Amandier au Maroc
Opportunités et intérêt du secteur
L’amandier est l’arbre fruitier le plus durable. Cependant, sa production s’épuise rapidement. Premier arbre fruitier à fleurir à la fin de l’hiver, l’amandier s’adapte bien aux conditions méditerranéennes sèches et présente une bonne opportunité de valorisation des terrains marginaux. En plus de son intérêt économique incontestable, il est d’un intérêt reconnu dans la mise en valeur des écosystèmes fragiles en matière de fixation des sols et d’embellissement du paysage.
L’amandier est une espèce relativement résistante au froid. Elle nécessite de basses températures hivernales pour la levée de la dormance (200 à 400 heures en dessous de 7.2°c). Sa floraison est précoce (décembre à mars). L’amandier est exigent en lumière et en chaleur pendant la phase de croissance du fruit. Il redoute aussi la forte hygrométrie dans les phases de floraison et croissance du fruit. L’amandier redoute les sols alcalins et les terres argileuses asphyxiantes. Il préfère les sols profonds, fertiles, bien drainant, légers et humifères. Il pousse jusqu’à 2450 m d’altitude avec un optimum de croissance à 750 m. Les besoins en eau de l’amandier sont de 800 à 850 mm/an, les apports sont recommandés durant Mai-Juin- Juillet, mois pendant lesquels les besoins en eau sont maximum.
Le cycle de végétation de la culture d’amandier se résume comme suit :
- Dormance : Les amandiers ont besoin d’une période de dormance ; la saison froide leur permet de stocker des nutriments et de préparer le cycle de production de la saison suivante
- Floraison : La période qui va de fin février à début mars est cruciale pour l’industrie des amandes. Sur les arbres, les bourgeons fleurissent en prévision de la pollinisation. Cette phase du cycle de vie peut influencer la taille des fruits qui seront finalement récoltés
- Pollinisation : Les arbres ne se pollinisant pas eux-mêmes, on apporte des ruches dans le verger afin que les abeilles pollinisent les fleurs dans les rangs superposés de variétés d’amandes
- Récolte : Toujours protégées par leur coque et leur écale, les amandes sèchent naturellement dans le verger pendant 8 à 10 jours, avant d’être alignées et ramassées. Cette période de dessiccation est cruciale pour les amandes
- Transport : Une fois ramassées, les amandes sont transportées jusqu’à la décortiqueuse où elles passent au-dessus d’un rouleau qui enlève leur coque ainsi que tout corps étranger ou débris restant. Les amandes sont ensuite stockées en vrac jusqu’au traitement
Les produits de l’amande qu’on retrouve sur le marché sont les amandes en coque, les amandes douces (décortiquées), les amandes amères (décortiquées) et les amandes transformées (pate ou effilées). Les amandes sont utilisées sous diverses formes, en tant que fruit sec (amandes douces), nature (vrac), salées (vrac ou emballées), torréfiées (vrac ou emballée), ingrédient pour des laboratoires pharmacologique (amandes amères), ingrédient pour pâtisserie (pâte d’amandes et amandes effilées) ou ingrédient pour industries de chocolat et de glace.
Le secteur amandier au Maroc : état des lieux
Structure de la production
L’amandier, après l’olivier, est l’espèce fruitière qui occupe le plus de superficie au Maroc. Sa superficie avoisinait 151.000 ha en 2012 contre 134.000 ha en 2008, ce qui représente un accroissement de 13% sur la période.
Suite aux efforts de plantation dans le cadre des programmes de diversification des cultures menés par le Département de l’Agriculture depuis le lancement du PMV, des efforts important sur la filière ont été entrepris. Ainsi la superficie non productive -en attente de maturation- s’est accrue de 8.000 ha sur les 5 dernières années.
En termes de production, la filière amande a connu une nette croissance passant de 72.000 T en 2008 à 99.000 T en 2012, ce qui correspond à 19,8.000 T d’amandes décortiquées (hypothèse d’un rendement moyen au concassage de 20,2%).
