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GRAMINÉES ET LÉGUMINEUSES FOURRAGÈRES : CINÉTIQUE DE SÉCHAGE

GRAMINÉES ET LÉGUMINEUSES FOURRAGÈRES

COMPRENDRE LA CINÉTIQUE DE SÉCHAGE DU FOURRAGE AU CHAMP

Bien évidemment, les conditions météorologiques sont déterminantes pour faire sécher rapidement le fourrage. Mais il importe également de bien comprendre les différentes phases de séchage pour adapter l’itinéraire technique de récolte.

L’objectif du séchage est d’atteindre, en un minimum de temps, la teneur en matière sèche (MS) requise par rapport au mode de conservation choisi : 35 % pour l’ensilage de graminées, 45 % pour l’ensilage de légumineuses, 60 % pour de l’enrubannage et 85 % pour du foin. Minimiser le temps de séchage permet de limiter les pertes issues de la respiration du fourrage qui dégrade sa valeur alimentaire. Les cellules de la plante encore vivantes continuent en effet de respirer et consomment les sucres disponibles. D’un autre côté, le risque de pertes mécaniques (feuilles brisées) s’accroît avec l’augmentation de la teneur en MS du fourrage.

Même en cas de rendements élevés, faire sécher du fourrage pour obtenir du foin nécessite d’évaporer 3 mm d’eau maximum. Ceci correspond à l’évapotranspiration classique d’une belle journée de printemps. Or, dans les faits, il est quasiment impossible de faire du foin en moins de 24h lors du séchage au champ, des mécanismes de rétention d’eau dans la plante freinent son évaporation. De manière caricaturale, la dynamique de séchage d’un fourrage se décompose en trois phases (figure 1).

Figure 1 : La cinétique de séchage des fourrages suit trois phases d’une durée croissante

Après la fauche, les fourrages perdent rapidement une partie de l’eau contenue dans les feuilles. Les jours passant, l’évaporation de l’eau est de plus en plus lente.

Selon le rendement et les conditions météorologiques, il faut entre 1 et 3 jours de séchage au champ pour de l’ensilage, 2 à 4 jours pour de l’enrubannage, et 3 à 6 jours pour du foin. Il existe des différences importantes de temps de séchage entre une légumineuse, une fétuque élevée ou un ray-grass d’Italie (figure 2).

Figure 2 : La fétuque sèche plus rapidement que les autres graminées et les légumineuses

Une première phase de séchage rapide après la fauche

Durant la première phase de séchage, qui permet de passer de 20 % de MS environ lors de la fauche à 45-50 % MS, la perte d’eau est très rapide et se fait essentiellement via les stomates des feuilles encore ouverts. Ces stomates sont les organes où s’effectuent les échanges gazeux avec l’atmosphère. Parmi ces gaz, on retrouve la vapeur d’eau !

Faucher le fourrage dès la disparition de la rosée permet de profiter d’une exposition maximale aux rayons du soleil dès le premier jour.

Pour tirer profit au maximum de cette phase rapide, il importe de répartir le fourrage sur une surface importante. Pour ce faire, il est préférable de s’orienter vers des faucheuses rotatives classiques à plat ou conditionneuses munies de système d’éparpillement large. En cas d’utilisation de faucheuses conditionneuses laissant un andain étroit, le fanage sitôt après la fauche permettra de maximiser la surface d’exposition. Rappelons que dans le choix de l’équipement de fauche, il est important de prendre en compte l’agressivité du système de conditionnement en cas de forte présence de légumineuses dans le couvert et d’en adapter les réglages.

Le fanage est à raisonner en fonction de la quantité de fourrage fauché et des conditions météorologiques. Il peut s’avérer inutile en cas de rendements faibles et avec des conditions de séchage excellentes, même en foin. Dans les autres situations, le fanage doit intervenir dès lors qu’il existe une différence notable de teneur en MS entre le haut de la couche de fourrage et celui proche du sol. Son rôle est d’accélérer et d’homogénéiser la teneur en MS du fourrage.

Deuxième phase de séchage : la perte d’eau des tiges est plus lente

Le séchage ralentit durant la deuxième phase de séchage (45-50 % jusqu’à 65-70 % de MS). Les stomates des feuilles sont fermés, l’eau doit alors traverser la cuticule cireuse pour s’évaporer des feuilles. L’eau contenue dans les tiges est également difficile à évacuer car elle doit traverser des tissus épais qui freinent son évaporation. C’est à partir de 40-45 % MS que l’effet positif du conditionnement (rouleaux ou fléaux) s’exerce. En ayant plié/écrasé/frotté les tiges, le conditionnement facilite l’évacuation de l’eau.

En fin de 2e phase, l’aération du fourrage permet de faire circuler l’air et accélère le séchage.

En séchant 1,5 à 2 fois plus vite que les tiges, les feuilles de légumineuses deviennent cassantes. Il est alors primordial de positionner les interventions mécaniques (fanage, andainage) lors de période de réhumification par la rosée (matin ou soir).

Troisième phase de séchage : veiller à bien aérer les andains

La vitesse de dessiccation lors de la troisième phase (70 % à 85 % de MS) est la plus lente et dépend de l’aération de l’andain ainsi que de l’éventuel conditionnement lors de la fauche. L’eau sort essentiellement par les tiges. L’eau résiduelle est retenue dans la plante par des forces dites hygroscopiques. C’est le phénomène observé lorsque l’on met un morceau de sucre dans un verre contenant peu de liquide : le carré de sucre « absorbe » le liquide. Dans le cas des plantes, les composés organiques tels que les sucres et les protéines retiennent l’eau. Par ailleurs, lorsque le sol est humide, il peut ré humidifier le fourrage par le dessous. En ayant respecté une hauteur de fauche d’au-moins 6-7 cm, l’andainage permet alors de regrouper le fourrage pour l’aérer et l’isoler du sol.

Si les conditions de séchage sont peu favorables, privilégier le pré-andainage en constituant d’abord les petits andains et en les regroupant au dernier moment avant le pressage.

Anthony UIJTTEWAAL (ARVALIS – Institut du végétal)

 

 

 

 

 

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