Le Maroc se distingue par une grande diversité des terroirs et des climats qui se traduit notamment par une diversité des types de melons cultivés comme le Galia, le charentais, l’Ananas et le Jaune Canari, auxquels s’est ajouté ces dernières années le Piel de sapo
Les aléas climatiques qui ont marqué la campagne 2022 comme la sècheresse, les changements de température et la pluie du mois de mars, ont eu des répercussions négatives sur la production de melon de certaines régions. Ainsi, les variations des températures ont impacté, d’une part, le calibre des plantations précoces de décembre-janvier car elles ont coïncidé avec le grossissement des fruits et, d’autres part, l’accroche des plantations tardives en floraison, entrainant une mauvaise nouaison qui s’est traduite par un manque de production. Par ailleurs, la qualité du melon a également été impactée par la hausse importante des prix des engrais surtout la potasse. Une situation qui a poussé certains producteurs à le remplacer par du jus de fumier non traité par injection, ce qui a donné des fruits peu sucrés.
Commercialement, selon les producteurs interrogés, les prix étaient globalement bons à cause du manque de tonnage, enregistrant un minimum de 2,5 dh le kilo sur le marché pendant toute la campagne. Pour le type jaune canari, le prix a oscillé entre 4 à 4,5 Dh le kilo au marché de gros pendant le mois de juillet avant de diminuer pendant le mois de septembre à des niveaux de 2,5-3 Dh.
Les premières récoltes des types galia et ananas en précoce, ont été bien rémunérées à 3 et 4 Dh le kilo, avec une préférence au type ananas payé 0,2 à 0, 3 Dh de plus que le galia. Pour le type Piel de sapo que les marocains commencent à découvrir et apprécier, les prix étaient de l’ordre de 4,5 à 5 Dh le kilo.
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Problèmes d’eau et réduction des surfaces
Le problème de l’eau se pose de plus en plus dans les zones productrices du melon ces dernières campagnes. Dans les régions les plus affectées, on constate une diminution des surfaces avec une tendance vers les petites parcelles. C’est le cas de la zone d’Ouled dlim (Haouz), connue pour la qualité de sa production précoce de melons ananas et galia, grâce à son microclimat favorable, et qui a connu une diminution importante des surfaces de melon à cause de la sécheresse.
Ces dernières campagnes, beaucoup de producteurs ont favorisé les plantations précoces (décembre et janvier) afin de réduire les besoins en irrigation de leurs cultures. Ce segment représente la grande part du marché en raison des prix de vente intéressants, mais il exige plus de technicité et d’investissements de la part des producteurs pour réussir la culture. Par ailleurs, la recherche de la précocité a également pour objectif d’éviter l’entrée groupée en production des différentes régions, qui survient généralement en saison entre mai et aout, d’où une offre importante tirant les prix vers le bas.
Cependant, la production précoce a aussi son lot d’inconvénients, notamment le faible rendement, les petits calibres et les risques plus importants de dommages occasionnés par les intempéries et les maladies. À l’opposé, pour les cultures d’été, ce sont les fortes chaleurs qui peuvent affecter la qualité, la coloration et le goût des melons. Mais la baisse de prix enregistrée en saison estivale est également due à la diversité des fruits disponibles sur le marché pendant cette période (raisins, pastèques, pêches, nectarines, prunes, …).
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Types de melon et régions de production
La demande sur le marché local concerne les types Galia, Ananas et Jaune Canari, auxquels s’est ajouté ces dernières années le Piel de sapo. Les calendriers et les régions de production varient d’une typologie à l’autre :
Le type Galia
Connu sous le nom de swihla au Maroc, il offre au producteur de nombreux avantages comme la précocité et le prix, mais son principal inconvénient reste sa sensibilité aux éclatements des fruits, aux maladies et au froid. De même, parmi les limites du melon Galia, l’absence pour le moment, de variétés adaptées au greffage, il est donc recommandé de le produire sur de nouveaux terrains.
Le segment précoce du mois de janvier est le plus dominant, il représente 60% de la surface nationale en raisons des bons prix qu’il assure au producteur. Le galia est conduit à 90% en plein champ, principalement dans les régions du Haouz (dont les deux tiers en précoce sous tunnel nantais), Gharb (Sidi Slimane, Sidi kacem, Jorf Lmelha, Tiflet sous tunnels nantais), Doukkala, Fqih ben Saleh, Béni Mellal et Agadir (sous abris).
Une légère augmentation de la superficie du Galia a été constatée au détriment du type ananas. La répartition des surfaces lors de la campagne 2022 a été comme suit :
– 310 Ha sous serre à Agadir,
– 1610 Ha pour le précoce à Marrakech et le Nord,
– 410 Ha pour le melon de saison à Marrakech et au Nord,
Le calibre est le critère le plus important chez les producteurs pour le choix variétal des plantations précoces ainsi que le nombre et la qualité des fruits, en plus de la bonne conservation. Cette dernière est un avantage de taille qui offre au producteur plus de flexibilité pour la commercialisation de sa production. Il est ainsi moins sensible à la pression des acheteurs et intermédiaires. Dans ce sens, l’un des aspects également recherchés est la rugosité et la fermeté de la peau qui favorisent son écoulement vers des villes éloignées des zones de production.
