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MAÏS FOURRAGE COMMENT DIAGNOSTIQUER RAPIDEMENT L’ÉTAT DE CONSERVATION DE L’ENSILAGE ?

MAÏS FOURRAGE

COMMENT DIAGNOSTIQUER RAPIDEMENT L’ÉTAT DE CONSERVATION DE L’ENSILAGE ?

Pour s’assurer de la qualité de conservation du maïs fourrage, la surveillance de la température du silo et des observations visuelles et olfactives donnent un aperçu rapide de l’état de l’ensilage. Au besoin, une analyse pourra compléter ce premier diagnostic.

Pilier de l’alimentation hivernale des bovins, le maïs fourrage doit être bien conservé pour préserver ses qualités nutritionnelle et sanitaire.

La température du fourrage au front d’attaque est un premier indicateur de sa stabilité aérobie. La comparaison de la température du fourrage à la température extérieure ne constitue pas une méthode fiable, mais des températures supérieures à 30°C au-delà de 30 cm derrière le front d’attaque sont anormales sous nos latitudes et traduisent des pertes de matière. Cependant, des températures de 30 à 35°C peuvent être rencontrées lorsque le silo est ouvert peu de temps après sa confection, voire pas fermé du tout, car l’énergie libérée par les réactions de respiration et fermentation durant les premiers jours est importante.

Mesurer la différence de température entre deux points derrière le front d’attaque

Pour réaliser un bon diagnostic à partir de la mesure de la température du fourrage, il faut comparer les températures du fourrage entre deux points. L’un sera situé à environ 1 m du front d’attaque, l’autre à environ 25 à 40 cm de celui-ci. 

La mesure profonde donne la température « basale » de la masse de fourrage ensilé : elle est quasiment indépendante des conditions climatiques des derniers jours et le fourrage n’a pas encore subi un éventuel échauffement par l’activité des micro-organismes.

Au niveau du point le plus superficiel, la température subit peu l’effet des conditions climatiques – hormis des phénomènes extrêmes et prolongés (canicule, gel). En revanche, à cette profondeur, l’oxygène peut pénétrer dans la masse de fourrage et, le cas échéant, réactiver les fermentations aérobies (levures, moisissures). La chaleur ainsi dégagée par ces fermentations échauffe le fourrage et provoque sa montée en température. Les échauffements témoignent de pertes de matière organique et donc de valeur alimentaire pour le fourrage. 

Une élévation de température de la masse ensilée de 10°C entre les points profond et superficiel correspond à une perte de valeur énergétique minimale(1) de 1,3 à 1,5 % ; la densité énergétique du maïs est, de ce fait, diminuée.

D’un autre point de vue, 1 m3 de fourrage à 35 % MS dont la température s’élève de 10°C sous l’effet des reprises de fermentations, perd au minimum(1) 3,1 à 3,3 UFL, ce qui correspond à près de 7,5 litres de lait en moins.

Le nez et les yeux, des outils de diagnostic rapides

Les odeurs et leur prédominance apportent des informations intéressantes. Mais avant de humer le front d’attaque, choisissez un endroit reculé du silo pour ne pas perturber votre odorat par d’autres odeurs ambiantes. 

Il faut d’abord retirer une fine couche de fourrage au front d’attaque pour disposer d’un fourrage fraîchement désilé. Couplé à une analyse du profil fermentaire indiquant la nature et les teneurs des produits de fermentation, ce diagnostic permet de progresser rapidement.

L’odeur de certains produits de fermentation est facilement décelable. C’est le cas de l’éthanol, ou encore de l’acide acétique qui dégage une odeur de vinaigre assez prononcée. La présence d’acide butyrique peut se reconnaître par sa forte odeur de pourri (à ne pas confondre avec l’odeur de moisi). Bien souvent, la présence d’acide butyrique s’accompagne d’ammoniac et d’amines. Dans la famille des amines, deux portent des noms assez évocateurs : la putrescine et la cadavérine… Le problème de conservation sous-jacent est vite décelé ! 

A l’inverse, l’odeur caractérisant un bon ensilage – celle de l’acide lactique – c’est la plus difficile à déceler. Elle rappelle celle du lait ou du fromage frais. Étant donnée la typicité des odeurs des autres produits de fermentation, procéder par élimination peut être plus facile.

