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Agrumes : Journée mise à niveau (ASPAM)

Journées Agrumes de l’ASPAM

1re édition pleinement réussie

 

La filière agrumicole vit actuellement, et depuis quelques années déjà, une crise qui menace son avenir aussi bien à l’export que sur le marché local. Les agrumiculteurs subissent de plein fouet la conjonction de plusieurs facteurs qui font de cette activité agricole l’une des plus risquées quand à sa rentabilité et à la visibilité que les professionnels attendent pour aller de l’avant.

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C’est dans ce cadre que l’ASPAM, association des producteurs d’agrumes du Maroc, a pris l’initiative d’organiser à Agadir les 24 et 25 février derniers, des journées regroupant des représentants de toutes les composantes de la filière et de toutes les sections des régions de production dans le pays. Des agriculteurs, des conditionneurs, des fournisseurs d’emballages, etc. se sont réunis dans le but d’étudier la situation actuelle de la filière et de réfléchir aux moyens à même de solutionner les problèmes auxquels ils font face. Les objectifs spécifiques fixés à ces journées visent à dresser un état des lieux du secteur de la production des agrumes au Maroc et à élaborer un plan quinquennal de mise à niveau et de développement du secteur.

Des études présentées à cette occasion, montrent les réalisations effectuées dans le cadre du contrat programme 2008-18, premier contrat programme signé dans le cadre du PMV avec la profession et ce 9 ans après sa signature et à la veille de sa dernière année.

Lors de la séance inaugurale et après les discours de bienvenue, M Abdellah Jrid, Président de l’Aspam, a mis en exergue le producteur comme base de toute l’activité agrumicole. Il a souligné les sacrifices que celui-ci ne cesse de concéder et sa position de principale victime de la situation qui dure depuis 5 années sinon plus. M Jrid a signalé aussi que le système d’assurances mis en place pour l’agriculture n’a pas marché dans le secteur des agrumes, vu qu’il ne couvre pas les risques essentiels de cette activité essentielle pour notre pays. M Jrid s’est aussi arrêté aux contraintes structurelles, climatiques et de gestion, ainsi qu’à la nécessité de trouver les solutions permettant de remettre le secteur sur les rails et de redonner confiance et espoir au producteur d’agrumes au Maroc.

 

Déroulement des travaux

 

Quatre ateliers ont été organisés lors de la première journée. La profession entendait, à travers leurs travaux, ‘‘sortir avec des recommandations claires et un plan d’action portant sur la mise à niveau du secteur de la production des agrumes en relation avec les autres maillons, notamment le conditionnement, la commercialisation et la transformation’’ indique le programme des journées. Ces atelier ont regroupé des participants des différents secteurs d’activité de la filière qui ont pu discuter largement des contraintes entravant la filière et sont sortis avec des recommandations de mesures pour sortir de cette crise.

Les recommandations des quatre ateliers ont été rédigées par des commissions choisies parmi les participants, et présentées lors de la séance de clôture qui a eu lieu en fin de deuxième journée. Ci après, l’intégralité des recommandations telles que présentées aux participants :

 

Commission 1 : Production d’agrumes et production de plants (Pépinières)

 

  1. Contrôle des parcs à bois des pépinières :
  • Implication des services du ministère de l’agriculture dans le choix des variétés et porte-greffes en s’assurant de leur adaptation à la région concernée
  • Enrichissement du profil variétal avec des variétés à haute valeur ajoutée : mettre en place les mécanismes requis à cet effet
  • Renforcement des mesures de contrôle des pépinières, notamment l’authenticité et l’état sanitaire des parcs à bois certifiés
  • Etablissement d’une collection nationale de référence pour les agrumes
  • Instaurer les essais DHS pour l’enregistrement et la protection des nouvelles obtentions variétales (nationales et étrangères)
  1. Production :
  • Harmonisation de la production par région (recommander les variétés et les combinaisons adaptées par région)
  • Rééquilibrage variétal
    • Clémentines super précoces
    • Les petits fruits tardifs
    • Les oranges 
    • Les oranges pigmentées (Washington sanguine, Sanguinelli, Torocco et Moro)
  1. Subventions
  • La commission suggère de maintenir les subventions comme elle sont et les assigner ainsi :
    • 4.000 dh/ha aux PF conventionnels
    • 8.000 dh/ha aux PF superprécoces et tardifs
    • 11.000 dh aux oranges
  • Privilégier le renouvellement des vieux vergers
  1. Encadrement : mettre le point sur les actions pouvant aider à l’amélioration des rendements de la qualité et du taux export
  • Encadrement ONCA : Redéfinir les objectifs de l’ONCA et la doter des compétences adaptées à même de relever les défis de l’encadrement du secteur des agrumes
  • Conseil agricole : Promouvoir l’intervention des conseillers agricoles et améliorer les moyens de motivation qui leur sont assignés
  • Généraliser la cueillette sélective et fixer le tarif du conditionnement sur le TV
  1. Contrôle de la qualité, des prix des intrants et de la qualification des distributeurs et opérateurs du secteur
  • Demander plus de vigilance aux services officiels pour un contrôle renforcé de l’ensemble des intrants concernant le secteur agricole
  • La profession demande la suppression des taxes appliquées aux intrants agricoles
  1. Cératite

