La tavelure des pommes : Les bons réflexes
Provoquée par le champignon ascomycète Venturia inaequalis, la tavelure du pommier est présente dans toutes les régions du monde, là où cette espèce est cultivée. Mais sa présence est plus importante dans les régions à climat tempéré humide durant la période printanière. Ce redoutable champignon se manifeste par des lésions sur les feuilles et sur fruits altérant fortement à la fois le rendement et la qualité du produit à la récolte. Il présente de ce fait une sérieuse menace économique pour les arboriculteurs des pays où le marché de la pomme occupe une place importante.
Considérée comme la principale maladie en vergers, la tavelure du pommier nécessite dans certains pays jusqu’à 30 traitements annuellement. Les épidémies de tavelure sont influencées par plusieurs facteurs, notamment les conditions climatiques au printemps, la sensibilité des variétés et l’état sanitaire du verger. Ce champignon peut provoquer une importante chute du rendement et rendre les fruits impropres à la consommation. Il infecte d’une manière générale les fruits, les feuilles et les rameaux ce qui perturbe le bon développement de l’arbre et peut ainsi affecter même la récolte de la campagne suivante.
Contamination
La période de contamination s’étend sur les 8 ou 10 semaines qui suivent le débourrement. Le risque est particulièrement élevé au moment de la chute des pétales. Leur insertion forme une porte d’entrée pour le champignon.
Facteurs favorables
– Conditions climatiques : la tavelure est favorisée par des conditions humides à partir du débourrement et des températures comprises entre 7 et 25°C.
– Variétés : les pommiers présentent une sensibilité plus ou moins forte à la maladie selon les variétés. La plupart de celles qui sont cultivées aujourd’hui y sont sensibles.
Symptômes
La maladie entraîne l’apparition de lésions brunes ou noires très caractéristiques à la surface des bourgeons, des feuilles, des fruits et parfois des rameaux. En présence d’une forte attaque avant maturité, la pomme se déforme, des crevasses et des fissures apparaissent au niveau de la peau mais aussi de la chair. Lorsque les pédicelles sont à leurs tours infectées, la maladie entraine une chute prématurée des fruits. A noter que les infections ayant lieu avant la récolte peuvent passer sous silence au moment de la cueillette et provoquer l’apparition de symptômes en cours du stockage.
Moyens de lutte
La stratégie de lutte contre la tavelure doit d’abord être préventive. L’utilisation de variétés ayant une sensibilité réduite à la maladie est à privilégier.
1- Mesures prophylactiques
Venturia inaequalis se conserve essentiellement sur les feuilles tombées au sol. De ce fait, toutes les méthodes prophylactiques permettant de détruire les feuilles au sol doivent être mises en œuvre afin de réduire la présence d’inoculum primaire dans le verger, de même que les techniques qui contribuent à créer des conditions défavorables aux attaques de ce champignon :
- A la chute des feuilles, il est vivement conseillé de ramasser et de détruire les rameaux, les feuilles et les fruits malades tombés au sol ainsi que les fruits malades restés sur l’arbre afin de limiter les contaminations l’année suivante.
- Travail du sol permettant l’enfouissement des feuilles non détruites ;
- Espacement raisonnable et bien étudié entre les arbres et les rangs d’un verger au moment de la plantation ;
- Opter pour une taille adéquate et régulière des arbres qui laisse la végétation assez aérée
- Assurer une fertilisation azotée raisonnée.
2- Lutte chimique
La lutte chimique raisonnée doit reposer sur le principe de prévenir toute infection primaire due à la projection d’ascospore afin de déjouer les contaminations secondaires.
Prévention :
Il est possible d’intervenir préventivement contre la tavelure, lorsqu’un passage pluvieux est annoncé et qu’il y a risque de contamination par les ascospores. Lorsque l’agriculteur se trouve face à des conditions climatiques favorables à l’apparition de la tavelure sur le pommier, il est conseillé de prospecter son verger et d’utiliser en alternance des familles chimiques préventives et de bonne rétention après chaque pluie.
Traitements fongicides
Les traitements sont appliqués en fonction des conditions climatiques et principalement par rapport aux pluies contaminatrices qui sont nécessaires à la propagation de l’infection. Ainsi, différentes manières de conduire cette lutte chimique contre la tavelure du pommier peuvent être pratiquées :
- Opter très tôt pour un traitement précoce avant même l’apparition des infections ;
- Conduire une lutte chimique préventive avant ou juste aux stades : boutons roses, début floraison, nouaison, jeunes fruits et début grossissement du fruit ;
- Reconduire la lutte contre la maladie immédiatement après de fortes rosées et ou des pluies ;
- Opter pour l’alternance des produits fongicides ;
- Respecter le mode d’emploi des fongicides, les volumes d’eau et les intervalles entre les applications, indiqués sur l’étiquette ;
- S’assurer du réglage du pulvérisateur pour couvrir toute la frondaison.
Légende
La maladie entraîne l’apparition de lésions brunes ou noires très caractéristiques à la surface des bourgeons, des feuilles, des fruits et parfois des rameaux.
Source : BASF
Importance des traitements d’hiver
Les traitements d’hiver visent à détruire plusieurs types de cibles notamment les formes de conservation des principales maladies cryptogamiques : tavelure, oïdium, chancre, moniliose. Pour les maladies cryptogamiques, les interventions sont à base de sels de cuivre ayant comme action de limiter les formes de conservation de la tavelure, monilioses, chancre, cloque. Il est recommandé d’intervenir après la taille pour obtenir une bonne efficacité et une économie des produits. La pulvérisation sera abondante, touchant toutes les parties de l’arbre
En cours de végétation et notamment à la fin de la floraison et durant le stade « jeunes fruits », il convient de renouveler la protection si le temps demeure pluvieux, et ce particulièrement dans les vergers reconnus régulièrement attaqués par la tavelure. Le chois de produits doit porter de préférence sur les fongicides ayant une double action anti tavelure et anti-oïdium.