Sur le plan visuel, les différentes moisissures pouvant coloniser un ensilage de maïs ont des aspects et des risques mycotoxiques bien distincts (tableau 1). Les parties visiblement affectées par des moisissures doivent être jetées par précaution. Pour éviter toute prolifération de moisissures potentiellement productrices de mycotoxines, il faut favoriser la bonne conservation du fourrage et prêter une attention particulière à la vitesse d’avancement du front d’attaque.

Tableau 1 : Aspect, localisation et conditions favorables au développement des principales moisissures présentes sur le maïs fourrage ensilé

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Source : J. Le Bars – INRA Toulouse.

Des mycotoxines présentes dans le maïs ensilé ?Certaines moisissures (champignons) sécrètent des mycotoxines. Une même moisissure peut synthétiser plusieurs toxines, et une même toxine peut être synthétisée par différentes moisissures. Un fourrage, ensilé ou vert, peut donc contenir plusieurs types de mycotoxines. Cependant, il n’a pas été établi de lien entre la quantité de moisissures observées sur le fourrage et la teneur en mycotoxines. De plus, la présence de mycotoxines ne présage pas de sa qualité sanitaire ; celle-ci dépend de la dangerosité des mycotoxines, de l’intensité des contaminations et de l’effet cumulatif des mycotoxines.
Les contaminations peuvent survenir au champ, au cours de la conservation ou encore lors de la phase de reprise et de distribution du fourrage. Nettoyer au préalable le silo puis ses abords en cours de consommation, tasser de façon à limiter la porosité du tas, bâcher le silo rapidement et hermétiquement pour démarrer la fermentation, et attendre la stabilisation de l’ensilage avant d’ouvrir le silo limiteront le risque mycotoxique.

Interpréter une analyse de conservation

Si la qualité de conservation du fourrage ne semble pas optimale, un échantillon peut être envoyé au laboratoire pour analyse. Dans ce cas, prélevez un échantillon représentatif du contenu du silo, placez-le dans un sac hermétique et mettez-le immédiatement au congélateur. Une fois bien congelé, l’échantillon sera envoyé au laboratoire, plutôt en début de semaine pour qu’il soit analysé le plus vite possible.

L’analyse porte sur des critères spécifiques de composition fermentaire qui pourront orienter vers des causes de plus ou moins bonne conservation et leurs conséquences éventuelles sur la valorisation du fourrage. Cette prestation est généralement facturée autour de 100 € pour une analyse de chimie humide de référence. Les méthodes infrarouge en cours de développement commercial permettront de diviser ce coût par trois ou quatre.

Sept paramètres sont habituellement mesurés tandis que le rapport acide lactique sur acides totaux est calculé (tableau 2). L’identification des causes pouvant conduire à des valeurs de ces paramètres en dehors des fourchettes conseillées offre un moyen de s’adapter à la situation sur l’instant et de corriger pour le prochain ensilage.

Tableau 2 : Valeurs repères et interprétations des résultats d’analyses de conservation

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MS : matière sèche.

Porosité du silo : ne pas dépasser 40 % pour limiter les échauffements au front d’attaqueLes échauffements au front d’attaque proviennent d’une vitesse d’avancement insuffisante du front d’attaque par rapport à la porosité du silo. Celle-ci correspond au volume occupé par l’air et se mesure en fonction de la densité du fourrage et sa teneur en matière sèche (figure 1). Pour limiter la porosité, le fourrage doit être tassé au maximum. Lorsque la porosité du silo est de 40 % ou moins, des vitesses d’avancement de 10 cm par jour (en période froide) et 20 cm par jour (en période chaude) permettent d’éviter les échauffements.
Un moyen préventif d’agir sur la vitesse d’avancement est de dimensionner le silo en fonction du nombre d’animaux à nourrir de façon à avancer d’au minimum 10 ou 20 cm chaque jour.

Figure 1 : Relation entre la porosité du silo (en pourcentage du volume occupé par l’air) et la densité du fourrage (en kg MS/m3) suivant quatre teneurs en matière sèche

(1) Les valeurs rapportées correspondent à l’énergie nécessaire à l’élévation « ponctuelle » de la température sans tenir compte d’une éventuelle perte énergétique dans le milieu extérieur (air, murs du silo…). Les valeurs réelles sont donc plutôt supérieures.

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