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FUMURE DE FOND P ET K : L’AJUSTEMENT DES APPORTS PASSE PAR UN SUIVI RÉGULIER

FUMURE DE FOND P ET K

L’AJUSTEMENT DES APPORTS PASSE PAR UN SUIVI RÉGULIER

Entre exigence des cultures et disponibilités dans le sol, les apports en phosphore et potassium doivent faire l’objet d’un diagnostic juste et adapté. Pour cela, il est nécessaire de s’appuyer sur des analyses de terre, de bien choisir l’engrais et les modalités d’apports.

Choisir de faire une « impasse » pour des raisons économiques ou de présence supposée suffisante des éléments minéraux dans le sol risque de conduire à une mauvaise gestion de la fertilisation. Du fait de la variabilité, dans l’espace et dans le temps, des sols et de leurs utilisations, seules les analyses de terre apportent une juste interprétation des apports pour satisfaire les besoins des cultures.

Des règles simples à respecter

Un intervalle minimum de 5 ans est suffisant entre deux analyses. Les teneurs en P et K évoluant lentement, une fréquence de 10 ans peut être envisagée pour les sols à teneur élevée. Le suivi de la fertilité des sols sera possible si les conditions sont identiques d’un prélèvement à un autre : même localisation, même saison, même précédent et éloignement dans le temps après un apport d’engrais. Pour un diagnostic pertinent, le laboratoire doit aussi disposer de certaines informations sur la parcelle : la succession culturale, l’historique des apports organiques, le taux de cailloux et la profondeur du sol.

Le prélèvement d’échantillon doit être le plus représentatif possible. Il faut cibler la zone homogène la plus grande. Douze à seize carottes de 0 à 20 cm de profondeur, sur un cercle de 10 m de rayon autour d’un prélèvement central, sont nécessaires (500 g de terre maximum suffisent pour le laboratoire). Pour le suivi à long terme, il convient de réaliser les prélèvements aux mêmes endroits, le GPS est alors une aide efficace. La profondeur de labour ne doit pas être dépassée : cet horizon concentre les éléments disponibles et est le plus important pour les plantules. En cas d’absence de retournement du sol par labour depuis au moins 10 ans, la profondeur de prélèvement doit être réduite à 10 cm.

Quatre critères pour ajuster les doses

Pour déterminer les doses à apporter, le Comifer (1) a défini une méthode reposant sur 4 critères.

Le premier est l’exigence des cultures, c’est-à-dire la sensibilité de l’espèce à l’absence d’apport P et/ou K, à ne pas confondre avec le besoin (quantité totale absorbée).

Le deuxième critère est celui des teneurs en P et K issues de l’analyse de sol. Ce sont des indicateurs du niveau de disponibilité dans le sol. Deux seuils, dépendant de la classe d’exigence de la culture, sont proposés : Timpasse et Trenforcé. L’impasse est possible si la teneur dépasse Timpasse. Un apport plus important est nécessaire si la teneur est inférieure à Trenforcé.

Le passé récent de fertilisation intervient en troisième lieu. Sous l’action de facteurs multiples (climat, activité biologique, matière organique…), la dynamique de la transformation des engrais P et K, et donc leur disponibilité, varie d’un sol à un autre.

Quatrième et dernier critère : les résidus de récolte. S’ils ne sont pas exportés, ils apportent une quantité significative de K2O, rapidement disponible. Un blé de 80 q/ha restitue plus de 100 unités de K2O/ha. En l’absence de restitution, la dose en potassium à apporter sera généralement plus importante pour la culture qui suit.

Formes d’engrais : des efficacités différentesLa nature de l’engrais est particulièrement importante pour le phosphore. Le superphosphate et le phosphate diammonique (18,46) sont recommandés pour tous les types de sols. Les scories phosphatées sont à réserver aux sols acides. Le phosphate naturel est déconseillé car son efficacité est toujours inférieure à celle des autres formes. En revanche, aucune contrainte agronomique liée au potassium ne détermine le choix entre le chlorure ou le sulfate de potasse. Le prix des engrais ou les besoins de la culture en chlorure ou sulfate pourront orienter ce choix.

Calculer la valeur des effluents d’élevage

Dans la mesure où des effluents d’élevage sont épandus, il convient de les prendre en considération, en vue de les compléter, si nécessaire, par d’autres apports de P et K. Le potassium des produits résiduaires organiques (PRO) a une disponibilité identique à celle des engrais potassiques, il est donc en totalité disponible pour la culture qui suit. Les formes organiques du phosphore sont très diverses et doivent être minéralisées pour que le phosphore soit utilisable. Néanmoins, les essais ont montré qu’à court ou long terme, le phosphore issu des PRO a une disponibilité proche de celle du superphosphate, avec au moins 70 % d’équivalence. Des tableaux donnant la composition des principaux effluents d’élevage et des PRO d’origine urbaine permettent, en fonction de coefficients, le calcul de la dose efficace de P et K apportés.

Des modalités d’apport variables

Si le sol est correctement pourvus en P et K, le blocage de la fumure en tête de rotation est possible, à condition toutefois de ne pas dépasser 2 ans. L’apport se fera à l’automne ou au printemps selon l’organisation du travail. L’espèce la plus exigeante de la rotation est à privilégier car c’est elle qui valorise le mieux des doses élevées.

Dans le cas des sols faiblement pourvus (teneur du sol < Trenforcé), le blocage de la fumure est déconseillé. Un apport annuel constitue la seule solution pour éviter toute chute de rendement. L’apport doit être réalisé au plus près des besoins, généralement au semis, voire en couverture sur céréales d’hiver (stade 3 feuilles au plus tard).

Sur maïs, la localisation de l’engrais phosphaté peut procurer un supplément de rendement et est recommandée dans la plupart des situations.

(1) : Comité français d’étude et de développement de la fertilisation raisonnée.

Christine LE SOUDER (ARVALIS – Institut du végétal)

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