TRAVAIL DU SOL : DES EFFETS SUR LES POPULATIONS DE MICRO-ORGANISMES
Le travail du sol peut modifier l’activité des nombreux organismes qui vivent dans la couche superficielle, des vers de terre jusqu’aux bactéries. Explications avec Alain Bouthier, ingénieur ARVALIS – Institut du végétal spécialiste des sols et de la fertilisation.
De nombreux organismes vivants sont présentes dans le sol, mais ils ne sont pas tous connus.
Ils assurent diverses fonctions parmi lesquelles le recyclage des éléments minéraux par décomposition des fragments les plus fins de matières organiques restitués au sol. Cette fonction est principalement assurée par les micro-organismes de type bactéries ou champignons.
Les microarthropodes (la mésofaune) transforment de la matière organique fraîche en de la matière organique plus évoluée.
Quant aux vers de terre, ils permettent notamment de maintenir la structure et la porosité du sol. Parmi les autres fonctions, on peut citer la régulation des populations de bioagresseurs. Les organismes prédateurs vont permettre de maintenir des équilibres au sein du sol entre les différentes espèces.
L’absence de travail du sol favorise la diversité des espèces présentes
Les perturbations provoquées par le travail du sol vont modifier les habitats, la localisation des sources alimentaires et donc agir sur ces populations. Elles vont avoir un impact sur l’abondance, la diversité (au sein d’une même grande espèce) et l’activité des organismes. Trois paramètres qui sont évaluées dans les différentes études en cours.
En tendance, l’absence de travail du sol semble avoir un effet favorable sur la diversité des micro-organismes du sol. Les effets sont plus variables concernant l’abondance et l’activité, mais probablement moins cernés.
Davantage de vers de terre et de champignons
Les vers de terre sont actuellement les plus étudiés par les chercheurs. La simplification du travail du sol et le non labour permettent d’augmenter la biomasse et l’abondance d’une espèce de vers de terre, les anéciques, qui se déplace entre la surface et la profondeur du sol. En conséquence, le travail simplifié conduit à la création ou le maintien de la porosité.
L’absence de travail du sol (semis direct / travail très réduit) a également une influence sur la diversité des champignons et des bactéries. Il semble réduire la diversité des bactéries mais augmenter celle des champignons. Ceci semble assez corrélé par le niveau de perturbations induit.
Une perturbation modérée a plutôt pour effet de stimuler la diversité des êtres vivants tandis qu’une forte perturbation ou l’absence de perturbation réduisent la diversité. Mais dans les expérimentations étudiées, les modifications de travail du sol sont le plus souvent associées à la mise en œuvre d’autres techniques (implantation de couverts, apports de produits organiques, rotations). Il est ainsi difficile d’identifier l’effet du travail du sol seul.
Des fonctions biologiques jusqu’aux services rendus
Les études restent à approfondir sur le sujet notamment en vue de quantifier les services agronomiques et environnementaux en lien avec les fonctions assurées par les organismes du sol.