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Maraîchage : Problèmes physiologiques de tomate

Tomate

Problèmes physiologiques de la conduite en contre-saison

Malgré l’idée courante sur les bonnes conditions climatiques de la région d’Agadir (ville des 300 jours de soleil), les cultures de primeur et principalement la tomate sous abris, rencontrent des problèmes particuliers. Ainsi, les contraintes auxquelles fait face la tomate sont dues au fait qu’une grande partie du cycle de cette culture se déroule en période froide, d’automne-hiver.

 

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Rappelons les phases essentielles du cycle de tomate de primeur, cultivée sous abris serres, dans la région d’Agadir :

– Semis en juin-juillet

– Plantation en juillet – août

– Entrée en production vers la mi-octobre

– Pleine production entre décembre et mars

– Fin de la culture: mai – juin

– Durée du cycle: environ 9 mois

– Nombre total de bouquets produits par plante : 20 à 30

 

La plante passe par plusieurs périodes aux caractéristiques très contrastées :

 

Période 1 :

Elle coïncide avec les mois de juillet- août – septembre. L’installation de la culture est suivie rapidement d’un bon départ en végétation et un bon développement du système racinaire, favorisés par :

– Une forte luminosité à l’intérieur de la serre en relation avec le faible taux de couverture végétale ;

– Des jours longs (> 12 heures) et forte intensité lumineuse (> 1600 joules/cm²/Jour) ;

– Des températures estivales favorables ;

– Une humidité abondante par irrigation localisée

 

Période 2 :

Elle correspond aux mois d’octobre-novembre. C’est une phase à la fois végétative et générative caractérisées par :

– Des conditions climatiques intermédiaires (températures clémentes, ensoleillement suffisant malgré la diminution progressive de la durée du jour)

– Un système racinaire bien développé et une plante dépassant 1m de hauteur;

– Une entrée en production au niveau des 4 premiers bouquets ;

– Un plein régime d’irrigation (dose quotidienne environ 1 l/plant) et de fertigation (EC solution nutritive ≈ 2dS/m).

 

Période 3 :

La phase végétative et générative se passe au cours des mois les plus frais de l’année à Agadir (novembre – décembre) caractérisés par :

– Des conditions climatiques défavorables (températures minimales faibles (<12°C), ensoleillement insuffisant (< 800 j/cm²/j) et durée du jour < 12 heures; forte humidité (pluies) ;

– Forte baisse du métabolisme de la plante (faible demande climatique) ;

– Plante en pleine production: 8ème ou 9ème bouquet de fruits, sur une plante haute d’environ 2 m ;

– Plein régime d’irrigation (dose >1 l/plant) et fertigation (EC solution nutritive ≈ 3 dS/m).

 

Les conséquences de cette évolution sont bien connues des maraîchers pratiquant la culture de la tomate dans la région du Souss Massa : étiolement des plants, pourriture des racines, nouaison défectueuse, malformations de fruits suite à des problèmes de pollinisation (activité réduite des bourdons pollinisateurs entre autres) et des symptômes parfois graves de carences (absolues et/ou induite). Les conséquences sur la production (baisse relative des tonnages récoltés et de la qualité des fruits – fermeté, calibre, …).

 

Période 4 : Amélioration progressive des conditions climatiques (températures, luminosité) avec effets positifs sur la pollinisation et les facteurs de production des cultures (tonnages, calibre, qualité du fruit).

 

Principaux problèmes d’ordre physiologique

 

Fruit à facettes :

Bien que le fruit soit initialement lisse, il prend un aspect côtelé. Les facettes ainsi délimitées correspondent en fait aux différentes cavités loculaires. Ces symptômes sont associés aux variétés vigoureuses, sans éclaircissage des fruits, et ayant bénéficié d’un apport important en azote et en phosphore, mais avec un faible régime en potassium. Lorsque le déséquilibre nutritionnel se conjugue avec la période de faible ensoleillement (hiver) et un excès d’humidité relative, ce sont souvent les derniers fruits apparus au niveau du bouquet qui sont déformés. Par ailleurs, ce phénomène est souvent lié au manque de fermeté des fruits.

 

Fruits pointus :

Il est caractérisé par une forme conique dont la pointe se situe au niveau de l’attache pistillaire. Cette malformation est due à un développement inégal des cavités loculaires, ce qui entraîne l’apparition d’un côté plat alors que le côté opposé dont les cavités sont remplies par le placenta, le gel et les graines, présente une forme ronde. Les défauts de pollinisation et les excès de l’humidité relative, auxquels s’ajoutent les températures basses pendant la nuit seraient à l’origine de ce phénomène.

 

Coloration inégale ou ″tâches immatures″ ou ″Blochy ripening″:

Ce sont des défauts de coloration du fruit qui présente des zones vertes ou jaunes et qui peuvent se maintenir à maturité et rendre le fruit impropre à la commercialisation. A l’intérieur du fruit, on peut également observer le brunissement des vaisseaux dans le péricarpe. Ce sont des symptômes caractéristiques qui apparaissent en période d’alternance de temps couvert et de temps ensoleillé, avec des températures basses, et surtout en présence de variétés à forte végétation (surtout si l’effeuillage est insuffisant), avec des apports copieux d’eau d’irrigation et une faible conductivité électrique.

