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Raisonnement de la fertilisation du pommier

Raisonnement de la fertilisation du pommier

Zaoui El Housseine et Germaine Brun

Bureau d’étude et conseil, Agro-challenge

 

Le pommier est l’arbre le plus important, dans le domaine des rosacées à pépins au Maroc. Il est cultivé essentiellement dans les zones de montagnes ou les conditions climatiques sont favorables à son développement, surtout en termes de quantité de froid. Cependant, les conditions climatiques contrastés de ces zones (gel, ensoleillement et chaleur, ciel couvert…) et la nature des sols souvent calcaires, salins, battants et pauvres en matières organiques entrainent des difficultés en terme de disponibilité et d’assimilation des éléments nutritifs. Il s’ensuit souvent des manques de rendement et surtout de la qualité et de l’aptitude à la conservation.

 

Les arbres fruitiers ont des besoins en :

– éléments fertilisants majeurs : l’azote (N), le phosphore (P), le potassium (K), le calcium (Ca) et le magnésium (Mg)

– oligo-éléments ou micro-éléments nutritifs (faibles quantités) : le manganèse (Mn), le fer (Fe), le cuivre (Cu), le zinc (Zn), le bore (B) et le molybdène (Mo)

– D’autres éléments tels que le sodium (Na), le silicium (Si), le cobalt (Co) et le nickel (Ni) sont également des éléments utiles à la croissance végétale.

 

D’après notre expérience, les éléments qui posent souvent des problèmes sont : le fer, le zinc, le phosphore et le calcium. Ces quatre éléments sont primordiaux pour la qualité du fruit (calibre, fermeté et capacité de conservation). Les besoins totaux du pommier en éléments nutritifs sont montrés dans le tableau 1. Ces besoins varient en fonction du stade phénologique avec un pic aux mois de Mai et Juin (fig. 1). Vu les problèmes de perte par lessivage et surtout par rétrogradation dans les sol calcaires et les problèmes d’assimilation liées à l’enracinement et au stress climatiques, les apports d’engrais doivent être positionnés au plus près des besoins avec une complémentation foliaire surtout en Zinc, Bore et Calcium et éventuellement en Phosphore à des stades précis du cycle phénologique (Tab. 2).  La figure 1 montre un exemple de fractionnement qui a donné de bons résultats sur des vergers de pommier en sol calcaire.

Pour mieux raisonner les besoins et le fractionnement, des analyses de l’eau, du sol et du végétal s’imposent à des moments précis du cycle phénologique.

 

Analyse du sol

La plante absorbe les éléments nutritifs essentiellement par la solution du sol. La fixation des éléments fertilisants sur les particules solides et leur transmission à la solution du sol et à la plante sont des processus dynamiques influencés par les propriétés des éléments fertilisants, du sol et de la plante. L’analyse du sol permet de comprendre la disponibilité des éléments fertilisants aussi bien dans le sol que pour les arbres. On recommande ainsi les analyses suivantes:

  • Le réservoir (Texture, matière organique, bases échangeables) : à faire une fois tout les 5 ans. Ces analyses permettent de connaître le sol et son fonctionnement et d’agir pour son amélioration.
  • l’Assiette : Solution du sol, début de campagne. Permet de connaître les éléments disponibles pour le démarrage et d’ajuster les premiers apports.

 

Analyse du végétal

Les analyses du sol sont utiles pour connaître le pH ou l’acidité et, donc, les besoins en chaux des cultures fruitières. Cependant, elles sont d’une utilité limitée pour la conduite de la fertilisation car les racines des arbres fruitiers s’enfoncent loin à travers plusieurs couches de sol. C’est pourquoi, l’analyse foliaire (ou diagnostic foliaire), est le meilleur moyen pour déterminer la quantité et la nature d’engrais à donner aux arbres, car elle permet de mesurer les éléments nutritifs et indique d’éventuelles modifications du programme de fertilisation.

