L’association marocaine des importateurs du matériel agricole présente un bilan légèrement positif de la mécanisation agricole au Maroc pour l’année 2018, et ce malgré la réalisation d’un rendement record de la campagne agricole 2017 – 2018 avec une récolte céréalière de 103 millions de quintaux.
Certes, la campagne agricole 2017/2018 a été favorable, toutefois, son impact sur le marché des tracteurs agricoles neufs n’a enregistré qu’une faible augmentation par rapport à 2017. A cet effet, les ventes ont atteint 2529 tracteurs en 2018 contre 2350 tracteurs en 2017, soit une progression qui ne dépasse pas les 8%.
Il est à noter que les ventes de 2018 se situent au même niveau que la moyenne des 5 dernières années qui est de l’ordre de 2553 tracteurs. En comparaison avec la moyenne des ventes de 2009 à 2013 qui est de l’ordre de 4561, les ventes de 2018 sont en forte régression de -45%. Le marché des tracteurs s’est inscrit dans une tendance baissière depuis 2010, année à laquelle les taux, les plafonds et les normes d’octroi des subventions ont subi des changements. Les ventes de 2018 comparées à 2009, ont baissé de 63% par rapport à 2009 (soit une année avant la mise en place de ces changements), qui avait enregistré la vente de 6841 tracteurs.
Le début d’année 2019 connait une forte baisse des ventes de tracteurs agricoles. En effet, à fin février 2019, le secteur a connu une régression de -35% par rapport à la même période de l’année 2018 pour s’établir à 173 unités contre 266 unités.
Les professionnels du secteur craignent le pire face aux problèmes menaçant le secteur, à savoir :
– Déficit pluviométrique de la campagne agricole 2018/2019 enregistré à fin février 2019,
– Difficultés d’accès des agriculteurs au financement du matériel agricole malgré les conventions de partenariat entre le CAM et l’AMIMA de 2013 et de 2019,
– Retard de mise en place du référentiel des prix des tracteurs et du matériel d’accompagnement discuté avec le Ministère de l’Agriculture, de la Pêche Maritime, du Développement Rural et des Eaux et Forêts, et qui a pour but d’assouplir les conditions d’octroi des subventions et de limiter les mauvaises pratiques.
– Retards enregistrés depuis fin 2017 dans le déblocage des subventions des tracteurs et du matériel d’accompagnement agricole ainsi que les faibles montants alloués au secteur du machinisme agricole, ce qui pénalise lourdement les trésoreries des importateurs et de leurs réseaux de ventes.
Cette situation qui perdure, porte atteinte au secteur de machinisme agricole et met en péril son écosystème dans la mesure où les entités le constituant ne seront plus en mesure de faire face à leurs engagements financiers et leur obligation de s’approvisionner et d’approvisionner les agriculteurs en matériel agricole.
L’AMIMA craint, si la tendance à la baisse de -35% à fin février 2019 se confirme, que le marché clôture à moins de 1650 tracteurs en 2019, soit le volume le plus faible depuis 2006.
Une telle situation serait fatale aux intervenants du machinisme agricole.
L’AMIMA craint également l’orientation des agriculteurs vers l’utilisation de vieux matériels agricoles d’occasion, ce qui va à l’encontre des objectifs du Plan Maroc Vert et de sa volonté de modernisation du parc de matériel agricole.