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Maraîchage : Tomate Agadir, fleuron des primeurs Maroc

Le secteur de tomates de primeur à Agadir

Fleuron de la production et des exportations marocaines de primeurs

Abdelmoumen Guennouni

L’histoire de la tomate au Maroc et de sa longue évolution a constamment été étroitement liée aux exportations de ce légume fruit, produit phare des primeurs marocains. Aujourd’hui, 95% de la tomate de primeurs est produite dans le Souss Massa Draa, la plus grande zone de production maraîchère au Maroc. Le reste de la production provient des régions de Berkane et Dakhla. Côté export, 100% de la tomate sous abris sont produits dans la zone Sud (Agadir-Dakhla)

 

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Actuellement, la production de tomates primeur d’exportation semble à peu près stabilisée autour de 6.000 ha de serres (6.260 ha pour 2015-16), principalement dans le Souss, mais aussi à proximité de Dakhla. Cette dernière région où la production est effectivement possible toute l’année, privilégie la culture de la tomate cerise et cocktail, à plus forte valeur ajoutée.

Par ailleurs, sur le plan de la culture, actuellement, et tous les professionnels sont unanimes, la conduite de la tomate primeur nécessite une très grande technicité à tous les niveaux à savoir : choix variétal, choix des installations et équipements, conduite des irrigations, fertilisation et protection phytosanitaire, sans oublier la gestion des ressources humaines, etc.

 

Facteurs de réussite

Au milieu des années 1980 la tomate sous abris représentait 28% de la tomate primeur produite au Maroc avec 1.320 ha sur un total de 4.720 (1986-87). En 15 ans, elle a été multipliée par près de 3 et représentait autour de 65% des 5.910 ha en 2000-01. En même temps, elle a commencé progressivement sa migration du Nord (Casablanca-El Jadida) vers le Sud et avant même les années 2000 la production sous abris était pratiquement concentrée en totalité dans la zone sud du pays.

Cette migration et les succès enregistrés dans la culture et l’exportation de la tomate dans la région d’Agadir, sont dus à la conjonction de nombreux facteurs aussi bien externes que liés aux efforts fournis par les producteurs et exportateurs.

 

Conditions de production

La zone sud du Maroc bénéficie de conditions très favorables, lui permettant d’assurer une production de primeurs dans de meilleures conditions que la zone Nord. Ainsi :

– les conditions pédoclimatiques sont très favorables : températures plus régulières, durée plus élevée d’ensoleillement, …

– disponibilité de terrains  

– grande expérience des producteurs et de la main d’œuvre,

– traditions de regroupement (coopératives, stations de conditionnement),

– opérateurs réceptifs et ouverts aux nouveautés,

– infrastructures de conditionnement, de stockage et d’export,

– présence importante d’ingénieurs et de techniciens aussi bien dans les structures de production que chez les fournisseurs d’intrants, de matériel, etc. contribuant fortement à l’encouragement des avancées technologiques

– meilleures capacités d’investissement et de financement des exploitations

 

Evolution des techniques de production

Au cours des 35 dernières années, le Maroc a connu une évolution considérable au niveau des techniques de production maraichère et principalement des cultures sous serres, dont la tomate en premier lieu. Ainsi, l’itinéraire technique a considérablement évolué, et ce sur tous les aspects du processus de production :

 

Abris-serres

Après l’abandon des abris serres de type tunnel et l’utilisation pendant un quart de siècle d’abris de type canarien, de nouveaux modèles d’abri-serres ont été introduits dans le but d’améliorer la maitrise des conditions climatiques de production et d’atténuer quelques problèmes rencontrés au niveau des serres canariennes, encore largement utilisés par les producteurs de la région et qui ont également subi de nombreuses améliorations afin de les rendre plus pratiques.

Malgré leur coût et le manque de subventions adéquates pour ce genre de matériel, les nouveaux abris ont été adoptés par de nombreux producteurs en raison des avantages qu’il apportent sur les plans étanchéité, meilleure aération, amélioration des rendements (250-300t dont 200-250 export pour les exploitations à technicité élevée, contre 180-200 t pour l’ancien système dont 120 t export en moyenne).

