spot_imgspot_imgspot_imgspot_img

Réalisation d’un pollinisateur du palmier dattier

Réalisation d’un pollinisateur du palmier dattier

 

La culture du palmier dattier occupe une place importante dans le système de production algérien et constitue une ressource majeure pour la majorité des habitants des régions sahariennes du pays.  Les statistiques révèlent qu’il y a plus de 18 million de palmiers qui occupent une superficie dépassant les 160 mille hectares en 2012. L’Algérie est connue pour sa production de la Deglet Nour, une variété de dattes originaire de la région de Biskra et qui a une grande valeur commerciale.

Ceci est dû essentiellement à l’administration coloniale et à l’état algérien qui ont favorisé la culture de ce cultivar, vu la demande du marché international.

Le palmier dattier est une plante dioïque comportant des pieds mâles (Dokkar) et des pieds femelles (Nakhla). Pour une bonne production de dattes, la pollinisation constitue une opération cruciale. Actuellement en Algérie, l’opération consiste à attacher deux ou trois épillets mâles avec les inflorescences femelles. Pour les palmiers les plus hauts, la pollinisation est plus difficile à réaliser car l’opérateur doit monter à plusieurs reprises (jusqu’à cinq fois) selon l’ouverture des spathes.

Plusieurs recherches ont été menées pour mécaniser la pollinisation au vu de son importance et de sa difficulté. A cet égard, Ibrahim et al. (1987) ont développé un pollinisateur mécanique pour le palmier dattier, qu’ils ont appelé Alnahreen Polinator, dont le principe de fonctionnement est le poudrage de grains du pollen sur les inflorescences femelles. Également, Yahia (2009) a conçu un pollinisateur qui  se  compose  d’un  moteur  électrique  de  12V  alimenté  par  une  batterie,  d’une  trémie  et  d’un  tambour  vibrant  en  plastique,  qui  tourne  à  une  vitesse  réduite  par  rapport  au  moteur  électrique.  Mostaan et al. (2010) ont publié une recherche  sur  un  pollinisateur  électrique.  Ce dernier se compose d’une perche télescopique, d’un distributeur d’air, d’un tuyau de pollen, d’une buse et d’une télécommande.  Selon  les  auteurs,  l’étude  comparative  a  montré  que  l’utilisation  de  ce  pollinisateur  est  plus  avantageuse  que  la  méthode traditionnelle en matière de fécondité.

De ce fait, le présent travail contribue à l’enrichissement de ce  sujet  mettant  à  la  disposition  des  phœniciculteurs  un  nouveau  dispositif  de  pollinisation.  Ce  pollinisateur  a  été  réalisé  et  testé  au  sud  algérien,  plus  exactement  à  Touggourt en 2014 et à Biskra (El-Outaya) en 2015.

 

CADRE GÉNÉRAL DE L’ÉTUDE

Suite à la difficulté de l’exécution de l’opération de pollinisation et à la demande des agriculteurs, nous avons réalisé un dispositif de pollinisation avec l’aide financière et matérielle d’un phœniciculteur. Son exploitation se situe à Touggourt, à 165 km au Nord-est du chef-lieu de la wilaya d’Ouargla à une altitude de 72 m. Touggourt a un climat désertique, avec des étés chauds et secs et des hivers doux avec des précipitations annuelles moyennes de 63 mm/an. La température annuelle moyenne est de 21.4°C. Le matériel végétal utilisé concerne les palmiers dattiers de la variété Dglet-Nour.

Matériel d’essais

Le pollinisateur réalisé est constitué d’une poudreuse à main et d’une perche télescopique de 6 mètres de long. A la tête de la perche, l’un des deux bras de la poudreuse est fixé, l’autre est libre et muni d’un fil de tirage, entre ces deux bras, nous avons placé deux baguettes en plastique en forme d’arc.

Pour appliquer le pollen, on déploie manuellement la  perche  télescopique selon la hauteur de palmier  en dirigeant la buse de la poudreuse vers les inflorescences femelles, puis on tire le fil de tirage directement du sol faisant la dispersion de grain de pollen, et ainsi de suite pour les autres spathes. Les baguettes en plastique servent à ramener les bras de la poudreuse à leur état initial après le pompage. Ce matériel est utilisé sans la perche quand la hauteur des palmiers n’est pas importante.

