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OCP: Des drones pour une agriculture raisonnée dans la région de Safi

Premiers tests concluants de drones menés par le Groupe OCP dans la région de Safi. Après un passage réussi à Khouribga, nous sommes à Had Labkhati, une localité située à 60 km au Nord Est de Safi (chef lieu de la région des Abda) et à 20 km au Nord de la Municipalité des Shaim (Jemaa Shaim).

Source: leconomiste.com

Une zone agricole par excellence réputée pour la qualité de ses céréales et la richesse de ses sol «Tirs» favorables pour les cultures maraîchères et céréalières. Nous sommes en plein printemps. Il fait un temps doux en plein champ parsemé de fleurs, de coquelicots et de pissenlits au milieu d’un grand tapis verdoyant de céréales.

En même temps, la région est très exposée au stress hydrique. Les ressources en eaux souterraines ou superficielles ne sont pas assez importantes pour le développement d’une agriculture moderne.

Tout le défi est là! C’est dans ce contexte précis qu’un groupe de travail mixte du groupe OCP, une cellule pluridisciplinaire de chercheurs: agronome, ingénieur maths appliquées, informaticiens, logisticien, chercheuse en engrais/sols (Voir aussi encadré) mène des tests de drones dans la localité.

Une opération pilote menée par le chef de file, Fayçal Sahbaoui, ingénieur en maths appliquées (lauréat de Centrale Lyon). La mission de cette équipe consiste à recueillir des données agricoles (big data) via les nouvelles technologies (drones) pour développer des modèles analytics. Les cultures étudiées sont essentiellement de nature céréalière.

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 Après la phase de paramétrage des coordonnées GPS, le drone survole le sol à hauteur de 2 mètres dans un premier temps. Après quelques minutes, il prend son envol au dessus de la parcelle et monte jusqu’à 120 mètres d’altitude

«Pour étudier minutieusement le sol, nous recueillons une multitude de données via des images satellites que nous analysons pour formaliser des recommandations aux fellahs. L’image satellitaire est plus exigeante en termes de conditions climatiques», précise le chef de file.

L’enjeu est de «passer d’une culture et de pratiques traditionnelles vers une agriculture de précision et raisonnée, qui optimise les rendements tout en apportant un traitement adapté à chaque zone», explique cet ingénieur trentenaire. Le principe repose sur le recours à la technologie drone et des données satellitaires exhaustives.

Le dispositif se décline en appareils dotés de caméras qui prennent des photos, de l’ensemble des parties d’une parcelle zone par zone, convertibles en données via traitement d’images. Le choix de ce dispositif s’est fait sur la base de recommandations d’experts et de partenaires stratégiques par région, à l’instar de la Fondation OCP. Objectif: croiser les données, analyser les indicateurs pour formuler des recommandations aux fermiers, techniciens agricoles et autres propriétaires terriens.

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Tablette, manettes, connexion, réglages… Rechargeable
par batterie, l’appareil dispose d’une autonomie de 25 minutes

«Nous travaillons sur plusieurs leviers à partir desquels nous pourrions agir pour améliorer le rendement de la plante. Parmi ces leviers, il y a les engrais, l’eau, les pratiques culturales, les intrants (produits phytosanitaires), ou encore la nature du sol, la météo… Derrière chaque levier, il y a une multitude de données et de paramètres», résume sur place le pilote du projet. Même si la technologie drone a déjà fait ses preuves en Europe, au Maroc elle en est encore à ses débuts. Pour ce cas précis, «le recours au numérique permettra de répondre à une grande interrogation: Comment faire mieux vivre nos agriculteurs tout en améliorant leur rendement et leurs charges/coûts. La maîtrise des données est l’une des grandes réponses sur l’avenir du modèle agricole», explique un expert.

En fait, cette opération de big-data agricole se décline en plusieurs couches, dont les données (data) constituent la matière première. Tout l’enjeu consiste à couvrir la plante en données mesurables et analysables. «La technologie drone permet de prendre des photos, convertibles en données qui viennent alimenter l’ensemble des leviers», insiste l’ingénieur de l’OCP.

«A partir de là, nous pouvons convertir les données en nutriments qui alimentent la culture du fermier», poursuit-il. «In fine, cela permettra d’accroître le rendement à l’hectare, tout en optimisant les apports en irrigation, les semis… Si le process est maîtrisé de bout en bout, nous aurons une agriculture de précision, raisonnée et durable avec une forte dose d’innovation et de valeur ajoutée», fait valoir Fayçal Sahbaoui. 

