Le 23 et 24 AVRIL dernier, la maison de la RATP a accueilli la conférence internationale concernant l’impact du changement global sur l’émergence des maladies et des ravageurs des plantes en Europe. Organisé par l’EFSA (European Food Safety Authority) et l’ANSES (Agence Nationale de Sécurité Sanitaire), l’evènement a réuni scientifiques et professionnels du secteur agricole partageant la même inquiétude sur la menace des diverses maladies s’attaquant aux plantes.
Le changement global fait références à trois modifications majeures de l’environnement, qui sont :
- le changement climatique ;
- l’internationalisation des échanges de biens et de personnes ;
- l’urbanisation croissante des territoires.
Les différentes interventions ont été regroupées sous quatre grands axes qui correspondent aux principaux facteurs impliqués dans l’émergence des maladies (champignons, virus…) et des ravageurs (insectes…) des plantes sur notre continent.
Impacts de la mondialisation des échanges commerciaux et des migrations humaines
Mondialisation oblige, le déplacement rapide de la population est une caractéristique et une liberté fondamentale de notre civilisation. Avec lui, l’Homme transporte des organismes nuisibles aux végétaux, et ce, malgré les réglementations drastiques établies par le FAO (l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture), à l’origine du traité multilatéral pour la santé des végétaux (CIPV) en 1952. En plus des phénomènes de migration humaine, le changement des systèmes alimentaires et des structures des échanges, favorisent l’introduction de contaminants. On entend par changement des systèmes alimentaires : l’utilisation massive de pesticides, l’introduction de plantes génétiquement modifiées, les nouvelles méthodes de transformation des produits.
Les contaminations par des organismes nuisibles augmentent en réponse à l’intensification de la commercialisation et à l’évolution des systèmes alimentaires. Seule la provenance de ces organismes nuisibles est identifiable, le moment et le lieu des épidémies émergentes restant imprévisibles. Au cours de ces deux derniers siècles, l’incidence des maladies nuisibles aux végétaux a augmenté de manière exponentielle. La plupart des nouvelles phytopathologies sont apparues à la suite de l’introduction de pathogènes exotiques dans un nouvel environnement.
Impacts du changement climatique
Le climat et l’agriculture sont étroitement liés et s’influencent réciproquement. Une augmentation des températures, même modérée, peut impacter négativement les rendements agricoles, selon les latitudes. Le changement climatique peut modifier la répartition pluviométrique, favorisant la prolifération d’espèces envahissantes. Les phénomènes météorologiques violents (inondations, gel, sécheresse…) peuvent ruiner en quelques heures des récoltes, mettant en péril, dans certains pays, la sécurité alimentaire des populations.
L’agriculture moderne provoque également des effets négatifs sur le climat. En France, elle représenterait environ 20% des émissions de gaz à effet de serre. L’élevage intensif des bovins notamment, émet principalement du méthane (40% des émissions) et de l’oxyde d’azote (50%), qui sont des gaz 30 fois à 300 fois plus réchauffant que le CO2 ! Il paraît donc urgent de muter progressivement notre société vers une agro-écologie responsable, qui bénéficierait aux ressources et à la biodiversité, sans mettre en péril la sécurité alimentaire.
Impacts des modifications des pratiques agricoles
La croissance continue de la population mondiale garantie pour les 40 prochaines années une augmentation de la demande alimentaire. Pour y faire face, la tentation est grande de céder à la mécanisation à outrance, à l’irrigation quasi permanente des terres, au recours massifs aux pesticides et au développement effréné des OGM mettant ainsi en péril la biodiversité, d’autant plus que l’agriculture moderne est économiquement plus rentable par rapport aux autres méthodes plus éthiques et respectueuses de l’environnement.
Contrôler et Anticiper l’apparition de nouvelles maladies émergentes
Il n’existe pas une solution unique. L’une des meilleures perspectives envisagées pour répondre à ce problème majeur est de protéger la biodiversité et de la mettre au service de la régulation biologiques des écosystèmes. Cela permettrait de diminuer significativement l’utilisation de pesticides grâce à des méthodes dîtes alternatives. Ces méthodes alternatives sont certes moins rentables, mais économisent davantage les ressources et n’épuisent pas autant les sols que l’agriculture moderne. Pour que ces méthodes soient intéressantes, elles doivent être durables, efficaces, procurer un bénéfice commercial ou public, respecter les réglementations et être facile à mettre en œuvre.
Les invasions biologiques touchent la quasi-totalité des écosystèmes et sont responsables de l’appauvrissement de la biodiversité. Ces invasions sont favorisées par le changement global qui fragilise nombre de terres agricoles. Il est légitime de se sentir démuni face à la diversité des maladies et des ravageurs qui sévissent en Europe sur les cultures. Le défi est double : innover dans des pratiques agricoles plus écologiques tout en assurant une sécurité alimentaire pour les prochaines décennies à la planète. S’il subsiste encore de nombreuses interrogations, des progrès ont été réalisés ces dernières années et la coopération entre scientifiques, professionnels et consommateurs reste indispensable pour apporter des solutions à long terme.
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