Tomate
Principales maladies fongiques
Pour les tomates sous abris, la généralisation du recours au filet insect-proof à faibles mailles pour augmenter l’étanchéité des abris serres suite à l’émergence dans le passé de nombreuses maladies et ravageurs, a sérieusement compliqué la lutte contre les maladies cryptogamiques aériennes, dont le contrôle dépend, entre autres, d’une aération adéquate à l’intérieur des serres. De ce fait, dans des conditions de forte humidité, les fortes proliférations de maladies comme la pourriture grise et le mildiou, deviennent très difficiles à contrôler avec une liste de plus en plus restreinte de produits autorisés.
Les techniques culturales et les méthodes de lutte ont beaucoup évolué, mais de l’avis des professionnels, la gestion phytosanitaire des cultures est une tâche qui devient de plus en plus ardue et qui doit reposer sur la connaissance précise de chaque ennemi. Ci-après une brève description des principales maladies cryptogamiques aériennes rencontrées sur tomate cultivée sous abri.
Le mildiou
Les attaques de mildiou sont très fréquentes sur un grand nombre de cultures légumières et peuvent, si la maladie n’est pas contrôlée, engendrer d’importantes pertes. Ces maladies particulièrement difficiles à maîtriser en raison du caractère explosif de l’épidémiologie nécessitent donc une protection suivie de la culture dès que les conditions climatiques leur sont favorables.
Le Mildiou de la tomate est dû à Phytophthora infestans qui se conserve dans le sol et se dissémine par le vent et la pluie. Son développement est fortement influencé par la température et l’humidité et la contamination a lieu en présence d’eau libre et de températures comprises entre 18 et 22 °C. L’apparition des sporangîophores exige 100% d’humidité relative pendant au moins 8 h. Les spores perdent rapidement leur viabilité lorsque l’HR est < à 80%. Elles germent uniquement en présence d’eau. Le Mildiou de la tomate peut être considéré comme un exemple tout à fait typique d’une maladie à caractère épidémique. A partir des premiers pieds malades, la maladie s’étend rapidement aux pieds voisins.
Symptômes
– Sur les feuilles : il forme de larges tâches, d’abord jaunâtres, puis brunes estompées. Le centre se dessèche rapidement, alors que, si les conditions sont favorables, le pourtour reste clair et huileux sur la face supérieure et couvert d’un duvet blanchâtre sur la face inférieure. Ce feutrage est constitué par les sporangiophores qui se développent au dessous du limbe et portent de nombreux sporanges.
Le Mildiou débute souvent sur les feuilles basses en contact avec le sol, puis il s’étend rapidement à l’ensemble du feuillage.
– Sur les tiges : on observe, s’étendant de haut en bas, des taches mates, noires, accompagnées d’une nécrose tissulaire qui a pour conséquence l’étranglement du plant.
– Sur baies : la contamination a lieu généralement lorsque les fruits sont encore verts tout en ayant acquis leur taille définitive. On remarque au niveau de l’insertion du pédoncule ou à un emplacement quelconque, une tache brunâtre marbrée, irrégulièrement bosselée en surface, à marque huileuse s’étendant rapidement. Sous cette tache, la chair du fruit n’atteint pas sa maturité. A l’épluchage, elle reste adhérente à la peau. La pourriture des tomates sous l’influence du Mildiou se complique par suite de l’intervention de divers champignons saprophytes et de bactéries. Elle est quelquefois à l’origine de pertes considérables.
Mesures prophylactiques
La stratégie de lutte doit reposer en premier, sur les méthodes culturales et prophylactiques : rotations culturales avec des plantes non hôtes, utilisation de semences saines, évacuation des restes du précédant cultural et l’aération adéquate des serres.
- Matériel végétal : contrôler la qualité des plants avant plantation.
- Choix de la parcelle : rotation recommandée, éviter les parcelles à proximité de plantations d’autres solanacées ou celles mal drainées ou trop pourvues en matière organique.
- Conduite culturale : mettre en œuvre toutes les mesures permettant d’éviter l’excès d’humidité (aérer au maximum les abris). Raisonner la fertilisation (éviter les excès, privilégier la fumure organique). Favoriser une bonne aération de la végétation (densité de plantation réduite, bonne orientation des buttes). Le paillage contribuerait à réduire le risque mildiou.
- Entretien de la culture : Eliminer les adventices sensibles à la maladie ainsi que le maximum de débris végétaux en fin de culture.
Lutte génétique
Plusieurs gènes de résistance ont été identifiés et utilisés pour sélectionner des variétés capables de contrôler P. infestans. Des variétés exprimant une résistance partielle au mildiou sont disponibles mais elles ne sont pas adaptées à l’itinéraire cultural de la tomate d’industrie. Afin d’assurer la durabilité de cette résistance, il est généralement conseillé de pratiquer une lutte chimique complémentaire pour pouvoir garder sur le long terme les avantages de cette lutte génétique.
Lutte chimique
L’intervention chimique doit être préventive, raisonnée et judicieuse. Il est recommandé de suivre l’évolution de la maladie et réaliser un suivi régulier des parcelles. L’objectif visé étant de protéger les plants le plus tôt possible afin d’empêcher le mildiou de s’installer. Des traitements préventifs sont indispensables en pépinière et en cours de culture durant les périodes à risque et restent le moyen de lutte le plus efficace.