Concrètement, dans un premier temps, les équipes procèdent à un travail de repérage GPS des périmètres des parcelles pour avoir les coordonnées GPS du site. Ce qui permet de schématiser et circonscrire le terrain étudié. Vient juste après le lancement des photos via drone pour élaborer des cartes de parcelles.

Chaque photo prise correspond à une surface de 10 m2. S’ensuivent le traitement des photos (prises par drones) et leur conversion en données pour analyse. De là, l’équipe formalise des recommandations précises pour chaque 10 m2. L’exercice consiste à faire des compilations pour extrapoler sur l’ensemble de la parcelle.

«Le mérite du recours à cette technologie de pointe permet de mieux piloter les parcelles via un dosage précis d’engrais, avec une optimisation des utilisations pour des cultures de précision», fait valoir Sahbaoui. In fine, «l’enjeu de cette opération n’est pas dans la technologie elle-même, le plus important réside dans la dimension culturelle de la population ciblée, les cultivateurs en l’occurrence», tient à préciser le jeune cadre.

Mais pour que ce travail soit suivi d’effets, il y a un effort pédagogique à faire auprès des fellahs, propriétaires terriens, exploitants, population locale, autorités, associations, coopératives… «Il va falloir changer de mindset», souffle un autre ingénieur de l’équipe. Et c’est là où réside la valeur ajoutée de la démarche OCP.

Pour optimiser les retombées, le groupe se fait accompagner par des personnes relais, surtout des acteurs associatifs locaux, dont le rôle est de vulgariser les messages et sensibiliser les différents publics-cibles.

«Les relais qui nous accompagnent ont une sensibilité agricole, doublée d’une parfaite maîtrise de la culture locale, des contraintes… De plus, ils ont le vocabulaire qu’il faut pour changer les mentalités en plus d’une connaissance des nouvelles technologies. Leur mission consiste à servir de passerelle voire un trait d’union pour vulgariser des messages techniques et les traduire en recommandations claires aux fellahs. Ils doivent démontrer l’impact arguments à l’appui», fait valoir la cellule OCP, déployée dans la région Abda.

Du coup, «dès qu’il y a de l’intérêt, les personnes relais facilitent la communication et passent les recommandations avec subtilité. A Had Labkhati, la phase actuelle intervient à une vingtaine de jours avant le démarrage de la moisson. En fin de saison, vers juin/juillet, les équipes procèderont à d’autres collectes de données qu’elles croiseront pour dresser le bilan chiffré des récoltes et en tirer des conclusions.

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Une fois tous les éléments synchronisés, le coup d’envoi est donné. L’avion mouche s’envole au point de n’être plus visible. Seul le son du bourdonnement permet de localiser son emplacement au ciel

Côté cultivateurs, certains se montrent très réceptifs. D’autres ont du mal à comprendre le lien entre la technologie et l’agriculture. D’autres encore se montrent un tant soit peu sceptiques: «De toute façon, tout dépend de la pluie, de l’eau,…», affirme un agriculteur trentenaire. Ce qui n’est pas faux non plus, admet la cellule d’ingénieurs. Le grand enjeu est de capter cette génération de jeunes fellahs, capable de transmettre cette révolution agricole.

Pour l’heure, la population locale ramène tout à la fatalité. Tout dépend de la composante eau, de la pluviométrie et des conditions climatiques. D’autant plus que nous sommes dans une zone semi-aride. Bon an mal an, la moyenne des précipitations ne dépasse pas 300 mm par an.

«Cette année, même s’il a beaucoup plu, nous ne dépassons pas 200 mm. C’est finalement une campagne très moyenne», confie un agriculteur sur place. Même lorsque tout se passe bien, les cultivateurs se trouvent face à une grande inconnue: les prix d’un marché très peu rémunérateur.

Car le blé tendre est tributaire d’un prix de référence autour de 260 DH le quintal. «Quelle que soit la récolte, c’est le marché qui a le dernier mot», explique un fellah quadragénaire. Selon lui, le coût de revient d’un investissement dans les céréales tourne autour de 6.000 DH/ha par an. Au meilleur des cas, la recette est autour de 9.000 DH. Soit un revenu de 3.000 DH par an à l’hectare pour une famille d’au moins 6 personnes».

Autre particularité, l’élevage n’est pas très prisé dans la région. Face à ce fatalisme dicté par la pluviométrie et un marché peu rémunérateur, les jeunes sont tentés par l’exode rural vers Casablanca, Safi, Marrakech, El Jadida… ou encore l’immigration, surtout en Italie ou l’Espagne.

