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Les plantes ont-elles un cerveau ?

Les plantes ont-elles un cerveau ?

Qui l’eût cru ? Les plantes ont un cerveau ! Elles sont, à leur façon, des êtres intelligents. Sachant que leur “intellect” ne siège pas en haut (les feuilles), mais en bas : au niveau des racines.

Telle est l’étonnante découverte de deux biologistes américains, dont les travaux publiés en 1983 ont totalement révolutionné notre regard sur le monde végétal. Leur trouvaille : les peupliers pratiquent la télécommunication chimique et se transmettent un signal d’alerte par voie aérienne. Ils sont capables de réagir à leur environnement, de communiquer et de prendre les décisions qui s’imposent. De quoi parler d’intelligence végétale, à la fois individuelle et collective.

Et ce n’est pas la seule découverte allant en ce sens. En trois décennies, les plantes sont ainsi passées du statut d’automates rudimentaires à celui d’organismes à la complexité comparable à celle des animaux ! Sensibilité hors norme, capacités de réaction et de communication multiples, liens sociaux variés…

Au point que s’est constituée une nouvelle branche de la phytobiologie, inspirée de la zoologie et basée sur l’observation objective du comportement des plantes.

Le comportement des plantes devient un objet de recherche

Son but : comprendre leurs réactions, en chercher les ressorts, questionner leur utilité écologique, leur origine évolutive et les raisons pour lesquelles elles ont été sélectionnées… Une véritable “éthologie végétale”, qui a révélé des agissements arboricoles et herbacés si subtils que depuis dix ans, le terme de “plasticité adaptative” pour décrire ce que font les plantes a été remplacé par “comportement végétal”.

Ce changement des mentalités est en partie dû à trois grands progrès technologiques. La chromatographie en phase gazeuse a permis l’analyse des concentrations ténues des composés émis par les plantes, qui jouent un rôle crucial dans leur communication. Les avancées des biotechnologies, ensuite, ont ouvert la voie à la fabrication d’espèces avec des gènes surexprimés ou éteints, renseignant ainsi sur leur fonction. Enfin, des dispositifs de plus en plus ingénieux ont donné les moyens d’épier leurs racines, et les films en accéléré ainsi obtenus ont rendu perceptibles les plus infimes mouvements des végétaux.

Une extrême sensibilité

Cette exploration des capacités sensorielles et comportementales des plantes a d’abord révélé l’extrême sensibilité végétale. Plus de 700 sortes de capteurs ont été recensées : mécaniqueschimiques, lumineux, thermiques… Concernant la lumière, les plantes détectent des longueurs d’onde que nous ne voyons pas (dans l’ultraviolet et l’infrarouge), mais aussi des intensités si faibles qu’elles nous sont imperceptibles.

Leur sens du toucher est également sidérant : elles réagissent à des effleurements insensibles et détectent la moindre inclinaison des branches ou des racines. Mais leur grande spécialité reste la chimie : dans un pré où le nez humain ne sent rien, elles captent en continu des centaines de signaux, comme autant d’indices de ce qui se passe autour.

Au-delà de la perception, l’éthologie végétale a surtout établi que les plantes agissent, loin de leur image d’objet inerte, en modifiant sans cesse leur forme et leur composition chimique. Des actions qui passent inaperçues parce que leurs mouvements sont trop lents pour nous, et que la chimie nous est invisible sans instrument. On mesure mieux aujourd’hui leur capacité à se mouvoir, le nombre de gènes impliqués, les multiples capteurs qui leur indiquent leur posture, les petits “moteurs” moléculaires qui les animent…

Des services à la demande

Et l’on sait qu’une plante peut bouleverser son métabolisme et se saturer de composés toxiques sans que son apparence change : une bouffée de vent, une morsure d’insecte, un rayon de soleil… au moindre événement, des milliers de gènes végétaux s’allument, fournissant à la demande leurs précieux services. Certains concernent la communication.

Grâce aux bouquets de composés qui s’envolent du feuillage ou des signaux chimiques émis par les racines, les plantes s’envoient des messages à elles-mêmes d’une branche à l’autre, “parlent” à leurs congénères alentour, convoquent les insectes prédateurs de leurs agresseurs. Et ce n’est pas tout. Elles ont un comportement social.

Elles distinguent le soi du non-soi, les membres de leur espèce des autres, et rivalisent plus ou moins âprement avec leurs voisines selon leur degré de parenté. En ce sens, on peut dire qu’elles forment des familles ou des tribus. Autant d’attitudes qui témoignent d’une intelligence propre aux plantes.

D’après Science & Vie

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