Le type ananas
Il a occupé une surface de 2000 Ha entre précoce et saison, principalement dans la zone de l’Oudaya et la région Nord du royaume avec 70 à 80% de plants greffés (on prévoit 100% de surfaces gréffées en 2023). Les consommateurs l’apprécient pour son goût sucré et sa texture fondante, et les producteurs pour la facilité de sa conduite et sa rentabilité (rendement, calibre, bon brodage et précocité). Cependant, après une période de forte progression, il a connu une diminution de la superficie à cause notamment de problèmes de conservation au champ et après récolte, ainsi que de sensibilité aux maladies, surtout le fusarium et l’oïdium.
A l’image du galia, le segment précoce s’est aussi développé pour le melon ananas en raison du prix plus intéressant et des conditions de récolte plus favorables (pas très chaudes), pour éviter les problèmes de fusarium et de mauvaise conservation. Pour le créneau tardif, beaucoup de plantations souffrent du problème de mort subite, qui touche environ 30% des cultures.
Le calendrier de production du melon ananas est pratiquement identique à celui du galia :
– créneau précoce : plantations de décembre-janvier à Marrakech et au sud d’Agadir, et celles de février-mars dans le Gharb,
– production de saison : les plantations se font en avril pour le Nord et en mars-avril pour le Centre.
– créneau tardif : plantation en mai pour la région du Nord.
Le Melon Piel de Sapo
Il se distingue par une peau verte tachetée et lisse, et son nom signifie littéralement “melon peau de crapaud”. Délicieux, sucré et juteux, il est considéré parmi les meilleurs melons. Mais contrairement à l’Espagne où il est consommé depuis longtemps, ce type de melon est relativement nouveau au Maroc.
Au début, il était cultivé principalement dans le nord-est du pays, principalement dans la région de Driouch-Nador avec un écoulement de la production dans la ville occupée de Melilla. Cependant, l’arrêt des relations commerciales avec cette dernière a incité les agriculteurs à trouver des marchés alternatifs pour commercialiser leurs fruits. C’est ainsi que ce type de melon a fait son entrée dans de nombreuses villes marocaines séduisant de plus en plus de consommateurs grâce à ses qualités gustatives, mais aussi de producteurs grâce à sa bonne productivité et conservation.
Lors de la précédente campagne, il a été cultivé sur près de 500 Ha principalement dans le nord. Au départ, le problème rencontré par le producteur était le taux de sucre jugé insuffisant pour le gout du consommateur marocain, mais aujourd’hui, ça a été résolu grâce à une adaptation de la conduite technique et notamment de la nutrition potassique.
De l’avis M. Said Ait Bouih, Crop Specialist & key Account manager Rijk Zwaan Maroc, le Piel de sapo va certainement concurrencer les autres types de melon classiques, car il offre une alternative solide pour l’agriculteur du fait de sa bonne conservation. Ce qui lui donne plus de temps pour écouler sa production, même après maturité des fruits, en particulier pendant les fortes chaleurs ou lorsque les prix sur le marché sont bas. Il s’agit d’un avantage de taille pour le vendeur également, car il lui offre un délai plus important pour vendre sa marchandise.
D’ailleurs, compte tenu des bonnes perspectives d’évolution de ce segment, les maisons grainières se concurrencent aujourd’hui pour sélectionner des variétés encore plus performantes, dotées de plus de résistances, qui pourront dominer ce marché dans l’avenir.
Malheureusement, le développement de ce nouveau marché a également attisé les convoitises de certains acteurs qui ont commencé à introduire des variétés médiocres sans goût et qui se conservent mal. Or, les marocains commencent à peine à découvrir ce nouveau produit, et le consommateur en général juge un produit d’après sa première expérience : si le goût est bon, il va renouveler l’acte d’achat et même augmenter sa consommation au fil du temps. Sinon, s’il est déçu de cette expérience, il se détournera de ce produit, et découragera même les autres consommateurs.
Les opérateurs doivent donc être conscients de cette réalité pour ne pas nuire à ce marché porteur, encore à ses débuts.
Le melon jaune canari
Ce type de melon est apprécié pour les avantages qu’il procure et notamment sa bonne aptitude à la conservation après maturité et après récolte, ce qui offre aux producteurs et intermédiaires plus de flexibilité pour la commercialisation. Par ailleurs, sa bonne résistance aux maladies et aux températures élevées, grâce à sa plante robuste, ont contribué à son essor, puisqu’il occupe l’essentiel des surfaces cultivées en melon au Maroc.
Lors de la dernière campagne, les surfaces occupées par le melon jaune ont été estimées à 6500 Ha, répartie sur plusieurs régions du royaume. Les productions les plus précoces étant celles d’Agadir, Zagoura et Guelmime, alors que les tardives sont basées à Chichaoua (Sid LMokhtar), Tadla, Saïss, Gharb, Tiflet, Sidi Kacem, le Nord, Berkane (malgré le problème de l’eau) et à Meknès en essai. Concernant le calendrier de production, pour le créneau précoce les plantations se font en février-mars au nord et en mars pour la région du Centre. Pour la production de saison, les plantations se font en avril dans les régions Nord et Centre, alors que pour le créneau tardif, elles se font en mai.
A noter que la production de variétés hybrides concerne principalement les régions du Gharb, Larache, Marrakech, Chichaoua, Kelâa et Agadir. Quant au melon jaune Canari de saison (variétés population d’aspect ridé), il arrive sur le marché pendant les mois de juillet, août et septembre.
Pour le type Jaune Canari, les caractéristiques recherchées par le marché sont la rusticité de la plante pour tenir un bon calibre, la rugosité et la fermeté de la peau du fruit nécessaires à sa conservation, et qui constituent un atout majeur pour une commercialisation vers des marchés éloignés. D’autres caractéristiques sont aussi recherchées telles la couleur jaune or foncé et les bonnes qualités gustatives.