Les programmes de traitements doivent être définis en fonction du contexte de l’exploitation afin d’adapter au mieux le positionnement des fongicides. Selon le ou les stades de développement du mildiou sur la parcelle, il conviendra de choisir le ou les fongicides présentant les modes d’action et modes de pénétration dans la plante adéquats (préventif et/ou anti-sporulant et/ou rétro activité, contact et/ou translaminaire, et/ou diffusant, systémique) en prenant en compte également leur polyvalence pour lutter contre d’autre maladies comme l’alternaria. En période à risque, le délai entre deux traitements ne devra pas dépasser les 7 à 12 jours selon produits utilisés. Il faut aussi veiller à alterner les modes d’action des fongicides pour prévenir les risques de résistances.
L’Oïdium
Extrêmement polyphage, l’Oïdium de la tomate s’attaque à de nombreuses plantes appartenant à différentes familles. Il donne naissance à des taches jaunes sur la face supérieure des feuilles et un duvet blanc à la face inférieure. Il se caractérise par son symptôme typique qui ressemble à un saupoudrage de farine sur les organes atteints. Sous une bonne loupe, ce saupoudrage se révèle être un tissu dense composé de mycélium (filament du champignon). Pour se nourrir, il forme des organes de pénétration avec lesquels il entre dans les couches cellulaires de la feuille. Les feuilles basales sont les premières attaquées.
Les conditions optimales de développement de cette maladie sont une humidité relative de 50 à 70 % et une température de 20 à 25°C. Ses symptômes peuvent être confondus avec ceux causés par la cladosporiose. Il semblerait aussi qu’en plus des conditions climatiques, cette maladie est liée à des conditions de stress hydrique des plantes.
Mesures préventives :
– Réaliser un vide sanitaire et désinfecter les structures avant l’implantation d’une nouvelle culture.
– Eliminer toutes les adventices susceptibles d’être des hôtes potentiels du champignon.
Mesures prophylactiques :
- Choix de la parcelle : la rotation recommandée, il faut aussi éviter les parcelles à proximité de plantations d’autres solanacées ou celles mal drainées ou trop pourvues en matière organique.
- Conduite culturale : mettre en œuvre toutes les mesures permettant d’éviter l’excès d’humidité (aérer au maximum les abris, privilégier le système d’arrosage au goutte à goutte, …). Raisonner la fertilisation (éviter les excès). Eliminer régulièrement les débris végétaux présent au sol.
- Entretien de la culture : Eliminer les adventices sensibles à la maladie ainsi que le maximum de débris végétaux en fin de culture.
Lutte chimique :
Comme pour le mildiou, afin de protéger les plants le plus tôt possible il faut réaliser un suivi régulier des parcelles et suivre l’évolution de la maladie. Procéder à des traitements préventifs en pépinière et en cours de culture durant les périodes à risque, reste le moyen de lutte le plus efficace.
La lutte chimique doit être lancée le plus tôt possible, avant l’apparition des premières taches caractéristiques moyennant des produits anti-oïdium systémiques ou pénétrants (le parasite étant endophyte). Il faut également veiller à alterner les modes d’action des fongicides pour prévenir les risques de résistances. Par ailleurs, du fait que ce champignon sporule à la face inférieure des feuilles, les traitements doivent être exécutés avec un pulvérisateur suffisamment puissant pour que les produits atteignent cet emplacement.
La pourriture grise
La pourriture grise est l’une des maladies les plus redoutables en culture de tomate sous serre. Le champignon est très polyphage, attaque de nombreuses plantes et se conserve sur les débris de végétaux infestés et dans le sol sous forme de mycélium. Les conidies sont disséminées par l’eau, le vent et les outils de taille…
La pourriture grise est due à un champignon, Botrytis cinerea, qui peut attaquer toutes les parties de la plante (feuilles, tiges, racines et fruits). Il est responsable de pourritures et de taches fantômes sur fruits, de taches foliaires, de chancres sur tiges, de pourritures racinaires et de fontes de semis, ainsi que de pourriture lors du transport et de la conservation. L’attaque des fleurs, fruits, tiges commence généralement par les organes sénescents (pétales, sépales) et par les blessures causées lors de l’effeuillage, de l’ébourgeonnage.
La maladie se caractérise par des tâches brunâtres accompagnées d’un duvet grisâtre sur tige, par des nécroses sur les feuilles et par la pourriture molle grise sur fruit. Le développement de la maladie est favorisé par une humidité relative supérieure à 90%, des températures comprises entre 17 et 23°C et une mauvaise aération des serres. Le champignon produit de nombreuses spores de couleur grise (d’où le nom de pourriture grise) qui assurent la propagation de la maladie.
L’élimination des débris végétaux et la protection des blessures sont indispensables. Dans les abris serres, l’humidité de l’air doit être réduite par une aération adéquate. Mais la lutte contre la pourriture grise sur tomate est essentiellement chimique. Cette lutte ralentit le développement de la maladie, mais ne permet pas d’éliminer complètement le champignon. Il existe de nombreux produits systémiques ou de contact qui donnent de bons résultats. Cependant, l’apparition de souches résistantes à certaines molécules rend parfois les traitements complètement inefficaces.
Que ce soit sous serre ou en plein champ, la culture de la tomate peut être attaquée par de nombreux champignons à dissémination aérienne et/ou souterraine. Transportées, entre autres, par le vent, la pluie ou par contact, les spores des champignons se disséminent et se déposent sur les plants de tomate. Là, profitant de conditions favorables, elles germent et pénètrent les tissus, par voie naturelle ou en profitant des blessures causées, entre autres, par des parasites. Après une période d’incubation, les champignons se développent et les premiers symptômes apparaissent : feuilles nécrosées, rameaux tachés… La plante s’affaiblit, meurt parfois.