Pucerons et cicadelles : ouvrez l’œil !
Avec l’arrêt des traitements de semences (TS) à base de néonicotinoïdes effectif depuis cet automne, le monde agricole doit anticiper et adapter ses pratiques.
En conséquence, les habitudes doivent changer : surveillance de parcelles et positionnement des interventions seront les clés d’une lutte efficaces. En effet, les TS, par leur action systémique, sécurisaient la protection contre les ravageurs jusqu’au stade 5 feuilles. Avec les pyrèthres, qui sont des insecticides de contact non systémiques, les feuilles sorties après le traitement ne seront pas protégées. Ainsi, il faudra ouvrir l’œil durablement et vérifier que les populations de pucerons et cicadelles ne dépassent pas les seuils d’interventions. Ceci est valable avant la première intervention mais également après lorsque de nouvelles feuilles apparaissent. Lors des automnes très doux, les ravageurs, et notamment les pucerons, peuvent être actifs jusqu’à décembre, voire janvier comme en 2016. Plusieurs interventions foliaires pourront donc être nécessaires. Attention donc à la nuisibilité des maladies causées par ces ravageurs – la jaunisse nanisante de l’orge ou la maladie des pieds chétifs -, qui peut atteindre 20 q/ha même sans une forte infestation d’insectes et bien plus en cas de forte infestation notamment sur orge.
Autre point de vigilance à prendre en compte : « les pyrèthres ne sont pas sélectifs de la faune auxiliaire », insiste Carine Reyniers, qui précise que la seule molécule qui tire son épingle du jeu est le tau-fluvalinate(Mavrik® Flo/Talita®). Il possède la mention abeille (sélectivité biologique sur abeilles) et respecte les équilibres naturels en préservant des auxiliaires comme les carabes et staphylins (présents même à l’automne).
De plus, si à ce jour, aucune résistance des pucerons des céréales aux pyrèthres n’a été décelée en France, ce n’est pas le cas outre-manche, sur les pucerons des épis… ce constat doit sensibiliser l’agriculteur à utiliser tous les outils à sa disposition : il doit anticiper, dès le choix de la variété – même si peu de variétés tolérantes sont actuellement inscrites, tout laisse à penser qu’elles devraient se développer dans les prochaines années – et des pratiques agronomiques : gérer les repousses pour éviter de créer des réservoirs à insectes, éviter les semis trop précoces, et maximiser le délai entre la récolte et le semis et alterner les sous-familles lors de la lutte chimique.
Source : Adama