 

Hors sol

L’un des problèmes majeurs auxquels fait face la culture de la tomate sous abris serres est celui des ravageurs et maladies du sol. La solution radicale adoptée précédemment et qui consistait en un traitement du sol au bromure du méthyle, n’est plus possible depuis l’interdiction de son utilisation. La recherche des alternatives au bromure de méthyle a fait ressortir de nombreuses solutions comme la solarisation, la biofumigation et l’utilisation d’autres produits nématicides. Ces derniers s’étant avérés peu efficaces pour assurer une protection de la tomate.

Aujourd’hui, les maraîchers s’orientent de plus en plus vers les cultures en hors sol, en pleine expansion, afin de faire face aux problèmes telluriques et améliorer davantage la qualité de la production. Au début, cette technique était handicapée par son coût et par la difficulté de choisir entre les nombreux substrats (laine de roche, fibre de coco, sable, …) avec leurs avantages et inconvénients respectifs.

Actuellement, le hors sol devient de plus en plus intéressant techniquement (meilleure connaissance des substrats, …) et économiquement (rapide retour sur investissement), mais souffre encore du manque de maitrise de la conduite de la tomate sous cette technique nouvelle pour un grand nombre de producteurs. Aujourd’hui cette technique concerne surtout les variétés de tomate à forte valeur ajoutée (tomate cerise, cocktail et plum).

A signaler que le hors sol, bien maitrisé, apporte de nombreux avantages sur le plan de la production comme l’homogénéité des fruits, leur qualité, économie d’eau et d’engrais, moins d’écarts, rallongement de la période de production, … Ainsi, M. Mohamed Ajana, producteur de la région du Massa et président de la coopérative Comaprim reconnaît que ‘’le hors sol nous a beaucoup appris’’.

 

Choix variétal

Pendant longtemps les maraichers ont recouru aux variétés fixées comme la Marmande VR (demi côtelée), éclaireur (lisse) en Zone Nord et Clause 27 (côtelée) et money maker (lisse) dans le Souss-Massa. Les semences étaient soit prélevées par les producteurs sur leur propre production soit achetées chez les maisons grainières qui les importaient.

Avec l’introduction des cultures sous abris serres, des variétés hybrides de plus en plus performantes ont été introduites chez les agriculteurs. Plus vigoureuses et dont la liste des résistances n’a cessé de s’allonger (verticillium, fusarium, nématodes, cladosporiose, etc.), elles permettent des rendements plus élevés d’autant que le cycle de production et d’exportation ne cessait de s’allonger.

Cependant, très souvent, les maisons grainières proposent aux producteurs des variétés développées pour d’autres pays, vu que la recherche variétale au Maroc est quasi inexistante (sauf quelques tentatives limitées). En effet, les obtenteurs estiment que le marché marocain est trop étroit et que les semences commercialisées en Espagne marchent très bien au Maroc (conditions climatiques proches).

Côté producteur, la demande s’oriente vers des variétés plus performantes (rendement, qualité, résistance aux maladies et aux stress, …). Dans ce sens, les attentes des producteurs sont différentes selon les marchés auxquels ils destinent leur production.

A noter que les conditions climatiques ou commerciales d’une campagne influencent le choix de certains producteurs pour la campagne suivante. Ainsi, en cas de basses températures ayant causé des problèmes de qualité (nouaison, fruits creux, taux d’écarts, …) le choix s’oriente l’année suivante vers de nouvelles variétés ou d’anciennes variétés qui ont résisté au froid. De même, en cas de problèmes commerciaux sur l’un des segments, suite à de plus grandes superficies lors d’une campagne, les producteurs s’orientent l’année suivante vers d’autres segments qu’ils estiment présentant moins de risques ou de meilleures opportunités.

En outre, les maisons grainières opérant au Maroc annoncent régulièrement que des variétés prometteuses sont en train de se frayer un chemin sur le marché marocain, avec des caractéristiques répondant mieux aux désidératas des producteurs et aux exigences des clients.

A noter qu’en réponse aux demandes des distributeurs certains groupes exportateurs bien organisés exigent désormais des semenciers des variétés de tomate en exclusivité (pour un certain nombre d’années), notamment pour les tomates cerise et olivette. Le nombre de semences écoulées par le semencier sur le marché sera certes moins important, mais le prix de vente est bien supérieur à celui d’une graine normale (12 dh au lieu de 1,50 dh).