Le projet TIS installé au Souss travaille pour l’ensemble du secteur des agrumes au Maroc. Il faut lui apporter plus de soutien pour sa mise en place.

Assouplir la procédure d’octroi des subventions pour tous les produits homologués pour la lutte contre la cératite

  1. Fiabilité des estimations de récolte

Pour les estimations de la production, demander à la direction des statistiques et de stratégie plus de coordination avec la profession (timing 1er estimation en juillet et mise à jour en septembre)

 

Commission 2 : Conditionnement, emballage et transformation

 

La réflexion des participants s’est articulée autour des axes suivants :

  1. La valorisation de la production d’agrumes
  2. L’amélioration du net producteur
  3. La modernisation de l’outil de conditionnement
  4. L’optimisation des investissements
  5. La capitalisation des ressources humaines
  6. Encouragement de la recherche et développement

 

Après débat la commission a proposé les recommandations suivantes :

  • La prestation de conditionnement sera calculée sur la base du ‘tout venant’. Le détail de coût de la prestation et les mesures d’accompagnement seront élaborés au niveau de l’ASCAM
  • Mobilisation de l’aide de l’état à travers une subvention pour :
    • La création de nouvelles unités de conditionnement et de transformation des agrumes
    • La mise à niveau des stations de conditionnement et transformations existantes (Réaménagement des aires de la station, renouvellement des infrastructures de conditionnement et de conservation)
    • Le montant de ladite subvention est au minimum de 30% sans plafonnement
  • Mobilisation de l’aide de l’état à travers une subvention pour :
    • Certification des stations
    • Mise en place des systèmes d’information et de traçabilité
    • Encadrement des producteurs affiliés (certifications et traçabilité, mise en place des protocoles ONSSA pour la Russie et les USA)
    • Le montant de ladite subvention est de 100%
  • Encourager la valorisation des produits de la 2ème catégorie destinés au marché Afrique par les mesures suivantes
    • Instauration d’une subvention au niveau emballage
    • Encourager la logistique par voie maritime pour éviter les difficultés du transport par la voir terrestre
  • Mise en place de formations professionnelles dédiées au métier de conditionnement et d’emballage pour pallier les problèmes liés au manque de qualification
  • Réalisation d’étude intégrale au niveau national et international sur la consommation de jus d’agrumes et dérivés pour la promotion de ce secteur (RD, production et commercialisation)
  • Mise à niveau de la logistique et infrastructures aux différents ports d’exportation pour améliorer le flux (quai de débarquement, entrepôts frigorifiques et pré cooling, démarches administratives et système de contrôle)
  • Installation d’un système de mutualisation d’utilisation des chambres froides en vue de réduire le coût d’investissement au niveau de froid
  • Prévoir une subvention spéciale pour la construction au niveau des ports, des entrepôts frigorifiques. Cette subvention concerne aussi les réaménagements des chambres froides classiques déjà existantes au niveau des ports, en unités de pré-réfrigération
  • Prévoir le maintien, tout au long de l’année, des allocations familiales de la CNSS et la couverture AMO pour la main d’œuvre saisonnière
  • Pour assurer la compétitivité du produit marocain au niveau des pays de destination, une étude est recommandée pour établir la cascade des coûts de revient par rubrique au niveau de toute la chaine de conditionnement : depuis la récolte jusqu’au port
  • Vu la rareté des produits homologués sur agrumes au Maroc, en post récolte, revoir la procédure d’homologation de l’ONSSA

