La pourriture grise de la tomate
Méthodes de lutte
La pourriture grise provoquée par le Botrytis fait partie des maladies fongiques les plus courantes affectant la tomate. Le Botrytis est un champignon cosmopolite à large gamme d’hôtes qui touche pratiquement toutes les parties de la plante, mais la forme qui touche la tige est la plus destructrice. Favorisé par le manque de lumière, il s’attaque de préférence aux tissus jeunes et tendres qui nécessitent moins de spores pour déclencher la maladie.
Botrytis cinerea se conserve sur les débris de végétaux infestés et dans le sol sous forme de mycélium. Les conidies sont disséminées par l’eau, le vent et les outils de travail. Ce champignon est responsable de pourritures et de taches fantômes sur fruits, de taches foliaires, de chancres sur tiges, de pourritures racinaires et de fontes de semis. Il est également responsable de pourriture lors du transport et de la conservation. L’attaque des fleurs, fruits, tiges commence généralement par les organes sénescents (pétales, sépales) et par les blessures causées lors de l’effeuillage, de l’ébourgeonnage. Par temps froid et humide, le champignon produit un grand nombre de spores de couleur grise (d’où le nom de pourriture grise) qui assurent la dissémination de la maladie.
Le développement de la maladie est favorisé par une humidité relative supérieure à 90%, des températures comprises entre 17 et 23°C et une mauvaise aération des serres.
A noter que quand son symptôme le plus caractéristique ‘’la sporulation’’ apparait, la maladie est déjà bien installée. Il faut donc réussir à l’identifier bien avant cette phase et sans possible confusion avec d’autres maladies fongiques. Ainsi, dès la fin de l’automne, les producteurs doivent surveiller attentivement les symptômes et se préparer pour réagir à temps puisqu’il s’agit d’une maladie omniprésente. En effet, avec la germination très rapide des spores (germination et pénétration dans la plante dans les 5 à 8 heures), le champignon ne laisse qu’un temps de réaction réduit aux producteurs.
Symptômes et conditions favorables
L’un des indices caractéristiques qui permettent de détecter la présence du botrytis est l’augmentation de la coulure des fleurs, qui affecte considérablement le potentiel de rendement, que ce soit en plein champ ou sous serre. Il y a aussi la tâche en flamme sur les folioles qui s’étend ensuite à l’ensemble de la feuille. Sous serre, l’attaque sur tige commence généralement par les chicons (bout de feuille ou de bourgeons qui restent après les opérations culturales). Les sclérotes (formes de conservation du champignon), souvent négligés par les producteurs, sont des sources importantes de démarrage de la maladie.
Par ailleurs, l’état physiologique de la plante influe grandement sur le degré d’infestation d’où l’importance d’assurer une bonne conduite et d’éviter les pratiques favorables au développement de la maladie :
- Excès d’azote en fertilisation,
- Blessures et piqûres d’insectes non traitées (portes d’entrée),
- Désinfection incomplète avant installation de la culture et manque d’entretien,
- Présence de cultures légumières sensibles à proximité,
- Atmosphère confinée (manque d’aération, fortes densités de plantation et insuffisance de drainage),
- Moyens de dissémination : irrigation, pulvérisation, outils (sécateur et couteaux) et ouvriers.
Méthodes de lutte
Le botrytis fait partie de ces maladies qui nécessitent toujours une stratégie de lutte intégrant plusieurs facteurs. Les professionnels recommandent, pour un meilleur résultat, la combinaison de toutes les méthodes de lutte disponibles :
1– Méthodes prophylactiques et culturales
– Désinfecter les structures des serres
– Empêcher l’infection initiale (l’introduction de Botrytis dans la serre)
– Surveiller tôt les symptômes (dès fin automne et jusqu’à la mi‐printemps).
– Assurer une bonne circulation de l’air et éviter l’ombrage (densité de plantation, effeuillages, ébourgeonnage, fermeture des serres la nuit et ouverture le jour…).
– Éviter les opérations de pulvérisation à la fin de l’après‐midi et les jours nuageux
– Éviter la stagnation d’eau
– Eliminer les plantes fortement infectées
– Traiter les lésions limitées sur les tiges à un stade très précoce en raclant les tissus et appliquant une pâte fongicide (les lésions graves ne peuvent être traitées, elles doivent être éliminées)
– Elaguer en début d’après‐midi (pour permettre aux plaies de sécher).
– Envelopper les tissus infectés dans de papier journal mouillé (pour éviter la dissémination des spores)
– Désinfecter les sécateurs et couteaux (éthanol ou eau de javel, après chaque plant élagué, prévoir des sécateurs de rechange)
– Fermer, évacuer les poubelles (enterrer ou incinérer les résidus de culture).
– Considérer la direction du vent (au moment de décharger les déchets)
2– Génétique : pour l’instant il n’y a que des résistances partielles
3– Lutte biologique : utilisation de certains champignons antagonistes : Trichoderma spp., Coniothrium spp., Gliocladium spp., etc
4– Lutte chimique :
La lutte contre la pourriture grise sur tomate est essentiellement chimique. Cette lutte ralentit le développement de la maladie, mais ne permet pas d’éliminer complètement le champignon. Il existe deux méthodes de traitement : la pulvérisation sur le feuillage et le badigeonnage des plaies et des chancres curetés avec des pâtes fongicides. C’est la lutte la plus fiable à condition d’être bien raisonnée. En effet, l’apparition de souches résistantes à certains produits fongicides, rend parfois les traitements complètement inefficaces. Pour continuer à bénéficier des bonnes molécules le plus longtemps possible, il faut bien gérer les choix et les interventions pour éviter le développement de résistances. Tout produit doit être utilisé dans un programme de lutte intégrée, de préférence en alternance avec d’autres groupes chimiques.
Les professionnels recommandent de choisir les produits à action anti‐botrytis unisites et multisites, à utiliser préventivement de préférence. Les fongicides ne doivent jamais être utilisés au dessous des doses et couvertures recommandées (quantité de bouillie).
A noter que les nouveaux produits fongicides offrent de nombreux avantages notamment un bon profil IPM (préservation des auxiliaires, bourdons et abeilles) et un DAR de quelques jours seulement. Certains produits assurent même une bonne protection contre le botrytis au-delà des champs durant la phase post-récolte. Il s’agit d’un avantage de taille pour les producteurs-exportateurs qui cherchent à ce que la qualité de leur tomate se maintienne tout au long de la chaine des valeurs (stockage, transport, étals, chez le consommateur) avec moins de pertes pour tous les maillons, tout en répondant aux normes de sécurité.