Les nématodes phytoparasites :
petits vers microscopiques, gros dégâts macroscopiques et économiques
Les Meloidogyne ou « nématodes à galles » sont des vers ronds de la famille des Tylenchida. Ils ont été découverts au XIXème siècle comme étant des phytoparasites des cultures au niveau de la zone intertropicale et des régions tempérées chaudes. Les dégâts causés aux cultures maraîchères, plus principalement aux cultures de tomates sous-serre dans la région du Souss-Massa au Maroc sont considérables. Au niveau mondial, ce sont plus de 100 milliards d’euros/an qui sont incombés aux nématodes, la plupart de ces pertes étant dues aux Meloidogyne.
Le genre Meloidogyne se subdivise en plusieurs espèces, toutes phytophages, dont les plus répandues, sont : M. arenaria, M. incognita, M. hapla et M. javanica.
Le nombre d’espèces végétales sensibles aux Meloidogyne est très élevé (plus de 2000 espèces, chiffre en constante augmentation), en voici une liste non exhaustive : le tabac (Nicotiana tabacum), le café (Coffea arabica), la tomate (Solanum lycopersicum), le Niébé (Vigna sinensis), le Kénaf (Hibiscus cannabinus L.), la Canne à sucre (Saccharum officinarum), le thé (Camellia sinensi), la carotte (Daucus carota), le melon (Cucumis melo).
Les Meloidogyne ont un stylet qui leur sert à percer les parois des cellules des racines des plantes-hôtes. Dès son entrée dans la racine, la larve va provoquer le grossissement des cellules corticales. Les « cellules géantes » ainsi formées formeront une galle, caractéristique de l’attaque d’un Meloidogyne.
Cycle de vie des Meloidogyne
Les masses d’œufs contiennent des larves Meloidogyne de stade J1 (Juvenile 1). Une fois écloses, les larves libres J2 (Juvénile 2) sont des parasites obligatoires qui ne peuvent continuer leur cycle au stade adulte qu’à l’intérieur des racines d’une plante-hôte. Pour cela, elles vont nager dans la pellicule d’eau entourant les particules du sol. Une fois pénétré dans la racine grâce à son stylet, les juvéniles se déplacent intra- et inter-cellulairement. Elles vont ainsi se déplacer jusqu’au cylindre central le long duquel elles vont s’immobiliser. A ce moment, les juvéniles vont donner lieu à des adultes sexués qui vont alors présenter un fort dimorphisme : les mâles vont rester vermiformes et libres tandis que les femelles vont devenir pyriformes et sédentaires, la tête logée dans les cellules géantes. Puis les femelles vont pondre des œufs (environ 500/masse) réunis par une substance gélatineuse en une masse à l’intérieur de laquelle on peut trouver des œufs à tous les stades de leur développement, depuis le stade unicellulaire jusqu’aux juvéniles prêts à éclore.
Ecologie
Le développement d’un œuf entre ces deux stades prend de sept à neuf jours à 28°C. Une température plus élevée va accélérer ce cycle, par contre des températures au dessus de 40°C seront létales. Les œufs sont la forme de résistance du nématode, ils survivront donc aux conditions défavorables. En l’absence de mâle, la femelle peut produire des œufs fertiles de manière parthénogénétique.
Phytopathologie
Les symptômes typiques d’un dommage causé par les nématodes à galle sont une réduction du système racinaire, une distorsion de la structure racinaire ou l’augmentation du diamètre des racines, la présence de galles. La plante va alors jaunir, flétrir et une perte en rentabilité sera observée (Agrios, 1997). Les symptômes s’apparentent à des déficiences nutritionnelles d’une plante cultivée sur un sol « fatigué ».
Méthodes de lutte
Des pratiques culturales différentes permettent de limiter les infestations par les nématodes.
- Cycles de culture différents : actuellement les plantations au Maroc ont lieu fin Août/début Septembre, soit quand le sol est encore très chaud ce qui permet un développement optimal des nématodes. Une campagne plus courte avec une intercampagne en plantes non-hôte peut permettre de réduire la densité de l’inoculum.
- L’arrachage de chaque plant infecté, la destruction de sa racine après isolement. Une racine laissée au sol permet d’incuber l’inoculum et de préserver les populations de nématodes.
- La solarisation des sols permet de soumettre les pathogènes à la dessiccation et également réduire la densité d’inoculum.
- La désinfection des sols avant chaque campagne permet de repartir « de zéro » au niveau du sol, mais les nématodes deviennent de plus en plus résistants aux produits chimiques.
- L’utilisation de variétés résistantes fonctionne quelques années, mais là aussi les nématodes sont capables de s’adapter et de devenir résistants à ces gènes
- Hygiène stricte dans les serres, décontamination systématique des mains, du personnel et du matériel.
- Lutte biologique, par l’utilisation de microorganismes pathogènes contre les nématodes : des champignons filamenteux (ex : Paecilomyces lilacinus, Verticillium chlamydosporium, etc), des bactéries (Pasteuria penetrans, …), etc.
Conclusion :
Les Meloidogyne ou nématodes à galles sont un vrai fléau des cultures maraîchères sous-serre de l’Afrique sub-saharienne. Une bonne connaissance de leur cycle de vie peut permettre de trouver des alternatives intéressantes par rapport à la lutte chimique classique, conformément aux nouvelles règlementations et directives de plus en plus restrictives. Les champignons filamenteux dits « nématophages » peuvent en effet être utilisés comme Agents de lutte biologique, puisqu’ils sont capables de se nourrir des nématodes. Différentes stratégies de piégeage peuvent être mises en place pour réguler les populations de pathogènes dans les sols et seront développées dans les articles suivants.