Les analyses foliaires intègrent les facteurs qui peuvent influer sur la disponibilité et l’absorption des éléments nutritifs. On recommande ainsi :

  • Analyse foliaire une fois par an à 75 jours après la pleine floraison. Elle permet d’évaluer la nutrition et d’ajuster les apports pour le reste de la campagne et surtout pour la campagne suivante.
  • Analyse du fruit (Evaluation et anticipation de la qualité) : réalisée 60 jours après la pleine floraison, elle permet d’anticiper la qualité du fruit et la capacité de conservation. Des apports par pulvérisation peuvent être encore décidés pour le grossissement du fruit.

 

En plus des résultats des analyses, le raisonnement doit aussi prendre en compte d’autres paramètres agronomiques comme les rendements de l’année N-1, la vigueur, l’aoutement et la tendance à l’alternance.

 

Indications pour le mode d’apport des engrais

Les éléments nutritifs majeurs sont généralement apportés au sol sous forme minérale ou organique. La fertigation permet de fractionner correctement les apports en particulier pour les éléments mobiles comme l’azote et dans une moindre mesure le Mg ou le K. Elle est moins importante pour le Phosphore qui peut éventuellement être apporté au sol sur la ligne d’arbres.

Les apports par voie foliaire des éléments majeurs ne sont pas obligatoire mais parfois nécessaires comme appoint dans les conditions où l’apport au sol n’a pas les effets attendus. C’est le cas d’un mauvais enracinement, de conditions climatiques qui limitent l’absorption (chaleur, froid, excès d’humidité, alternance sec – humide), des sols lourds, de la salinité, des sols calcaires, des sols à pH bas ou élevé et des déséquilibres liés à la composition du sol et de l’eau en éléments minéraux (calcium, magnésium, potassium, chlore, sodium).

Au Maroc, D’après notre expérience, après suivi de parcelle de pommier dans la région de Midelt, la nature des sols, souvent calcaires et parfois lourds, sont parmi les premiers facteurs qui limitent la disponibilité des éléments au sol et leur absorption par le pommier. Ceci concerne surtout le Calcium et le Phosphore et parfois, sur les sols lourds, le Potassium. Les apports foliaire du calcium et du phosphore sont les plus importants. Les apports du potassium sont à réserver aux situations où le diagnostic foliaire en révèle la nécessité. Quant au Magnésium, le sol et l’eau sont riche en cet élément et les analyses foliaire révèlent souvent des teneurs excessives. L’apport foliaire d’azote et rarement nécessaire

Les oligoéléments  sont apportés soit en fertigation soit en pulvérisation foliaire. Les apports les plus importants sont, le Bore,  le Fer, le Zinc et le Manganèse. Les apports du Fer et du Bore au sol peuvent être suffisants mais parfois des apports foliaires sont nécessaires. Les apports du Zinc et Manganèse au sol sont souvent inefficace. Pour ces deux éléments la pulvérisation foliaire est plus efficace. Dans les deux cas, apport au sol ou en foliaire, les formes chélatées ou complexées donnent de meilleurs résultats par rapport aux formes simples.

 

Tab 1 : besoins du pommier en éléments minéraux

 

Elément Besoins en Kg/tonne de fruits
Azote (N)  1 à 2 kg  par tonne
Phosphore ( P2O5) 0,4 à 0,8  par tonne
Potassium ( K20) 1,5 à 3 kg par tonne
Magnésium ( MgO) 0,3 à 0,4 kg par tonne

 

Tab2 : moments des apports foliaires.

Elément Stade d’apport
Zinc, Manganèse Stade D3, J
Bore Stade E, F
Calcium Stade H, I, J
Phosphore Stade D3, J

 

 

 

Fig. 1 : Rythme d’absorption des éléments par le pommier

 

 

 

 

 

 

Fig. 2 : Exemple de fractionnement des apports d’engrais sur une culture de pommier

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