Dans les situations où il s’avère nécessaire, le premier apport d’azote peut être effectué sur les blés dès que les parcelles seront praticables. Retour sur le raisonnement de cet apport.
L’apport d’azote au stade tallage du blé contribue à assurer un nombre optimal d’épis par m² en augmentant la capacité des talles à monter à épis. En revanche, il ne permet pas de compenser un défaut de plantes ou un déficit du nombre de talles.
Dans l’idéal, la décision de réaliser une impasse ou pas de l’apport tallage se fera sur la base d’un reliquat réel mesuré sur la parcelle et/ou par l’utilisation d’un outil d’aide à la décision certifié. A noter que le raisonnement concernant le soufre (également très mobile dans le sol) est proche de celui de l’azote.
Un raisonnement selon trois situations
CAS DES PREMIERS APPORTS RÉALISÉS AVEC DES ENGRAIS BINAIRES OU TERNAIRES
Dans ce cas, même si une impasse azotée est possible, le premier apport est difficile à supprimer. La stratégie peut alors être de le retarder d’au minimum 15 jours afin d’être dans une situation où le besoin en azote sera réel. Il est possible d’envisager un apport minime permettant de limiter la dose d’azote tout en apportant les quantités suffisantes concernant les autres éléments. Un apport limité à 40 kg/ha d’azote semble être un bon compromis dans cette situation.
CAS DES PREMIERS APPORTS RÉALISÉS AVEC DES ENGRAIS UNIQUEMENT À BASE D’AZOTE
L’impasse est techniquement possible et pourra être envisagée si le blé est bien implantée et si l’une des situations suivantes est vérifiée :
– Le Reliquat azoté dans les deux premiers horizons (0-60 cm) est supérieurs à 60 unités ;
– Le Précédent est riche en azote (légumineuse) ou a fait l’objet d’une fertilisation importante ;
– Un apport de matière organique a eu lieu récemment ;
– La parcelle est en Sols profonds à bonne minéralisation.
QUE FAIRE DANS LES AUTRES SITUATIONS ?
Les impasses de l’apport tallage sont rarement justifiées dans les cas suivants : mauvaise qualité d’implantation de la culture, sols (très) superficiels, précédents peu riches en azote (tournesol ou colza à bons rendements), développement faible des cultures, etc.
Dans ces situations, l’apport devra être compris entre 40 et 60 kg N/ha (quantité cohérente avec les besoins actuels de la plante).
Quels risques à trop en mettre ?
Un apport trop conséquent ou non justifié est souvent préjudiciable : augmentation du risque de verse, de maladies, mauvaise valorisation par la plante. Bien qu’une carence puisse limiter le rendement, à l’inverse, l’azote n’accélère ni l’émission des feuilles, ni celle des talles ! Il ne compensera en aucun cas un défaut de plantes ou un déficit du nombre de talles liés à de mauvaises conditions de semis.
A quelle date intervenir ?
En ce qui concerne la date d’apport, privilégiez des conditions favorables à la valorisation (au moins 15 mm de pluie annoncés dans les 15 jours). Si l’apport tallage est techniquement justifié, faire l’apport le plus tôt possible est préférable tout en respectant la réglementation en vigueur si vous êtes en Zone Vulnérable.
Pour les parcelles ayant une problématique adventices, il est indispensable de désherber avant d’intervenir (si l’état de résistance de vos ray-grass, vulpins le permet bien sûr).
Source : Edouard BARANGER, Delphine BOUTTET, Mathilde LEJARDS, Chloé MALAVAL JUERY – (ARVALIS – Institut du végétal)