordelaise et l’oxychlorure sont peu phytotoxiques, mais moins résistants au lessivage. Quant à l’hydroxyde de cuivre, il crée un effet choc, mais reste-lui aussi peu résistant au lessivage. Néanmoins, dans certains cas, le cuivre finit par être toxique pour les plantes et, surtout, pour les très utiles champignons microscopiques du sol.
Un certain nombre de micro-organismes et d’extraits de plantes (romarin, lavande, thym, fenouil…) ont été testés à l’égard de P. infestans. Certains d’entre eux ont présenté une certaine efficacité in vitro. Malheureusement, placés dans les conditions de production au champ et devant l’agressivité de l’agent responsable du mildiou, ils se sont souvent avérés inaptes à contrôler les épidémies de ce dernier. D’autres solutions ont été développées, mais elles doivent être utilisées en préventif.
[images_grid auto_slide=”no” auto_duration=”1″ cols=”three” lightbox=”no” source=”media: 27362,27370″][/images_grid]
Un plant de tomate de serre montre un important dépérissement. La majorité des feuilles sont brunes et d’aspect brûlé. Les fruits immatures sont brun verdâtre, luisants, avec un épiderme bosselé. Les dommages débutent dans la zone pédonculaire et progressent de manière inégale sur presque la moitié des fruits.
Des tomates vertes sont brun verdâtre dans la zone pédonculaire. Les plants de tomate de serre étaient fortement dépéris.
[images_grid auto_slide=”no” auto_duration=”1″ cols=”three” lightbox=”no” source=”media: 27368,27367″][/images_grid]
Dépérissement d’une large zone de plants de tomate dans une serre. La majorité des feuilles sont brunes et d’aspect brûlé. Les fruits immatures montraient un brunissement verdâtre et luisant de l’épiderme. Les dommages ont débuté dans la zone pédonculaire et ont progressé de manière inégale sur l’épiderme (non visible ici).
[images_grid auto_slide=”no” auto_duration=”1″ cols=”three” lightbox=”no” source=”media: 27366,27365″][/images_grid]
Dans la partie terminale d’une tige d’un plant de tomate de serre, présence d’un chancre brun ceinturant la tige qui devient creuse. Une fente est également en train de se former. Les tissus internes sont bruns (non visible ici).
Une tomate verte montre un brunissement luisant débutant dans la zone stylaire et progressant de manière inégale sur l’épiderme.
Sur l’épiderme d’une tomate rouge, présence d’une tache brune irrégulière dont le centre porte un mycélium blanchâtre.
Photos: © Laboratoire d’expertise et de diagnostic en phytoprotection – MAPAQ