 

Commission 3 : Commercialisation à l’export

 

Diagnostic de la situation des exportations

  • Chaîne de valeur et logistique : Manque de compétitivité coût du Maroc perçu par les opérateurs
  • Rendement à l’hectare trop faible comparativement à celui des concurrents
  • Déficit de compétitivité par rapport à la Turquie et l’Egypte (eau, énergie, subventions) et déficit structurel par rapport à l’Espagne sur les marchés européens, dû à la situation géographique et aux problématiques logistiques
  • Situation des marchés d’exportation du Maroc :
  • Changements structurels sur le marché russe, lié à :
    • l’augmentation de la part de la grande distribution avec une tendance vers les ventes directes
    • Effet de la régulation des prix mise en place sur la capacité de chaque exportateur à répondre individuellement aux grandes quantités demandées par la grande distribution
    • Prédisposition croissante des acheteurs à changer de fournisseur pour une petite différence de prix (exemple donné en Russie)
  • Absence ou quasi absence des marchés européens (notamment la France, l’Allemagne et la Pologne)
  • Difficulté d’accès aux marchés d’Afrique de l’ouest, pourtant prometteurs, du fait des barrières douanières trop élevées
  • Subventions et soutiens publics : Demander un arsenal de subventions pour contribuer à résorber le déficit de compétitivité du Maroc. Parmi d’autres possibilités évoquées :
    • Des subventions à l’export (à la tonne exportée)
    • Des subventions sur le fret maritime
    • Des subventions pour la mise en place de plateformes d’importation dans les nouveaux marchés prioritaires
  • En contrepartie de ces subventions proposer la possibilité de réduire les subventions à la plantation notamment des petits fruits actuellement dominants
  • Sensibiliser la sphère publique à la difficulté d’accès aux marchés d’Afrique de l’ouest fortement liée aux barrières douanières trop élevées (exemple du Sénégal)

 

Commission 4 : Commercialisation marché local

 

  1. Agrégation et intégration des petits producteurs dans des coopératives pour mieux intégrer leur production
  2. Incitation à la contractualisation entre coopératives et grossistes
  3. Fixation d’un prix minimum sur le marché local au niveau des stations de conditionnement et vergers
  4. Mettre en place un règlement intérieur à court terme des marchés de gros. Exemple la définition des intervenants dans les marchés et les horaires des transactions
  5. Accélérer la mise en place du plan directeur de restructuration des marchés de gros en impliquant l’interprofession « Maroc Citrus »
  6. Mettre en place un système d’information performant sur les marchés de gros permettant d’avoir des informations sur les prix et les quantités commercialisées par produit en temps réel
  7. Définir la marge commerciale maximale au niveau des marchés de gros et des détaillants pour régler les prix de vente pour les producteurs et les consommateurs finaux
  8. Donner la possibilité aux producteurs organisés dans des stations de conditionnement agréées par l’ONSSA de commercialiser directement sur des points de vente sans passer par les marchés de gros
  9. Valorisation des agrumes par le conditionnement en ayant des prix adéquats des emballages
  10. Organiser des campagnes de publicité et de marketing pour inciter la consommation et changer l’image actuelle de qualité des produits chez le consommateur marocain
  11. Encourager le développement des unités de transformation pour mieux valoriser le produit
  12. Intégrer mes associations professionnelles relatives aux maillons de la chaîne non présentes à Maroc Citrus tels que les grossistes et la logistique
  13. Faire une étude sur les circuits de la commercialisation et de la distribution des agrumes au niveau national pour déterminer les caractéristiques de chaque circuit
  14. Lancer une étude sur la répartition de la marge commerciale le long de la filière agrumicole

 

Ces recommandations, présentées lors de la séance de clôture par les représentants des 4 commissions, seront transmises au conseil d’administration de l’ASPAM qui se chargera de les transmettre aux autorités de tutelle et d’en suivre l’application.

Les participants à ces journées ont exprimé leur satisfaction des débats et des idées et recommandations auxquels ils ont abouti de même que leurs espérances que leurs doléances trouveront des oreilles attentives en vue de solutions durables aux problématiques que vit la filière.

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