Les pulvérisateurs agricoles dans la protection phytosanitaire des cultures sous serres
Une technologie en constante évolution
La technologie des appareils de protection des cultures d’une manière générale et celle utilisée dans le traitement sous serre en particulier a beaucoup évolué ces dernières années. Cette évolution a été marquée par le développement de nouveaux systèmes ayant pour objectifs d’améliorer l’efficacité des produits, de réduire le temps de travail et les coûts des opérations de traitement phytosanitaire et de minimiser les risques de contamination de l’opérateur et de l’environnement.
Dans les pays développés, beaucoup d’efforts ont été déployés en matière de réglementation par l’élaboration de plusieurs systèmes de normes définissent les exigences minimales auxquelles doivent répondre les appareils de pulvérisation. Parmi ces normes, il y a lieu de citer les normes ISO au niveau international, les normes EN au niveau Européen ainsi que des normes nationales propres à chaque pays. En Europe par exemple, en plus des normes, des directives (à caractère obligatoire) ont été instaurées auxquels les fabricants de matériel de pulvérisation doivent se conformer.
Le présent article a pour objectif de mettre le point sur les progrès actuels en matière des pulvérisateurs agricoles. Au Maroc, ces appareils restent des outils incontournables dans l’itinéraire technique des cultures sous serre avec un nombre de passage dépassant parfois les 20 passages par cycle de culture. Ainsi le choix d’un tel matériel est déterminant dans la réussite des traitements phytosanitaires.
Le pulvérisateur à pression de liquide à jet projeté à lances :
quelques progrès au niveau du circuit liquide, des buses et leurs supports
Les pulvérisateurs à pression de liquide à jet projeté restent les plus dominants dans la protection des cultures sous serres. Ils offrent l’avantage de permettre le passage des opérateurs avec leurs lances à l’intérieur des serres.
Les cuves et leurs accessoires
Ce sont des réservoirs contenant le liquide à pulvériser en principe à la pression atmosphérique. L’évolution de cet organe apparait au niveau de leur forme et les matériaux de fabrication. Ainsi les formes actuelles sont conçues de manière à assurer la vidange la plus complète possible. Au point le plus bas et au point de convergence des pentes de la paroi intérieure sont situées des poches de vidange et de puisage. Concernant les matériaux, pendant longtemps la tôle galvanisée et d’autres matériaux tels que le cuivre et le laiton ont été largement utilisés. Mais ces dernières années, pour des raisons de prix de revient, de corrosion ainsi que d’autres facteurs, ces matériaux sont de plus en plus abandonnés pour être remplacés par des matières plastiques.
L’évolution des cuves apparait également au niveau du développement de leurs accessoires. Parmi ces accessoires, il y a lieu de citer la cuve de rinçage qui est un petit réservoir contenant de l’eau claire ayant pour rôle de diluer les restes de la bouillie se trouvant dans la cuve (Photo N° 1). Il est recommandé que la capacité de cette cuve soit au moins égale à 10% de la capacité de la cuve principale ou 10 fois le volume de fond de la cuve. Le nettoyage des parois de la cuve est optimal dans le cas où le système est équipé de buses de rinçage.
Au niveau des cuves, un incorporateur de bouillie peut être également utilisé qui est destiné à faciliter la manipulation et le mélange du pesticide à l’eau lors du mélange de la bouillie (Photo N°2). Il est constitué d’un petit réservoir comprenant le produit à pulvériser. Ce réservoir est relié au tuyau de remplissage en eau de la cuve au niveau d’un venturi qui permet l’aspiration du produit et sa dilution.
Enfin, avec la cuve, on rencontre le lave main qui est un simple réservoir contenant de l’eau propre permettant aux opérateurs de traitement de se nettoyer les mains dans les lieux des traitements. Sa capacité doit être au minimum de 15 litres.
