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Oléiculture : Ravageurs dangereux

Deux ravageurs potentiellement dangereux pour l’olivier :

Euzophera pinguis Haw (Lepidoptera, Pyralidaeet Resseliella oleisuga Targioni-Tozzeti (Diptera, Cecidomyiidae)

Prof. M’hamed Hmimina, IAV Hassan II – Rabat

 

La faune phytophage inféodée à l’olivier est riche. Outre les ravageurs classiques plus ou moins connus (Otiorrynchus cribricollis, Hylesinus oleiperda, Phloeotribus, Prays oleae, Dacus oleae, Saissetia oleae, Aspidiotus nerri, Chrysomphalus dictyospermi, Parlatoria oleae, Euphyllura olivina…) d’autres, moins évidents, sévissent pernicieusement. Parmi ceux-ci, les Euzophera et les Cécidomyies.

 

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  1. Le complexe Euzophera (Pyralidae, Phycitinae)

Le genre Euzophera est présent au Maroc par 6 espèces : Euzophera pinguis Haworth (= E. neliella Ragnot), E. bigella Zeller, E. lunulella Costa, E. osseatella Treitschke, E. subcribrella Ragonot et E. sordidella Chrétien. Mais c’est de loin la première qui gonfle la liste des ravageurs déjà réputés par leurs dommages réguliers dans notre pays.

De distribution mondiale, Euzophera pinguis pinguis Haw. est connu dans la plupart des pays oléicoles. Dans le bassin méditerranéen, il affecte principalement l’olivier dans les pays des deux rives (Maroc, Algérie, Tunisie, Espagne, Portugal, Italie …) et plus au nord le frêne (Fraxinus excelsior).

 

Adulte :

L’insecte est un papillon de 2-2,5 cm d’envergure, brun-gris avec deux bandes transversales en zigzag beige bien distinctes. Les ailes postérieures sont blanchâtres plus ou moins gris, légèrement plus teintées le long de la côte (Fig. 1).

 

Œuf :

De forme ovalaire, aplati, chorion finement réticulé, il mesure 1 mm x 0.8 mm. Fraichement pondu, il est blanchâtre plus ou moins rosâtre et s’assombrit graduellement avec l’évolution de l’embryon. Les œufs sont pondus isolément ou par petits paquets de 5 à 6 éléments aux fourches des charpentières ou dans les crevasses des branches.

 

Larve et chrysalide :

A son dernier stade, la larve mesure 2 cm de long. De couleur vert pâle, sa tête et ses plaques thoraciques sclérifiées sont brun foncé. Elle se développe dans la zone sous-corticale des fourches charpentières, dans les nodosités occasionnées par la tuberculose de l’olivier, dans les blessures dues aux chocs provoqués par les travaux, la grêle et les brûlures par insolation. La nymphose a lieu dans une galerie visible de l’extérieur, munie d’un petit trou partiellement bouché d’où émergera le papillon. La chrysalide, brun sombre, gîtée dans un cocon soyeux grisâtre, peu épais, mesure 10 à 12 mm.

 

Dégâts :

L’insecte agresse les arbres sains et vigoureux. Les couloirs larvaires creusés par les chenilles au collet du tronc et aux fourches des charpentières bloquent la circulation de la sève, causant ainsi l’épuisement et la mort de la partie de l’arbre située au-dessus de la zone attaquée. Il peut suffire d’une seule chenille, dont la galerie peut atteindre 10cm de long, pour produire une incision annulaire totale déterminant la mort de la branche. Sur des sujets jeunes, la présence de quelques larves (5 larves ou plus) dans le tronc est suffisante pour entrainer sa mort. Les symptômes sont le jaunissement et le dessèchement de tout ou partie de l’arbre, mais l’identification certaine ne peut se faire que par l’examen de la partie ligneuse touchée. Extérieurement les attaques se manifestent par des craquelures et des boursouflures de l’écorce des zones atteintes contrastant avec l’aspect lisse des parties saines. La présence externe des craquelures et des glomérules excrémentiels assemblés par des filaments constituent un symptôme supplémentaire révélateur de la présence de l’insecte (Fig. 1).

 

Biologie :

  1. pinguis se développe en deux générations annuelles chevauchantes. Les adultes volent au printemps, en été et en automne. Peu après le vol printanier, la ponte commence et les premières larves apparaissent vers début mai. Dès son éclosion, la jeune larve pénètre par les blessures et les anfractuosités de l’écorce ou les galeries d’autres insectes, dans le bois pour ne plus reparaître en surface. Le développement xylophage des larves dure deux mois environ, et les premières nymphes se forment à partir de la deuxième quinzaine de juillet jusqu’en septembre. Après une durée de nymphose de 2 à 3 semaines, les adultes de la première génération émergent à partir d’août et les dernières sorties se prolongent jusqu’à fin septembre. Les pontes donnant la deuxième génération débutent vers fin août et les larves quelques jours après et se développent jusqu’à la fin de l’hiver. La première génération, printano-estivale, a une durée totale de 3 à 4 mois ; la seconde, dite automno-hivernale, évolue en 7 à 8 mois. Les larves sont présentes toute l’année. L’hivernation a lieu au stade larvaire sans arrêt d’activité puisque c’est durant l’hiver que les dégâts les plus importants ont lieu. La nymphose débute dans la première quinzaine de mars et se poursuit jusqu’à début mai.

