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LIEN ENTRE BIODIVERSITÉ ET ALIMENTATION

Un levier pour développer la biodiversité produite par les agriculteurs

Pour réduire son impact sur l’environnement et sur le climat, l’agriculture fait, depuis un certain nombre d’années, évoluer ses pratiques. Et si du travail reste à faire pour développer et généraliser les techniques plus favorables à la biodiversité, le consommateur doit aussi prendre conscience de ces efforts pour soutenir une production agricole plus responsable.

Pour augmenter la contribution de l’agriculture à la biodiversité, des politiques publiques adaptées et le soutien du consommateur seront nécessaires. 

« Oui, l’agriculture a un rôle majeur pour lutter contre réchauffement climatique et doit continuer à évoluer dans ses pratiques. Aujourd’hui, il y a énormément de bonnes pratiques dans le monde agricole, l’enjeu est plutôt de resserrer ses liens avec les consommateurs », a insisté Bernard Cressens, président du comité français de l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature), au webinaire organisé par les Chambres d’agriculture le 12 novembre.

Cependant, il faut aussi « développer des techniques plus douces, plus en harmonie avec les territoires », estime de son côté Pascal Férey, président de la chambre d’agriculture de la Manche. À travers le réseau des chambres, beaucoup d’expérimentations ont été menées, justement, dans les territoires, pour adapter au mieux les assolements, les rotations de cultures, et la protection des milieux, et aujourd’hui, des retours d’expérience plus nombreux sont disponibles sur les éléments positifs apportés à l’agriculteur par une biodiversité plus riche.

Comment favoriser la biodiversité sur les exploitations ?

Pour autant, plusieurs freins demeurent quant au développement à grande échelle de ces bonnes pratiques. Certains peuvent être psychologiques, du côté de l’agriculteur qui pense ne pas pouvoir intégrer de biodiversité sur sa ferme. Dans l’ouest, l’association A.R.B.R.E a ainsi pour objectif d’accompagner la progression de chacun dans l’intégration de la biodiversité quel que soit le système d’exploitation. Le rôle des politiques publiques est également fondamental.

« Il nous faut des outils nouveaux », insiste Pascal Férey, qui regrette que l’on travaille toujours « avec des mesures agro-environnementales qui datent de 1992 », et dont le principe était d’indemniser une perte de revenu, par exemple lors de la plantation de haies, au lieu de rémunérer pour la richesse créée, sur le principe des paiements pour services environnementaux.

Pour Bernard Cressens, les aménagements concrets pour favoriser la biodiversité sur les exploitations nécessitent la sécurisation du foncier, et des politiques publiques qui reconnaissent les services rendus par la gestion des écosystèmes, des écosystèmes qui ne sont pas forcément productifs d’un point de vue agricole, mais qui apportent des services communs à la société.

Il s’agit de redonner aux agriculteurs de l’ambition et l’envie d’agir, d’autant plus que si la loi biodiversité a défini un objectif de zéro artificialisation nette, « les outils pour y parvenir ne sont pas suffisamment coercitifs », indique Pascal Férey.  

Une contribution nécessaire du consommateur

Et les agriculteurs ont également un rôle à jouer dans la communication autour de ces pratiques. « Certaines expérimentations ont échoué », rappelle le président de la chambre d’agriculture de la Manche, évoquant un projet de diversification des assolements avec la production de protéagineux dans des bassins d’alimentation de captage : « le pois chiche n’a pas trouvé amateur, car les acheteurs locaux ont fait le choix du prix et pas de la proximité ». La production de biodiversité par les agriculteurs reste « un concept nouveau, qu’il nous faut entretenir », explique-t-il.

Et si le consommateur pourrait mettre un peu plus cher, à condition d’être informé, « il faut donc que l’on travaille sur le lien entre biodiversité et alimentation », conclut Luc Servant, vice-président de l’APCA. « Le consommateur doit avoir toute la connaissance du produit qu’il achète et accepter, dans son acte d’achat, de financer et de participer à la protection de la biodiversité », ajoute-t-il. Ce sera nécessairement l’une des clés pour favoriser le développement de ces pratiques vertueuses à grande échelle sur les exploitations.

Source : terre-net

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