 

Fruits creux :

C’est le symptôme-type d’un défaut de pollinisation par période froide. L’examen d’une coupe transversale du fruit montre que celui-ci est partiellement vide, avec peu de gel et peu de graines. Le fruit est déformé à cause d’un déséquilibre de croissance du fruit après la nouaison. Les températures basses et les excès d’humidité gênent la libération du pollen et le déroulement de la fécondation des ovules.

 

Pourriture apicale :

Appelée aussi ″nécrose apicale″ ou ″Blossom-end-rot″, il s’agit d’un déséquilibre de nutrition minérale due à une carence induite en calcium et en présence d’un excès de potassium. En effet, et bien que l’eau et le sol soient riches en calcium dans les conditions de production au Maroc, le calcium ne parvient pas à être absorbé par les racines car celui-ci est naturellement absorbé en phase passive (avec l’eau d’irrigation). En conditions hivernales, l’excès de l’humidité relative dans les abris-serres, en plus des températures basses et de la faible intensité d’ensoleillement en période de jours courts, il y a un ralentissement du métabolisme de la plante. Le flux de sève diminue et il s’en suit une carence en calcium. Utilisé en grande majorité dans le maintien de l’intégrité membranaire des fruits, la carence induite en calcium provoque une rupture de cette membrane, d’où la nécrose apicale. Ce problème est également lié à une forte teneur en ammonium par rapport aux nitrates (minéralisation insuffisante en période froide).

 

Persistance du collet vert à maturité:

La zone pédonculaire du fruit présente au stade vert une coloration verte très soutenue liée à une teneur plus élevée en chlorophylle. Pendant la phase de maturation, alors que le fruit devient plus mou et se colore en rouge, cette zone reste plus ferme et présente une coloration qui peut aller du vert au jaune dans les cas les plus sévères. Certaines variétés laissent apparaître un léger collet vert au stade vert mais qui disparaît complètement à maturité. La sensibilité au collet vert étant contrôlée par des gènes dominants, les travaux de sélection ont permis aujourd’hui d’obtenir des variétés avec des fruits « uniformcolor » indemnes de collet vert. Cependant, certaines variétés et en particulier celles de type « longue conservation » ont tendance à présenter ce défaut et certains facteurs peuvent favoriser l’apparition du collet vert, en particulier, les températures ambiantes élevées, les rayonnements solaires importants qui accroissent la température du fruit et les fruits touchés sont ceux qui sont directement exposés aux rayons lumineux.

 

Eclatement des fruits :

La peau des fruits craque au début de la maturation des fruits, particulièrement en périodes chaudes et humides. Les à-coups de l’irrigation aboutissent au même résultat. La cause serait un flux rapide de l’eau et des solutés à l’intérieur du fruit, parallèlement à la maturation qui provoque une diminution de l’élasticité de la paroi. Les craquelures peuvent prendre l’aspect de cercles concentriques autour du pédoncule ou atour du fruit. Nombreuses variétés sont sensibles à ces accidents (fruits à peau fine, faible épaisseur du péricarpe, variétés à gros fruits, nombre faible de fruits par plant, fruits non protégés par l’ombre du feuillage).

 

Quelques conseils techniques

Pour mieux préparer et conduire la tomate en période d’hiver

 

Optimiser le rayonnement global

– Assurer une bonne transmission  du rayonnement par le film plastique

– Supprimer les feuilles âgées à faible rendement

– Apport de bio-stimulants pour former les jeunes feuilles

 

Optimiser la Nouaison/Fécondation

– Introduire une population suffisante  de pollinisateurs

– Utiliser des hormones et autres activateurs de la nouaison

– Éventuellement aider par le vibrage des plants

 

Optimiser la maturation des fruits et la coloration

– Assurer une bonne alimentation en phosphore et en potassium

– Utiliser les activateurs de la maturation

 

Optimiser l’irrigation

– Adapter les apports à la consommation qui est limitée

– Prendre en compte le stade et l’Etp

Besoins en eau de la tomate (L/plant) (x10 en m3/ha pour une densité de 10.000 plants/ha)
  RG ETPs mm/j plant-F2 F2 -F3 F4-F6 F6-R2 R2R9 R9-FIN
Kc     0,6 0,7 0,8 0,9 1 0,9
NOV. 808 1,51 0,91 1,06 1,21 1,36 1,51 1,36
DEC. 682 1,28 0,77 0,89 1,02 1,15 1,28 1,15
JANV. 772 1,44 0,87 1,01 1,15 1,30 1,44 1,30
FEV. 1036 1,94 1,16 1,36 1,55 1,74 1,94 1,74
  ETPs = RG x t = RG* 0,00187          
  ETM = ETPs x Kc (coefficient cultural)        

 

Optimiser l’alimentation minérale

  • Assurer des conditions favorables à un bon enracinement
  • Augmenter l’Ec du sol pour favoriser la pénétration des éléments dans la racine

Ec = 1 a 1,2 (dilution à 1/2 ), adapté selon la variété

– Adapter l’Ec d’apport pour un Ec du sol convenable

– Ec d’apport autour de 3, adapté en fonction de la situation.

– Augmenter les apports de potassium et limiter les apports d’azote : K/N= 3 à 3,3.

– Optimiser l’assimilation du phosphore (paillage thermique, apport de matière organique en mulch…

– Complémenter par voie foliaire (oligo-élément, phosphore, potassium)

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