Au niveau régional, plus de 50% de la superficie de l’amandier est concentrée sur les régions de Taza Al Houceima Taounate et de Souss Massa Draa, mais ces deux régions ne représentent qu’un tiers de la production. Deux régions, Fès et Meknès, se distinguent par des productivités élevées. Avec 6% de la superficie productive d’amandier, elles totalisent près de 30% de la production nationale en 2012.
Cet écart de productivité provient majoritairement de la conduite technique et du mode d’irrigation pratiqué. La conduite de l’amandier, se fait à près de 80% en zone bour et se traduit donc par une volatilité des rendements liée à la variabilité climatique. Néanmoins sur la période 2008-2012, le rendement moyen national en coques a sensiblement augmenté passant de 0,60 T/Ha à 0,76 T/Ha soit une augmentation de +27%.
Profile variétal
En termes de profil variétal, l’amandier est dominé par les variétés locales appelées Beldi. On distingue –par ordre de priorité de floraison- :
– Association à floraison de saison : composées de la variété Marcona comme variété de fond et Fournat de Breznaud en tant que pollinisateur. Ces variétés fleurissent pendant la 2ème décade du mois de février. Cette association est répandue au niveau national en raison de la mise à fruit rapide, de la bonne fertilité et de l’excellente qualité pomologique du fruit de la variété phare Marcona. De coque dure (rendement concassage de 25 à 28%), le fruit de Marcona peut être stocké et commercialisé assez aisément. Ces variétés sont adaptées aux zones où les risques de gelée sont nuls ou très faibles
– Association à floraison tardive : Ce groupe, comprend les variétés Ferragnes et Ferraduel, qui ont une floraison tardive qui se situe en fin Février début Mars (selon les années). Cette tardiveté de floraison leur confère la possibilité d’échapper à la gelée printanière. Cette association recommandée par l’INRA, basée sur Ferragnès comme variété de fond, se trouve aujourd’hui largement répondue au niveau national
– Variétés autofertiles : La première variété autofertile Tuono a été diffusée avec le groupe des variétés à floraison tardive pour leur complémentarité de floraison. Par la suite, deux autres variétés -Lauranne et Mandaline- ont été proposées par l’INRA, après des études de comportement, pour leur faculté à s’affranchir des contraintes de pollinisation (autocompatibilité). Ces variétés sont recommandées en secteur semi intensif, avec de préférence des irrigations d’appoint. Leurs rendements au concassage est de 29 à 32% avec un poids moyen de l’amandon de 1g et une proportion presque nulle d’amandon double.
Prix et commercialisation sur le marché local
Les prix payés au producteur ont fortement chutés entre 2008 et 2009 (-27%) en raison de la forte hausse de la production. Depuis 2011, les prix ont retrouvé les niveaux de 2008 (≈46Dh/kg) suite à une stabilisation de la production et à une hausse de la demande.
La production est dominée par les petites exploitations de moins de 1 ha qui représentent 80% des exploitations d’amandiers et génèrent une dispersion de l’offre. La prédominance de l’amandier dispersé a de fortes implications sur les modes de commercialisation et les volumes mis sur le marché.
Les collecteurs opèrent dans les souks hebdomadaires des régions de production de l’amande. Ils vendent à des collecteurs de taille supérieure (semi grossistes) qui gèrent des magasins dans les chefs lieux des régions de production. La production agrégée est ensuite vendue aux grossistes des grands centres de consommation (principalement Casablanca). Il n’y a pas un marché de gros bien identifié mais des transactions de gros. Ainsi, le mode de commercialisation se traduit par des coûts de transaction élevés dus aux faibles volumes et à l’hétérogénéité des lots.
