Des millions de guêpes relâchées pour combattre la pyrale du buis
Des guêpes parasitoïdes ont été libérées dans les forêts de la montagne Saint-Maurice (France), espace naturel drômois, pour lutter contre la pyrale, ce papillon venu d’Asie qui ravage les buis.
Jeudi 22 juin 2017 au matin, une douzaine de bénévoles ont disposé dans les buis de la commune de Dieulefit, près de 500 diffuseurs sur une surface de 5.000 m2. Ces derniers consistent en des sortes de pochettes en carton renfermant chacune 5.000 petites guêpes parasitoïdes (également appelées trichogrammes) qui vont ensuite s’en échapper avec la chaleur. Objectif : endiguer la prolifération d’une pyrale du buis de l’espèce Cydalima perspectalis. Un papillon parasite venu d’Asie centrale qui s’est très bien habitué au climat européen, et qui prolifère en l’absence de prédateurs. Le principe de cette lutte biologique est simple : les petites guêpes vont traquer les œufs de la pyrale, et y pondre les leurs à l’intérieur.
Ainsi, les œufs parasités ne donneront pas naissance aux chenilles ravageuses du buis. Le principe de fonctionnement de ce dispositif est décrit dans cette vidéo promotionnelle de l’entreprise drômoise Bioline du Groupe Invivo, qui les commercialise.
La durée d’efficacité d’une application est estimée à deux semaines. Un autre lâcher avait été réalisé deux semaines plus tôt. “Certains disent que l’on ne peut rien faire contre la pyrale du buis. Nous, nous essayons de faire ce que l’on peut pour lutter. Nous avons par exemple expliqué aux habitants qu’il existe des pièges à phéromones (substances chimiques comparables aux hormones, émises par la plupart des animaux et certains végétaux, et qui agissent comme des messagers entre les individus d’une même espèce,ndlr). Nous testons différentes solutions“, explique Christine Priotto, maire de Dieulefit.
“Si cette expérimentation fonctionne, le dispositif pourrait être généralisé“
Ces tests sont suivis par la direction régionale de l’Agriculture de l’Agroalimentaire et de la Forêt, ainsi que l’Office national des forêts. Une expérimentation identique est réalisée par la commune de Marsanne, sur 1.000 m², dans le département. Le Bacillus thuringiensis (dit “BT”), bactérie qui s’attaque aux chenilles, est aussi très utilisé pour contrer les “trois à quatre” générations de pyrale qui peuvent voir le jour chaque année.
“Nous sommes aussi concernés par la pyrale du buis à notre domicile. Chez nous, on la retire à la main, au jet d’eau. Mais cette montagne, c’est un patrimoine naturel. Avec la pyrale, le paysage peut être modifié. Si cette expérimentation fonctionne, le dispositif pourrait être généralisé“, souligne Catherine Cadier, 62 ans, et habitante de Dieulefit qui participait à la pose des diffuseurs. Apparue en France en 2008, la pyrale sévit particulièrement dans le sud de la Drôme où ce papillon avait fait des ravages l’été dernier. Depuis 2014, le programme national SaveBuxus, coordonné par l’association Plante et Cité, basée à Angers, l’Institut technique de l’horticulture, la société Koppert et l’Inra, vise à trouver des solutions de biocontrôle pour lutter contre le ravageur. A terme, une disparition de l’arbuste, très présent dans les forêts méridionales et sur les terrains calcaires des autres régions, aurait des conséquences sur l’érosion des sols et l’écosystème