Dans un rapport publié le 24 novembre, le réseau International Land Coalition dresse un constat alarmant de l’accès à la terre dans le monde, mettant en lumière un contrôle de plus en plus fort du foncier agricole par les 10 % les plus riches de la population rurale.
À l’échelle mondiale, les 10 % les plus riches de la population rurale contrôlent 60 % de la valeur des terres agricoles, tandis que les 50 % les plus pauvres se partagent seulement 3 % de ces terres, a révélé le 24 novembre un rapport réalisé par l’International Land Coalition (ILC), un réseau mondial de plus de 250 organisations qui travaillent sur l’accès des plus vulnérables à la gouvernance foncière. Aujourd’hui, 1 % des exploitations agricoles concentrent 70 % des terres agricoles du monde.
Or, les inégalités d’accès aux terres menacent les moyens de subsistance de 2,5 milliards de personnes qui travaillent dans de petites exploitations agricoles, et de 1,4 milliard de personnes parmi les plus pauvres et qui dépendent de l’agriculture pour assurer leur subsistance. Un constat qui rejoint celui de la FAO dans son rapport annuel sur la sécurité alimentaire dans le monde : sur les 2 milliards de personnes touchées par l’insécurité alimentaire, les trois-quarts sont des paysans.
Des conséquences sur l’environnement, la démocratie et la paix
Et la tendance à la concentration de la valeur des terres dans les mains d’un petit nombre est à la hausse. L’accroissement des inégalités foncières s’explique, selon le rapport, par des investissements plus importants des entreprises et des acteurs financiers (notamment les fonds d’investissement) dans les terres agricoles.
Cette dynamique contribue également à rendre les transactions sur les terres beaucoup plus opaques, estime l’ILC : « les participations dans les actifs agricoles, en particulier les terres, ne sont pas rendues publiques, les personnes morales et les investisseurs pouvant acquérir des parties de fermes ou plusieurs fermes en tant qu’actifs. En outre, les bénéficiaires ultimes et les principaux investisseurs de ces entreprises et sociétés financières, en particulier les fonds d’investissement, sont souvent inconnus », indique le rapport.
Ainsi, dans le monde, 80 % des exploitations agricoles sont des exploitations de moins de deux hectares. Les inégalités sont également fortes dans l’Union européenne, où 3 % des exploitations agricoles détiennent plus de 50 % des terres cultivées.
L’ILC estime donc que si les inégalités d’accès aux terres s’accroissent encore, cette tendance aura un impact négatif sur le développement économique de tous les pays, mais également sur l’environnement, ainsi que sur la démocratie et sur la paix. Dans beaucoup de pays en développement, la concentration des terres se traduit souvent par des déplacements de populations que l’on prive de moyens de subsistance, augmentant l’insécurité alimentaire et le risque de conflits internes.
source : terre-net