D’où l’intérêt de cette opération de l’OCP qui ambitionne d’optimiser les cultures, les récoltes et le rendement à l’hectare. «Notre objectif est d’opérer des changements de manière à produire mieux et à moindres coûts», explique l’ingénieur de l’OCP qui supervise l’équipe en charge des drones.

Ce qui devrait pérenniser les revenus, sédentariser les ménages, limiter l’exode voire motiver les plus jeunes pour plus d’implication dans l’activité agricole. Parmi les principales cultures de la zone Labkhati, figurent les céréales (surtout un blé dur irrigué réputé de meilleure qualité et l’orge), les légumineuses (maïs, pois-chiche, lentilles…).

«Pour les céréales, le record de la moisson a été enregistré en 2004. C’était une campagne exceptionnelle avec une récolte de 80 quintaux à l’hectare. Aujourd’hui, au meilleur des cas, nous récoltons entre 40-45 voire 50 qx/ha», tient à préciser un acteur associatif très impliqué en tant que relais de l’opération Drones.

Pour l’heure, les chercheurs de l’OCP mènent des études assez poussées. A ce stade, ils sont en train de faire les premiers tests pour évaluer l’impact de l’opération pilote. Tout dépendra du retour sur investissement, le coût, les gains induits, voire les expérimentations… avec indicateurs chiffrés à l’appui.

Une fois les tests concluants, la réflexion consiste à extrapoler à grande échelle dans plusieurs régions et ce, de façon graduelle.  L’objectif est de dupliquer l’exercice dans d’autres territoires à fort potentiel cultural tels que les régions de Khouribga, Errachidia, Safi, Meknès ou encore El Jadida. Il a fallu près d’un an de travail, pour la cellule OCP, pour monter ce projet d’envergure nationale dont les retombées changeront certainement la donne avec une montée en valeur ajoutée dans les pratiques quotidiennes du petit fermier.

                                                                                                 

Mode opératoire mi-mouche, mi-avion…

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Au départ, les équipes techniques procèdent à des paramétrages pour connecter les coordonnées GPS avec les drones. Le repérage se fait via tablette, à l’aide de manettes. Quelques minutes après le démarrage du drone muni de capteurs, l’appareil survole le sol à hauteur de 2 mètres. Moins de 5 mn plus tard, le bourdonnement s’accentue. L’appareil mi-mouche, mi-avion prend son envol au-dessus du champ de céréales et mesure les données paramétrées (sols, besoins en azote, santé des plantes/maladies, rendement…).

Une fois ces données recueillies, elles permettent d’avoir des idées précises sur les besoins millimétriques en engrais, en irrigation, en traitement/dosage… pour chaque parcelle. Le drone utilisé dans la localité de Labkhati est de technologie chinoise. C’est un DJI Phantom 4 Pro (dont le prix oscille entre 14.000 et 20.000 euros).

En termes d’altitude, le drone peut monter jusqu’à 500 mètres maximum. Mais pour ce type d’exercice, les équipes se limitent à 120 mètres dans le ciel. Rechargeable par batterie, l’appareil dispose d’une autonomie de 25 minutes. Cette autonomie peut couvrir une superficie allant jusqu’à 45 ha.

Pour d’autres besoins, elle peut même aller au-delà et couvrir 100 ha en 2 étapes de 8h chacune (16 heures au total, soit 2 jours). Pour cette opération, les équipes se limitent à couvrir des parcelles de 9 ha, pendant une durée de 6 mn/32 secondes par parcelle.

Solutions à la carte

L’approche des équipes de l’OCP s’articule autour de plusieurs axes. Il a été décidé de mener un travail région par région, culture par culture ou encore sous le prisme de la taille des superficies. «Il faut aller étape par étape, pour pouvoir sortir avec des conclusions transversales et des recommandations exhaustives», précise la cellule.

L’originalité réside également dans la gouvernance de la collecte et la diffusion de l’information. Sur un tout autre registre, il y a une semaine, le groupe OCP a présenté lors de la 13e édition du Siam la solution «Smart Blender». Une unité de production de proximité qui offre des engrais NPK Blend adaptés aux besoins. L’unité en question offre un engrais NPK sur mesure adapté aux besoins de chaque culture et de chaque parcelle, pour une rentabilité optimale. En marge du Siam, l’OCP a également présenté la solution «SoilOptix».

Un dispositif de précision basé sur la technologie Gama. Il permet de scanner la parcelle et offrir des cartes de haute définition en macro et micro-éléments. Combinée à l’analyse du sol, la solution SoilOptix permet une fine connaissance des besoins des sols et contribue à en améliorer le rendement tout en préservant la durabilité des ressources.

 

Source: leconomiste.com

                                                                                                 

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