Un consortium composé d’Inrae, de l’Université de Wageningen (Pays-Bas), et de l’USDA (États-Unis), en collaboration avec Florimond-Desprez, a identifié et caractérisé un gène qui procure une résistance à de nombreuses souches de Zymoseptoria tritici, champignon responsable de la septoriose du blé. Leurs résultats, publiés le 19 janvier dans Nature Communications, ouvrent alors de nouvelles perspectives pour le développement de variétés de blé résistantes à cette maladie.
« Provoquée par le champignon Zymoseptoria tritici et causant des nécroses au niveau des feuilles, la septoriose du blé est l’une des principales maladies dans le monde à s’attaquer aux cultures de blé tendre (jusque 40 à 55 % de perte de rendement dans les cas les plus extrêmes) », rappelle Inrae. Si cette maladie est principalement combattue à l’aide de fongicides aujourd’hui, « le développement de résistances à ces produits phytosanitaires par le champignon et la nécessité de réduire leur usage », font « que la recherche travaille depuis plusieurs années sur différentes alternatives comme […] le développement de variétés résistantes ».
Stb16q, gène de résistance à large spectre à Zymoseptoria tritici
Initié en 2012, un programme de recherche international co-piloté par Inrae et Florimond-Desprez en partenariat avec l’Université de Wageningen et l’USDA, a déjà permis de caractériser, en 2018, le gène Stb6, qui « confère une résistance contre une partie de la population de ce champignon ». Et l’équipe vient d’annoncer l’identification et la caractérisation d’un nouveau gène de résistance, nommé Stb16q1. Ce dernier permet de « stopper la croissance du champignon dès le début de l’infection, au moment où il pénètre dans le tissu végétal, explique l’équipe de recherche. Le criblage2 de 805 variétés cultivées et sauvages mondiales de blé, montre que ce gène n’est présent que dans six variétés. Le champignon pathogène a été très peu exposé à Stb16q, il n’a donc pas eu le temps de développer une résistance ».
Des perspectives intéressantes pour réduire l’usage des phytos
« En parallèle, l’équipe a également développé des marqueurs diagnostiques pour suivre ce gène dans les différentes étapes des programmes de sélection variétale du blé et qui sont à disposition des sélectionneurs. Récemment introduit dans les variétés de blés cultivés, ce gène ralentit considérablement la pénétration et la croissance du champignon dans les tissus de la plante. Cependant, l’introduction de ce gène de résistance dans les variétés de blé doit se faire prudemment et être associée à d’autres facteurs de résistance à la maladie », souligne Inrae.
Ces résultats ouvrent donc de nouvelles perspectives pour la sélection variétale du blé. Avec d’autres leviers comme le biocontrôle, « le développement de variétés de blé résistantes à la septoriose permettrait ainsi de réduire l’usage des produits phytosanitaires en grandes cultures pour développer une agriculture plus durable ».
1 : « Ce gène code pour un récepteur à activité kinase riche en cystéine (CRK) situé sur la membrane plasmique des cellules végétales. »
2 : « Tri effectué, au sein d’une population, afin d’isoler les individus qui possèdent des caractères particuliers. »
Source : terre-net