Quand les robots remplacent les hommes dans l’agriculture
D’ici 2050, la population mondiale va augmenter de près de 3 milliards d’habitants, ce qui correspond à la population actuelle de toute l’Afrique, de l’Europe et des États-Unis réunis ! Au cours des 20 dernières années, la population mondiale est passée de 5,7 à 7,2 milliards d’habitants
Parallèlement, la production mondiale de céréales a augmenté d’environ 25 % au cours de ces 20 dernières années, passant globalement de 2 à 2,5 milliards de tonnes. Mais pour faire face à la poussée démographique mondiale, l’Humanité va devoir produire environ 1 milliard de tonnes de céréales en plus d’ici 2050, ce qui va nécessiter, en supposant que les surfaces cultivables mondiales restent au niveau actuel, une augmentation moyenne des rendements céréaliers de l’ordre de 40 %.
Pour relever ce défi agricole mondial, tous les leviers vont devoir être utilisés : il faudra notamment réorganiser profondément au niveau international les circuits de production, de stockage et de vente des produits agricoles pour réduire au moins de moitié l’impensable gaspillage de la production agricole qui représente environ 40 % de manque à gagner en termes de produits alimentaires.
Des choix politiques difficiles devront également être faits en termes d’affectation des usages sur les surfaces de terres très importantes, potentiellement cultivables mais actuellement non exploitées, faute de rentabilité et de main-d’œuvre suffisantes. En effet, contrairement à une idée reçue tenace, notre planète ne craint pas la pénurie de terres cultivables puisque 2,5 milliards d’hectares cultivables ne sont toujours pas exploités au niveau mondial et qu’on pourrait encore mettre en culture au moins 970 millions d’hectares, ce qui est, en théorie, très largement suffisant pour assurer à l’ensemble de la population mondiale en 2050 une ration alimentaire de 3000 calories par personne.
Toutefois, ce scénario, bien que solide et réaliste, n’intègre pas une variable de taille, celle des effets considérables du changement climatique en cours sur les rendements et la production agricoles mondiale.
Heureusement pour l’Humanité, des progrès scientifiques considérables sont intervenus récemment dans les domaines génétiques, génomiques et agronomiques et permettent d’envisager à moyen terme la mise en culture à grande échelle des nouvelles espèces de plantes agricoles qui seront capables de s’adapter à des conditions climatiques et météorologiques beaucoup plus difficiles.
Les robots au service des cultures
Après des décennies d’expérimentation et de tâtonnements, les robots ont enfin fait leur entrée à la ferme. L’Australie par exemple, a développé un robot, baptisé LadyBird,une machine totalement autonome fonctionnant grâce à l’énergie solaire qui a déjà passé avec succès de nombreux tests réalisés dans des champs de légumes mais qui se contente de surveiller la « bonne santé » des cultures et plantations.
Mais les chercheurs australiens travaillent déjà au développement d’autres types de robots agricoles, capables non seulement de surveiller les cultures mais également de récolter ou de désherber sans intervention humaine. Ce type de machine est d’ailleurs déjà utilisé dans les vignes, avec le robot VitiRover, un étonnant petit véhicule à quatre roues chargé de tondre la végétation autour des ceps de vigne.
Pour être encore plus efficaces, ces robots agricoles sont de plus en plus souvent assistés par des drones qui permettent d’obtenir des vues aériennes très précises des cultures et de détecter pratiquement en temps réel les nombreux types de problèmes susceptibles d’affecter ou de diminuer la productivité agricole.
Ces nouveaux robots agricoles commencent également à être utilisés dans la fertilisation et permettent de réduire de manière très sensible l’utilisation de produits chimiques(aux États-Unis, dans la production de maïs du Middle-West).
Les robots au service de l’élevage
Les robots sont également en train de totalement transformer le secteur de l’élevagepar l’utilisationd’un nouveau mode de traite. Chaque vache est munie d’un collier électronique communicant qui permet au robot de la reconnaître et de lui délivrer la quantité exacte de concentré et de nutriments dont elle a besoin. Pendant que les vaches s’alimentent, le robot nettoie le pis puis quatre trayons à guidage laser viennent se positionner sur les mamelles de la vache.
