FERTILISATION AZOTÉE DES CÉRÉALES : S’ADAPTER AUX CONDITIONS SÈCHES
En raison des conditions sèches qui sévissent actuellement, des questions se posent autour de la gestion des apports d’azote à épi 1 cm des céréales. Nos recommandations sur les stratégies 2019.
Les créneaux favorables aux apports d’azote sont très limités alors que la majorité des parcelles vient d’atteindre ou va atteindre le stade épi 1 cm dans les prochains jours, stade clé dans la stratégie de fractionnement des apports azotés. En effet, c’est au tout début de la montaison que la plante présente des besoins en azote importants pour assurer la montée des épis.
Cette situation n’est pas inhabituelle car un déficit hydrique est fréquemment enregistré autour du stade épi 1 cm, soit sur la période du 25 mars au 10 avril (tableau 1). Cette année, la situation est plus délicate dans le sud de la région Centre et en Auvergne, avec des cumuls de pluies déjà déficitaires sur la première partie de la campagne.
Les potentiels en place sont contrastés avec un gradient nord/sud marqué, en lien avec des précipitations trop rares dans la zone sud. Ailleurs, les cultures amorcent leur phase de montaison sereinement et accroissent leur consommation d’azote.
Tableau 1 : Probabilité d’observer plus de 15 mm de pluie dans les 15 jours suivants – données météorologiques fréquentielles sur 20 ans (1999-2019)
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Quelle date, quelle dose, quelle forme ?
Tous les secteurs des régions Ile-de-France et Centre ont pu avoir des précipitations significatives le 6 mars dernier, les apports d’azote positionnés avant cette date ont donc été pleinement valorisés par les cultures.
En Auvergne, la situation est plus délicate avec les dernières précipitations significatives datant de début février, soit avant le démarrage possible des apports azotés.
Différents cas de figures se présentent aujourd’hui selon les apports déjà réalisés et leur date.
UN APPORT A DÉJÀ ÉTÉ RÉALISÉ (TALLAGE OU ENCADREMENT DU STADE ÉPI 1 CM)
• Apports réalisés avant le 6 mars : ils sont aujourd’hui totalement valorisés par la plante.
→ La plante est actuellement bien alimentée, le prochain apport peut attendre le retour de pluies significatives.
• Apports réalisés après le 6 mars : le cumul des pluies depuis cette date ne permet pas la valorisation complète de ces apports. Une partie a été perdue par volatilisation et/ou par réorganisation dans le sol avec une différence selon la forme qui a été utilisée et l’état d’humidité du sol au moment de l’apport.
→ Si cela correspond à la totalité du second apport, alors il faudra veiller à bien piloter le dernier apport pour ajuster la dose nécessaire.
→ Si cela correspond à un encadrement de l’apport épi 1 cm, alors il faudra solder la dose dès le retour de conditions favorables et au plus tard au stade 1-2 nœuds.
AUCUN APPORT N’A ÉTÉ RÉALISÉ
C’est le cas des situations (plus rares) où le niveau des reliquats en sortie d’hiver permettait d’alimenter la culture durant la phase de tallage. A l’approche du stade épi 1 cm, ces parcelles commencent à souffrir du manque d’azote.
→ L’encadrement du stade épi 1 cm est à envisager. Un apport peut être fait dès maintenant sous forme ammonitrate ou avec de l’urée protégée (type Nexen, UTEC46 ou Novius) et sera à solder au plus tard au stade 1-2 nœuds de la culture. On fractionne généralement la dose apportée avec la répartition 2/3 puis 1/3 de la dose.
Si la forme employée est la solution azotée, il est préférable de retarder le déclenchement de l’apport jusqu’à l’arrivée de l’épisode pluvieux. En effet, cette forme est particulièrement sensible à la volatilisation et donc aux conditions hydriques suivant l’apport (figure 1).
Figure 1 : Formes d’azote et conditions climatiques suivant l’apport
La dose apportée sera à ajuster en fonction des apports déjà réalisés et la mise en réserve prévue pour le dernier apport (entre 40 et 60 unités).
Rappelons que, dans tous les cas, si la dose totale à apporter au stade épi 1 cm est supérieure à 100 U, il faut la répartir en deux apports.
Dans le cas d’apports effectués dans des conditions non optimales, une partie de cet azote est inévitablement perdue. Dans ces situations, l’utilisation d’outils de pilotage représente un bon moyen d’ajuster au plus près la dose de votre dernier apport par rapport aux besoins réels de votre culture.
Source : Arvalis