Actuellement, il est très difficile d’imaginer une amélioration de la productivité agricole sans recours à la mécanisation. A l’instar des pays développés, le recours aux équipements agricoles constitue un moyen important de développement de notre secteur agricole.
Pr. K Houmy, IAV Hassan II, Rabat
De plus en plus, les producteurs conçoivent l’investissement dans la mécanisation comme une vraie opportunité de modernisation des exploitations agricoles et surtout d’amélioration de la productivité agricole. On observe, que le parc de matériel agricole d’une manière générale et le tracteur en particulier, occupent une part de plus en plus importante dans les coûts de production aussi bien au niveau des investissements qu’au niveau des frais de fonctionnement.
De ce fait, la rentabilisation d’un matériel agricole doit constituer une préoccupation majeure des agriculteurs qui restent, pour l’instant, peu conscients des marges d’amélioration dont ils disposent en matière d’optimisation et d’économie d’énergie. Rouler économiquement avec un tracteur agricole nécessite la prise en compte de plusieurs facteurs dont certains ont une influence directe sur la consommation du carburant.
Le bon choix du tracteur
Le choix du tracteur doit répondre :
– aux besoins en puissance des outils utilisés dans l’exploitation. Il n’est jamais économique d’investir dans des tracteurs de grande puissance pour effectuer des travaux ponctuels. A titre d’exemple, Il serait aberrant d’utiliser un tracteur de 120 chevaux pour tirer un petit cover crop. Le choix des puissances dépend étroitement des outils d’accompagnement. Dans le cas des outils de travail du sol, il faut tenir compte : de la largeur et de la profondeur de travail, du type et de l’humidité du sol.
– à la durée d’utilisation, elle-même liée à la nature des activités agricoles à réaliser. L’exploitation agricole doit disposer de suffisamment d’activités agricoles justifiant l’achat d’un tracteur agricole. Plusieurs enquêtes ont montré qu’au Maroc, l’utilisation moyenne d’un tracteur est de l’ordre de 500 heures/an alors que d’un point de vue économique, on estime qu’un minimum de 1000 heures est nécessaire.
Bien connaître son moteur
Une conduite économique impose la connaissance des caractéristiques du moteur : courbes de puissance, couple et consommation (Fig1). Ces courbes sont déduites des mesures effectuées par un banc d’essai dynamométrique.
– Il faut éviter de travailler dans la zone de charge partielle (entre le régime maximal et le régime nominal) où la consommation peut s’avérer très importante.
– La zone de pleine charge (entre le régime nominal et le régime de couple maximum) présente une consommation spécifique assez stable, qui atteint un minimum au voisinage du régime de couple maximum.
Pour pouvoir exploiter les caractéristiques du moteur et faire correspondre le régime de fonctionnement optimal avec la vitesse d´avancement souhaitée, il est nécessaire d´avoir une boîte de vitesses comportant suffisamment de rapports et un étagement des rapports adapté. Dans ce sens, les transmissions à variation continue apportent une grande souplesse d´utilisation avec une gestion moteur-transmission optimisée.
Améliorer l’adhérence : le contact sol pneu
La capacité d’un tracteur à fournir le maximum d’effort n’est pas liée uniquement à la puissance mais également au contact sol-pneu. En effet, l’adhérence joue un rôle important vu que les roues du tracteur sont soumises à des glissements qui affectent d’une manière importante ses performances. Elle caractérise la tendance des pneus à s’agripper à la surface du sol sous l’effet du poids. De bonnes conditions d’adhérence permettent de transmettre le couple de traction nécessaire avec un glissement faible afin de limiter le gaspillage d’énergie et l’usure des pneumatiques. Pour augmenter l’adhérence sur un sol agricole, il existe plusieurs solutions :
– augmentation de la surface de contact sol-pneu :
. utilisation de pneumatiques larges, en bon état et d’un grand diamètre,
. réduction de la pression de gonflage dans les limites autorisées,
. jumelage des roues motrices
. utilisation des tracteurs à 4 roues motrices ou à chenille.
– augmentation de la charge verticale sur les roues motrice.
On procède généralement à l’utilisation des masses d’alourdissement ou au gonflage à l’eau. Il convient de préciser que les outils tractés peuvent transférer une partie de leurs poids à l’essieu arrière. Ce phénomène est très souvent remarqué quand on utilise un instrument porté, attaché à l’attelage trois points du relevage hydraulique. Pendant le travail, ce type d’attelage augmente de 20% le poids du tracteur, qui se concentre surtout sur l’essieu arrière en réduisant légèrement le poids sur l’essieu avant.
Cependant, la réduction du glissement par un lestage excessif peut conduire à des pertes par roulement nettement plus élevées et par conséquent des pertes d’énergie. Pour chaque situation, il existe un compromis qui résulte de l’expérience, de l’état et de la nature du sol, du type de travail à réaliser, etc. Au Maroc, le lestage par le gonflage des pneus à l’eau est presque généralisé même dans des situations où le tracteur n’est pas destiné à effectuer de gros effort de traction.
Optimiser la liaison tracteur – outil
L’outil d’accompagnement influence également les performances du tracteur agricole :
– d’abord au niveau du transfert de charge (comme précisé dans le paragraphe précédent), dans le cas de l’attelage 3 points, l’outil permet d’améliorer l’adhérence en augmentant la charge au niveau des roues motrices.
– au niveau des réglages des outils. Quand les réglages sont mal effectués, ils peuvent engendrer des efforts ‘’parasites’’ perturbant le travail du tracteur. Si l´on prend l´exemple de la charrue, le réglage du dévers de pointe vise à corriger les effets du désaxage de la ligne de traction et ainsi éviter d´avoir à braquer continuellement les roues vers le labour (Source de surconsommation).
Bien entretenir son tracteur
La vérification des niveaux, la vidange et le changement des filtres selon les préconisations du constructeur sont un minimum, de même que l´entretien du filtre à air (surconsommation de 7 % avec un filtre colmaté à 10 %). Un entretien plus poussé (la vérification des injecteurs notamment) doit être effectué régulièrement. Le contrôle des performances des tracteurs par les bancs d´essai, permet de détecter des disfonctionnements et surconsommations.