Situation des échanges commerciaux
Le Maroc exporte exclusivement des amandes amères sèches décortiquées. Le volume d’exportation entre 2010 et 2012 a diminué de 29% et s’établie à 889T. Cependant, la valeur des exportations sur la période n’a baissé que de 8% et a généré 4,9M$ en 2012. L’amande marocaine a profité d’un effet prix positif sur le marché international. L’Union Européenne concentre plus de 90% des exportations marocaines. L’Allemagne est le premier marché en termes d’exportation avec 59% des volumes d’amande.
Les importations marocaines d’amandes ont concerné essentiellement les amandes douces fraîches et sèches sans coque (99.9% des importations totales d’amandes au titre de l’année 2012). A noter que le volume d’importation a diminué de 25% entre 2010 et 2012 pour s’établir à 484.000 T, soit un niveau près de deux fois inférieur aux exportations. Les Etats Unis sont le premier fournisseur du Maroc avec 81% des volumes importés et augmentent leurs parts de marché au dépend de l’Espagne.
Dans la négociation des différents accords commerciaux avec ses partenaires, le Département de l’Agriculture vise à garantir la protection de la filière amandier. C’est dans ce cadre, que des démantèlements progressifs ont été convenus avec les Etats Unis afin de donner le temps aux opérateurs marocains de se mettre à niveau pour produire une offre concurrentielle garante de leur compétitivité sur le marché local et de la pérennité de leur activité. Les mesures de protection aux frontières peuvent être résumées comme suit :
- Droits à l’importation : 40%
- TVA : 20%
- Contingent UE (Démarrage 2012) : 200T en franchise de droits de douane
- Contingent USA (Démarrage 2006) :
- Amandes amères : démantèlement total en 2020
- Amandes douces : 66T avec progression de 4% par an jusqu’en 2019 & démantèlement total en 2020
Situation du marché mondial
Production
La production mondiale s’est élevée à près de 2MT en 2011, en hausse moyenne de 3% par an sur les 3 dernières années. Deux pays, les USA et l’Espagne, produisent 50% des amandes à l’échelle mondiale. Les Etats Unis sont le premier producteur avec 770.000 T (37%) en 2011.
La production par hectare varie sensiblement d’un pays à l’autre selon les variétés cultivées et le degré d’intensité des modes d’exploitation. En Californie par exemple, les amandiers sont plantés densément sur des surfaces planes, irriguées et exploitées de manière intensive. Les variétés sont à coquille fine avec un rendement de 60 à 70% d’amandes décortiquées. A l’inverse, au Maroc et dans les autres régions méditerranéennes productrices, la plupart des amandiers sont moins densément plantés sur des coteaux non irrigués avec des coquilles plus épaisses et un rendement de 16 à 20% d’amandes décortiquées. Avec 0,7T/Ha, le Maroc se positionne ainsi sur des niveaux de rendements 62% inférieurs à la moyenne mondiale (1,87T/Ha).
Consommation mondiale d’amandes
La consommation d’amandes n’est pas très répandue à l’échelle internationale. Néanmoins, il existe deux grands bassins de consommation en Europe et aux USA. Sur ces deux marchés, une partie importante des amandes est transformée et utilisée par l’agro-industrie notamment dans les secteurs de la confiserie, des collations, de la boulangerie et la restauration.
Les Etats-Unis sont le plus important consommateur d’amande avec une consommation moyenne de 0,59 kg par habitant. Un niveau sensiblement supérieur à la consommation de l’Europe de l’ouest (0,52kg/habitant) et 50% supérieur à la consommation moyenne marocaine.
De 2007 à 2011, les prix à la production des amandes en coques pour les principaux pays producteurs affichent une tendance relativement stable à l’exception de l’Iran. Les disparités des prix entre pays sont fortes. A titre de comparaison entre les prix payés au producteur américain sont neuf fois plus élevés que les prix payés au producteur marocain.
Source : Ministère de l’Agriculture et de la Pêche Maritime – DSS