Selon les éleveurs, l’utilisation de ce robot a totalement transformé leur métier et malgré son il va s’imposer rapidement dans le secteur de l’élevage en raison des gains de productivité qu’il permet mais également parce qu’il améliore l’intérêt de la profession et la qualité de vie des exploitants.
L’ensemble des informations recueillies et gérées par le robot sont traitées par un logiciel consultable à tout moment à partir du Smartphone de l’exploitant. Ce logiciel permet notamment d’alerter automatiquement par SMS l’agriculteur, dès qu’un événement important ou anormal se produit. L’exploitant peut ainsi suivre individuellement le développement de chaque bête et optimiser parfaitement l’ensemble de ses différentes productions et activités.
L’informatique a également envahi les outils et installations agricoles
Exemple : grâce à des logiciels spécifiques, les agriculteurs peuvent
– ajuster la vitesse de leur tracteur.
– savoir exactement quelle quantité d’aliment pour bétail il reste dans ses silos, planifier ses livraisons et éviter tout risque de rupture de stock.
– adapter et individualiser en temps réel l’alimentation des animaux, en fonction de leur état et de leurs besoins,
Robotique, informatique et électronique permettent également des progrès décisifs en matière de sécurité et de confort de travail pour les agriculteurs (transport de sacs et de récoltes en terrain difficile, réductiondes risques d’accident, remplacer l’homme pour l’exécution des tâches pénibles ou dangereuses…). En outre, une seule personne peut commander plusieurs machines.
Pour alimenter l’ensemble de ces systèmes et installations informatiques et robotiques terrestres, les agriculteurs pourront également compter sur un nouvel auxiliaire indispensable : le drone, avec des images permettant d’établir un diagnostic précis de leurs surfaces cultivables. L’exploitant peut ensuite réorienter éventuellement ses choix de productions et ajuster l’utilisation des engrais et désherbants, ce qui améliore l’état des sols et des nappes phréatiques, tout en permettant des gains de productivité et des économies pour l’agriculteur…
Pour les maraîchers et l’agriculture « Bio » un robot agricole baptisé « Oz » est capable de s’orienter dans son environnement à l’aide d’une caméra vidéo et de biner sans tasser le terrain. L’agriculteur n’a plus besoin de désherber et peut en outre éviter l’utilisation de désherbants ».
Mais l’ensemble de ces nouvelles technologies robotiques et numériques ne sont pas réservées aux pays développés et pourraient bien, à terme, révolutionner également les pratiques agricoles dans les pays émergents, notamment en Afrique. Des chercheurs ont récemment mis au point une technique permettant de mesurer la pluviométrie, en se basant sur des informations recueillies par les opérateurs de téléphonie mobile, dans la transmission du signal entre deux pylônes. Cette innovation permet de mesurer et de prévoir les niveaux de précipitations de manière bien plus précise et bien moins coûteuse que tous les outils actuels.
En février 2014, une étude de marché a estimé à 817 millions de dollars le marché mondial de la robotique agricole en 2013 et ce chiffre pourrait être multiplié par vingt d’ici 10 ans, atteignant les 16,3 milliards de dollars d’ici 2023… En réalité, il est probable que ce marché se développe de manière encore plus importante, notamment à cause des immenses besoins que pourrait satisfaire la robotique agricole dans les pays émergents.
Demain, quand il faudra nourrir près de 10 milliards d’êtres humains en leur proposant une alimentation de qualité à un prix abordable, issue de modes de production agricoles plus respectueux de l’environnement et de la santé, les robots agricoles intelligents deviendront totalement indispensables et les jeunes agriculteurs qui nourriront leurs populations dans 30 ans ne s’imagineront même pas comment il était possible de travailler sans ces auxiliaires dévoués et irremplaçables !
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