Organe de pulvérisation :
une évolution au niveau de la caractérisation
Les buses ont connu également une grande évolution ces dernières années. Ainsi, parmi les progrès réalisés, il y a lieu de citer leur caractérisation et plus particulièrement la mesure de la taille des gouttelettes. En effet, avec le développement des techniques de mesure telles que le laser, les fabricants de buses offrent des informations précieuses sur la taille des gouttelettes pour différents dispositifs de pulvérisation. Ceci permet aux agriculteurs, par consultation de catalogues, de raisonner les réglages des pulvérisateurs en jouant sur la taille de gouttelettes en fonction de type de buses, leur calibre et les pressions de service.
Supports de buses
Au niveau des traitements sous serre, les supports de buses les plus utilisés sont les lances. Ces lances doivent être légères et faciles à manier, et les pastilles des buses doivent être faciles à changer. Concernant la gâchette, elle doit permettre de réaliser aussi bien des traitements à jet continue pour un traitement généralisé que des traitements à jet discontinue pour localiser le produit à des endroits précis.
Des rampes verticales multi buses (Photo N°3) sont également proposées par des constructeurs de matériel de pulvérisation. Ces rampes peuvent être utilisées de différentes manières : portées ou tirées (fixées sur un chariot) par l’opérateur ou montées sur un châssis tiré par un mini tracteur dans le cas où leur passage à l’intérieur de la serre est possible.
Autres technologies susceptibles d’être adoptées sous serre
Si ces progrès ont touché les pulvérisateurs à pression liquide à jet projeté, d’autres techniques ont vu également le jour à travers le développement des pulvérisateurs à pression liquide à jet porté, les pulvérisateurs centrifuges et les pulvérisateurs électrostatiques. Généralement ces technologies exigent le passage de petits tracteurs entre les rangs à l’intérieur des serres.
Les pulvérisateurs à pression de liquide à jet porté
Les pulvérisateurs à pression liquide à jet porté utilisent, en plus de la pression de liquide, un courant d’air pour le transport des gouttelettes (Photo N°4). Ils permettent aux gouttelettes de mieux pénétrer dans le feuillage et donc au produit d’atteindre un maximum de feuilles. Le jet porté est adapté à la pulvérisation fine. De même, le courant d’air crée un tourbillonnement permettant aux gouttelettes de toucher aussi bien les parties visibles que les parties cachées. Ce principe est bien adapté lors des traitements à grande végétation comme c’est le cas pour une grande partie des cultures sous serre.
Les pulvérisateurs centrifuges
Développée au début pour les traitements aériens, la pulvérisation centrifuge est actuellement de plus en plus rencontrée dans les traitements terrestres y compris sous serre. Le principe de base consiste à amener le liquide à faible pression à un disque tournant à grande vitesse. La pulvérisation s’opère par arrachement en périphérie des disques sous l’effet de la force centrifuge. Ce système de pulvérisation offre l’avantage de générer de fines gouttelettes dont la taille reste relativement homogène. De même, la taille des gouttelettes varie en fonction de la vitesse de rotation du disque. Elle permet l’application de pesticides à des bas volumes. Les organes de pulvérisation peuvent être constitués par des disques qui sont en matière plastique dont la périphérie est généralement striée pour améliorer la division en fines gouttelettes. Au niveau de la pulvérisation centrifuge le transport des gouttelettes peut être assuré par un courant d’air généré par un ventilateur. Un exemple de pulvérisateur centrifuge portatif figure dans la photo N° 5.
Les pulvérisateurs électrostatiques
Cette catégorie des pulvérisateurs utilise la force électrostatique pour améliorer la pénétration et les dépôts des produits au niveau de feuillage. Elle permet d’avoir une bonne répartition des gouttelettes aussi bien au niveau des faces supérieures qu’inférieures des feuilles. Le principe de fonctionnement est basé sur les lois électrostatiques qui consistent à charger les gouttelettes qui sont attirées par les plantes.