 

Dispositif expérimental

A Touggourt (Essai 1), nous avons testé ce pollinisateur sur 25 palmiers avec une dose de 10% (le reste étant de la farine de blé) pour évaluer son efficacité. Parallèlement, un autre essai a été réalisé selon la méthode traditionnelle sur 25 autres palmiers de la même variété en posant deux épillets mâles dans chaque spathe.

A Biskra (Essai 2), nous avons effectué deux essais de comparaison entre les deux modes de pollinisation et différents dosages de pollen.

  • Essai 1: cet essai a pour but de confirmer les résultats obtenus de l’essai de Touggourt. En effet, nous avons fait une étude comparative entre deux méthodes de pollinisation où la première consiste à attacher deux ou trois épillets mâles avec des épillets femelles (méthode traditionnelle) et la deuxième consiste à disperser un mélange grains de pollen/farine du blé sur les spathes à une dose de 20% en utilisant notre pollinisateur. Le taux de nouaison déterminera la méthode la plus avantageuse.
  • Essai 2 : Le pollinisateur a été testé en dispersant le mélange grain de pollen/farine de blé à différentes doses 10, 20, 30, et 100% afin de déterminer la dose optimale en fonction du taux de nouaison. Selon la bibliographie, la pollinisation par poudrage s’effectue en deux passages avec un intervalle de deux ou trois jours et dans chaque passage on débite 01 gramme de mélange sur une spathe.

 

RÉSULTATS ET DISCUSSIONS

Test du pollinisateur de Touggourt

Dans l’ensemble, l’essai s’est déroulé dans des conditions normales. Le rendement en dattes obtenu par le pollinisateur a été le même que celui obtenu par la méthode traditionnelle. Ce résultat a émerveillé l’agriculteur et confirme le bon fonctionnement de l’appareil. Sur le plan économique, l’appareil a coûté 4.500 DA, par contre le coût de pollinisation de 25 palmiers par la méthode traditionnelle atteint 5.000 DA. De plus, le gain de temps est important dans la mesure où la pollinisation par l’appareil dure environ 2 h 30’ alors qu’avec la méthode traditionnelle, la même opération dure au minimum 5 h pour le même nombre de palmiers.

La sécurité de l’agriculteur est bien assurée puisque il ne grimpe plus les palmiers, ce qui est aussi très important.

Essais réalisés à Biskra

Essai sur le mode de pollinisation : Le taux de nouaison obtenu avec le pollinisateur est élevé, il oscille entre 90% et 100% alors qu’en mode traditionnel, ce résultat ne dépasse pas les 78%. Ceci s’explique par une meilleure dispersion des grains de pollen assurée par le pollinisateur. En observant les épillets pollinisés par le pollinisateur et par la voie traditionnelle, on constate que le nombre de fleurs restées attachées sur les épillets pollinisés par l’appareil est plus important et que leur régularité est meilleure. Ces  résultats  sont  conformes  aux  résultats  trouvés  par  plusieurs chercheurs; la pollinisation par dispersion donne des résultats satisfaisants tout autant sur le plan économique qu’agronomique.

Essai sur la dose de pollen : Les taux de nouaison obtenus en variant la dose de pollen. Dans l’ensemble, il s’avère que la dose de 20% donne le meilleur taux de nouaison, tandis que la dose 100% produit un taux moins élevé. Cela peut être dû à l’effet de la farine de blé qui transporte aisément, les grains de pollen vers les fleurs. Il  apparaît  que  la  dose  de  pollen  de  20%  est  plus avantageuse que les autres doses, compte tenu du nombre important de fleurs restées sur les épillets femelles et de leur régularité.

 

CONCLUSION

La pollinisation est une opération cruciale dans la vie du palmier dattier. De nos jours, il s’avère que beaucoup de palmeraies sont abandonnées suite à un manque de main d’œuvre qualifiée et au manque d’études approfondies dans ce domaine.  Ce travail de recherche propose une alternative  efficace  à  la  pollinisation  manuelle,  suite aux  résultats  prometteurs  obtenus  avec  le  pollinisateur mécanique sur les plans économique, sécuritaire et gain de temps. Et lorsque la fonction de ce pollinisateur se base sur la dispersion de pollen, nous avons déterminé que le meilleur pourcentage pollen/farine de blé est de 20%

 

Source : Revue Marocaine des Sciences Agronomiques et Vétérinaires

Ahmed NOURANI, Ahmed KADRI, Zineldine BENGUIGA, Mokhtar MEHENNI, Ahmed SALEM, Ferhat KACI 

 

Similar Articles

Comments

Advertismentspot_img

Instagram

Most Popular