 

Lutte :

Compte tenu du mode de vie xylophage de l’insecte, la lutte ne peut être envisagée que contre les œufs, plus ou moins bien abrités dans les crevasses mais toutefois accessibles, et les jeunes larves au moment de l’éclosion avant qu’elles se s’introduisent sous l’écorce. L’étalement des vols et la fugacité des stades vulnérables rendent les interventions malaisées et nécessitent un système d’avertissement. Les insecticides à utiliser devront présenter une longue rémanence. Pour cela les organophosphorés ou leur mélange avec l’huile de pétrole demeurent les moyens les plus indiqués. Compte tenu de l’étalement de l’activité de l’insecte, 2 ou 3 traitements placés successivement vers fin avril, mi mai et deuxième quinzaine de juin semblent déterminants dans le contrôle du ravageur.

  1. Le complexe des Cécidomyies

Sur sa zone de culture traditionnelle circumméditerranéenne, le genre Olea est l’hôte de trois espèces de Cecidomyiidae économiquement notables :

– Dasineura oleae F. Loew, hôte des oliveraies de la méditerranée orientale (Grèce, Palestine, Chypre, Liban, Jordanie, Syrie, Italie) ;

– Prolasioptera berlesiana Paoli, ravageur dans la majeure partie de zones oléicoles méditerranéennes : Italie, France, Grèce, Chypre, Syrie, Israël, Tunisie ;

– Resseliella oleisuga Targiono-Tozzeti, présente au Maroc, Espagne, France, Grèce, Italie, Jordanie, Liban, Montenegro, Palestine, Syrie, Yougoslavie.

Resseliella oleisuga, dite Cécidomyie des écorces de l’olivier ou Cécidomyie sous-corticale de l’olivier est une mouche noire à l’état adulte, avec des segments abdominaux orange chez la femelle et gris chez le mâle. Elle mesure 3mm ; ses antennes sont filiformes, plus longues chez le mâle. L’abdomen de la femelle se termine par un ovipositeur rétractile télescopique avec deux lobes sensoriels ; celui du mâle porte un forceps à articles courts et compacts.

 

Œuf :

Elliptique, allongé, transparent à la ponte, il devient jaunâtre avant l’éclosion.

 

Larve et nymphe :

Transparente puis blanchâtre elle devient finalement orange. D’une longueur de 3 à 4 mm, elle présente un tégument uniformément couvert de verrues arrondies. Chaque segment porte 2 soies latérales. Le segment anal est caractérisé par 2 appendices rigides, en forme de dents. La nymphe, ambrée à orange, mesure 1.5 à 2.2 mm.

 

Dégâts :

Les dégâts, généralement faibles, surviennent en particulier à la suite des tailles de rajeunissement ou de blessures accidentelles. Les repousses sont alors endommagées. Les attaques portent sur la base des pousses et se présentent sous la forme de nécroses de 3 à 4cm de long sur 1 à 2cm de large localisées sous l’écorce entrainant un flétrissement irrémédiable des rameaux. Dès le printemps et surtout en été, les dégâts deviennent visibles extérieurement sous forme de dépressions, de craquèlements, de modification de la coloration naturelle de l’écorce qui jaunit ou rougit, prenant même parfois une teinte pourpre très accusée. Les feuilles des rameaux atteints brunissent, les jeunes fruits se dessèchent. L’écorce des zones touchées laisse apparaître des galeries larvaires occupées par des larves ou abandonnées.

Figure 2. Larves de R. oleisuga sur branche d’olivier

 

Biologie :

  1. oleisuga est pratiquement absente dans les régions de faible pluviosité. Elle n’est à craindre que dans les zones côtières à forte humidité atmosphérique et à pluies abondantes. Ses larves se développent sous les écorces de l’olivier et d’autres Oleaceae (Philyrea et Fraxinus). Le cycle comporte 2 générations, une printanière et l’autre estivale. Les larves de cette dernière hivernent et se nymphosent en fin hiver. Après accouplement, les femelles pondent leurs œufs par groupes de 10 à 30, non collés, sous les copeaux d’écorce et dans les blessures naturelles ou occasionnées par l’homme (gaulage, taille) et les insectes. Le développement embryonnaire rapide (3 à 4 jours) donne naissance à des larves qui creusent chacune sa propre logette sous corticale parallèlement l’une à l’autre. Le développement larvaire s’effectue en moins de 3 semaines pour la génération printanière. Arrivées à maturité les larves quittent les tissus végétaux et se nymphosent dans le sol où elles aménagent des cocons à cet effet.

 

Lutte :

La prophylaxie demeure la manière la plus indiquée pour éviter de créer des situations favorables au ravageur. Pour cela, la coupe et l’incinération des organes atteints, le masticage des plaies de taille et l’évitement des meurtrissures lors de la récolte constituent des opérations simples qui doivent faire partie des précautions essentielles à prendre par l’oléiculteur. L’usage raisonné des insecticides peut être recommandé lorsque l’infestation est grave.

 

 

 

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