Les ravageurs introduits se sont engraissés avec le secteur espagnol des agrumes ! Vendredi 10 juillet un rassemblement-manifestation appelé par AVA-ASAJA et l’Unió de Llauradors a eu lieu à Valence pour exiger des trois administrations – autonome, centrale et bruxelloise – des outils de lutte efficaces ainsi que le versement d’indemnités pour les dommages causés par la nouvelle cochenille venue d’Afrique du Sud appelée Delottococcus aberiae. Les pertes de la campagne agrumes en cours dépasseraient les 120 millions d’euros dans cette seule communauté.
Lors de cette manifestation, l’accent a été mis sur le manque de coordination entre les différentes administrations pour apporter des solutions. Cristóbal Aguado, président d’AVA-ASAJA, a décrit comme “un match de tennis” ce que font le ministère de l’Agriculture et le gouvernement central, alors que toutes les parties sont responsables du problème des ravageurs et des maladies des plantes. Selon lui, l’entrée de cette cochenille par le port de Sagunto n’a été empêchée ni par Madrid ni par le gouvernement régional qui n’auraient pas pris les mesures nécessaires pour éradiquer le ravageur.
A noter également qu’un autre fléau appelé pulvinaria poligonata a été détecté. Il affecte les agrumes, en particulier le citronnier, et a causé des dommages importants dans la région d’Alicante de Vega Baja.
Les organisations professionnelles des producteurs ont dénoncé qu’un autre fléau, le thrips des orchidées (Chaetanaphotrips orchidi), détecté pour la première fois en 2017, se propage de façon incontrôlable dans les vergers valenciens.
Un nouveau casse-tête pour les agrumiculteurs
Le ministère de l’Agriculture a confirmé l’entrée d’un nouvel organisme nuisible affectant les agrumes qui connaissaient déjà une grande crise en raison de la baisse des prix. Les professionnels blâment “l’insuffisance des contrôles aux frontières” par l’Union européenne. Le nouveau fléau détecté est le ‘Pulvinaria poligonata’, une espèce de cochenille farineuse qui attaque les agrumes, en particulier le citron, suivi de l’orange et de la mandarine. À l’heure actuelle, quelque 5 000 hectares d’agrumes de la Vega Baja dans la région d’Alicante sont déjà touchés. Selon une étude récemment publiée dans le magazine spécialisé ‘Phytoma Spain’, il s’agit de la première détection de ce ravageur en Europe.
Les arbres affectés présentent des dégâts importants, pour lesquels la ministre de l’Agriculture, Mireia Mollà, a regretté que le nouveau ravageur représente non seulement un risque supplémentaire pour les cultures, mais entrainera aussi une augmentation des coûts qui impactera davantage la rentabilité des exploitations.
Dans ce sens, elle a souligné la nécessité d’intensifier les contrôles aux ports d’entrée du matériel végétal et de l’utilisation des pesticides adaptés pour lutter contre les nouveaux ravageurs et maladies. Elle a aussi remis en cause les stratégies qui consistent en la réduction du nombre de pesticides, comme celle proposée par Bruxelles. Elle a souligné que le «laxisme» constaté dans le contrôle aux ports d’entrée sur le territoire européen impose la nécessité d’appliquer des traitements adaptés pour protéger efficacement les cultures contre ces nouvelles menaces.
Bien que pour l’instant l’efficacité d’un prédateur naturel ait été prouvée contre le ‘Pulvinaria poligonata’, cet insecte n’est pas correctement acclimaté et a besoin d’investissements pour des installations de reproduction et de multiplication pour une distribution ultérieure dans la nature, selon des sources du ministère.
Le nouveau thrips se propage de façon incontrôlable
L’ Association des agriculteurs de Valence (AVA-ASAJA) a prévenu dans un communiqué que le thrips des orchidées (Chaetanaphotrips orchidi) se propage de manière incontrôlable dans les vergers d’agrumes de Valence et que, compte tenu de sa capacité de croissance et d’adaptation, il vient même de ”sauter’’ à l’avocatier.
Depuis sa première détection en 2017, ce ravageur d’origine étrangère a causé des dégâts croissants dans les plantations d’agrumes de Valence, en particulier dans les régions de La Safor, La Ribera et L’Horta, qui déplorent un taux d’infestation jusqu’à 50% dans certaines parcelles de Navelina orange. Cependant, c’est durant la campagne actuelle 2020/21 que les professionnels prévoient une explosion du ravageur suite à la suppression du méthyl chlorpyrifos, la matière active qui montre la plus grande efficacité contre ce ravageur ainsi que d’autres ravageurs de cette culture.
En ce sens, le président d’AVA-ASAJA, Cristóbal Aguado, dénonce que «Le ministère de l’Agriculture ne propose aucune stratégie de contrôle vraiment efficace de ce thrips. Il ne met à la disposition des producteurs d’agrumes aucune méthode de lutte alternative, qu’elle soit phytosanitaire ou biologique, qui permettrait de minimiser les pertes dues à un problème généré par l’incompétence des administrations elles-mêmes ».
Aguado souligne par ailleurs le danger supplémentaire posé par l’introduction d’Orchid Trips dans la culture de l’avocat : «Nous vivons une période propice pour l’avocat en raison de la demande internationale pour ce fruit subtropical, ce qui se traduit par des prix raisonnables pour les producteurs valenciens. Mais cette rentabilité peut être sérieusement menacée si des problèmes de maladies et de ravageurs se multiplientet réduisent la productivité».
Année internationale de la santé des plantes
AVA-ASAJA rappelle que le thrips des orchidées n’est pas une exception et que les agriculteurs valenciens sont confrontés à d’autres ravageurs sans solutions viables à court terme. “L’Assemblée générale des Nations Unies a déclaré 2020 Année internationale de la santé des plantes”, se souvient Aguado, “mais compte tenu du manque d’outils de lutte contre les thrips des orchidées, ainsi que contre la cochenille sud-africainesur agrumes, Xylella fastidiosa sur l’amandier,… la déclaration devrait être renommée «Année internationale de l’expansion des ravageurs et des maladies des plantes».
« La dure réalité est que c’est le chaos, les agriculteurs ne savent pas comment sauver leurs cultures. Nous avons de moins en moins de solutions pesticides à notre disposition, plus chères et moins efficaces. De plus, l’Union européenne est un drain par lequel pénètrent de nouveaux agents pathogènes du monde entier, et nos administrations n’y sont pas bien préparées».