RÉUSSIR SES SEMIS DE MAÏS 2019
Les semis de maïs devraient démarrer fin mars. C’est l’occasion de revenir sur quelques recommandations afin d’optimiser les chantiers.
Adapter le choix variétal au contexte de l’exploitation
Le choix variétal est un des éléments stratégiques de la culture du maïs : potentiel de rendement, régularité des performances, tenue de tige et vigueur au départ, mais également précocité physiologique, sont autant d’éléments décisifs de sélection.
La précocité des variétés est un critère essentiel qui varie selon la conduite à venir de la culture. On préconisera des variétés plus tardives qui optimisent l’offre lumineuse dans le cas de conduite avec irrigation, leur potentiel de rendement étant plus important. A l’inverse, on préconisera les variétés dites précoces pour des cultures menées sans irrigation où la réserve utile en eau du sol est le facteur limitant. On estime une économie d’irrigation de 20 mm en passant d’un groupe de précocité inférieure.
En prenant une variété plus précoce, on joue sur la stratégie de l’ «esquive», qui permet au maïs d’avancer son cycle et de limiter les effets d’un stress hydrique pour le remplissage du grain. Le progrès génétique amène de nouvelles variétés plus performantes en rendement. Ces variétés ont en général les meilleurs comportements en situation de déficit hydrique.
La vigueur au départ est un élément qui est également à prendre en compte. Elle permet de passer certains stress (froid, bioagresseurs…) et sécurise la densité plantes par hectare.
Préparation du sol : s’assurer du ressuyage en profondeur
Avant toute intervention, il est indispensable de s’assurer du ressuyage en profondeur du sol.
Les opérations de travail du sol ont pour objectif de créer une structure favorable à la levée et à l’enracinement. Un bon enracinement permettra une meilleure valorisation de l’eau et des éléments minéraux. Le but est d’obtenir une terre ameublie en profondeur, rassise sans être trop tassée et affinée sans excès en surface. La transition entre le lit de semences et l’horizon délimité par les outils de reprise doit être progressive, car au sevrage (stade 4-5 feuilles), les jeunes racines se développeront dans cette zone. Une telle structure facilite les remontées d’eau par capillarité et évite les semelles bloquant l’enfouissement racinaire.
Semis : soigner la mise en place du peuplement
Une levée rapide et homogène garantit un bon départ pour la culture. La graine doit être placée au contact de l’humidité de la terre fine dans un sol meuble (aéré) et rappuyé (non creux).
Mettre le grain à une profondeur régulière, d’environ 3-6 cm, dans le frais. Moins profond, il est plus exposé aux attaques d’oiseaux et risque de ne pas germer en cas de sec prolongé. Trop profond, la levée sera plus lente et moins régulière. De plus, semer à une profondeur trop importante accentue les risques d’attaque de taupins.
Des essais récents avec des semoirs dits rapides (> 7 km/h) mettent en évidence des possibilités de maintien de la productivité malgré des vitesses de semis plus élevées. Cette augmentation de vitesse n’est évidemment possible que parce que le semoir y est adapté (pression au sol importante notamment). Dans les autres situations (semoir classique) et pour assurer une profondeur régulière, il est indispensable de semer lentement avec un semoir en parfait état (pneus bien gonflés, socs en parfait état, aspiration sans faille…).
Densité de semis et écartements
La densité de culture se raisonne en fonction du potentiel de la parcelle (en premier lieu sous l’influence des ressources hydriques), du groupe de précocité, du type de grain et de la destination de la culture.
Tableau 1 : Densités pour les gammes de précocités présentes dans les régions Ile-de-France, Centre, Auvergne, Limousin, Côte-d’Or et Yonne pour des écartements entre 75 et 80 cm
Pour un maïs fourrage, ajouter 5000 plantes par rapport à un maïs grain.
Dans un contexte hydrique où la probabilité de restrictions en eau est forte, ou dans le cadre d’une gestion sous régime volumétrique limité, on préconisera la mise en place de gammes plus précoces.
Plus généralement en culture pluviale, on se calera plutôt sur le premier chiffre des fourchettes. Réduire d’avantage la densité ne constitue pas une économie très conséquente et revient à hypothéquer le rendement accessible si la pluviométrie estivale s’avère favorable. En culture pluviale, la valeur basse des fourchettes constitue un bon compromis.
Au niveau des écartements en culture pluviale, on préconisera des écartements entre 75 à 80 cm. Des études sont actuellement menées pour étudier l’impact d’écartements réduits sur le rendement. Les résultats tendent à montrer que dans le cas de conditions à haut potentiel, les écartements réduits, de 40 cm pouvaient entraîner une hausse du rendement.
Dans notre jeu de données, le type de sol influence assez peu la réponse, il intervient en revanche au niveau des pertes à prendre en compte entre densité de semis et densité de plantes visées notamment au regard de la charge en cailloux : semer environ 5 à 10 % de graines en plus afin de compenser les pertes (graines non germées, attaques parasitaires).
L’utilisation d’engrais starter
L’utilisation d’engrais starter a de nombreux avantages : développement plus rapide, homogène, et donc durée d’exposition au parasitisme moindre et gain de précocité à floraison indispensable dans le choix d’une stratégie d’évitement du stress hydrique.
Pour tirer les bénéfices de cette stratégie, il est primordial de bien positionner l’engrais starter. Trop loin, il est moins efficace et ne joue plus son rôle de « booster » de la culture ; trop près, l’acide phosphorique peut brûler le germe et provoquer une perte de pieds/ha. Le réglage des distributeurs d’engrais starter est donc un élément incontournable pour réussir cette technique. La localisation devra se faire en dessous de la ligne de semis et décalée de 4 et 5 cm du rang.
La dose recommandée est de 130 kg/ha de 18-46 (ou 130 l/ha de 14-48), ce qui permet d’avoir un bon effet starter et évite, à cette dose-là, des irrégularités de répartition sur la ligne (surtout vrai en solide). Il est possible d’aller jusqu’à 150-170 kg/ha en cas de parasitisme (nématodes par exemple). Par ailleurs, il est déconseillé de baisser la dose en dessous de 100 kg/ha, car on risque d’obtenir de l’hétérogénéité de répartition de cet engrais starter, et donc de favoriser des levées décalées.