 

Plants et plantation

Initialement, les maraichers produisaient leurs propres plants pour le plein champ de façon traditionnelle. Les semences étaient généralement récupérées sur la production de fin de champ de la culture précédente et semées dans des carrés en bout de parcelle, sans aucune mesure particulière. Sous l’influence des cultures sous abris, de nombreuses techniques ont été introduites et facilement adoptées par les maraichers. Ainsi, les graines, essentiellement hybrides, étaient semées dans des plateaux remplis de tourbe de semis et une fois les plants arrivés au stade repiquage ils étaient transplantés dans des sachets plastiques perforés remplis de tourbe de repiquage où ils étaient entretenus jusqu’au moment de les planter en pleine terre. La méthode s’était généralisée en raison des nombreux avantages qu’elle apportait (état végétatif et sanitaire,…) et améliorée par le recours aux plateaux alvéolés puis presse-mottes, dont certaines avec semis automatique (de précision).

Aujourd’hui, et depuis de nombreuses années déjà, l’utilisation des plants francs s’est considérablement réduite puisque la plupart des producteurs s’approvisionnent en plants prêts à la pépinière ce qui leur permet de se consacrer à leurs travaux de préparation des abris serres, d’autant plus que les plants sont greffés chose qu’ils ne peuvent réaliser eux-mêmes (nécessité d’organismes spécialisés avec des infrastructures –lumière, température et humidité contrôlées, brumisation,…- que seul le pépiniériste est en mesure d’assurer.). En outre, les semences étant commercialisées à des prix élevés, il s’agit d’éviter toute perte conduisant au renchérissement des plants.

Cette situation a conduit à la professionnalisation du métier de producteur de plants. La région d’Agadir est leader national dans ce domaine. Elle comptait, en 2010 quelque 13 grandes pépinières maraîchères modernes agréées, dont 6 sont commerciales et les 7 autres produisent des plants pour couvrir les besoins de leurs propres propriétaires avec une capacité de production d’environ 80-85 millions de plants de tomate pour la seule région d’Agadir.

Ainsi, 95-98% des tomates de primeur sont produites par des plants greffés sur des porte-greffes très performants, vigoureux et amenant plus de résistances, fournis par des pépinières spécialisées ayant atteint un haut degré de perfectionnement, d’hygiène et d’organisation afin de satisfaire des clients, de plus en plus exigeants.

Concernant le calendrier de plantation, il est déterminé par chaque producteur selon ses propres contraintes et considérations. Ainsi, profitant de l’expérience des années passées, certaines producteurs échelonnent leurs plantations du 20 juillet au 15 septembre pour éviter de gros dégâts en cas d’aléas climatiques (fortes chaleurs), pour avoir une meilleure qualité et pour être constamment présent sur le marché.

 

Irrigation et fertilisation

Au début, l’irrigation était conduite de façon traditionnelle en gravitaire aussi bien en plein champ que sous abris serre, ce qui entrainait un certain nombre de contraintes (pertes d’eau, transport des germes de maladies, difficulté de réaliser les travaux d’entretien et les récoltes après les arrosages, main d’œuvre, carburant, etc.). Par la suite, et pour économiser l’eau et l’énergie, on a vu apparaître l’utilisation de plus en plus fréquente de gaines plastiques simples en remplacement des rigoles en terre.

Aujourd’hui, on assiste à la généralisation du goutte à goutte et de la fertigation (combinaison de l’eau d’irrigation et de la solution mère d’éléments minéraux) et certains producteurs commencent même à installer des circuits fermés avec récupération des excédents et leur réutilisation.

Pour sa part, la fertilisation minérale était généralisée avant même le début des cultures sous abris, avec utilisation des formules NPK disponibles sur le marché (5-8-8 et autres) et des engrais simples (supertriple, ammonitrate, nitrate de potasse). Au début les apports étaient effectués empiriquement sur la base de données théoriques et de l’expérience sur le terrain. Ultérieurement, les analyses du sol ont concerné progressivement toutes les régions primeuristes. Ceci a permis d’arriver progressivement vers des conseils personnalisés à chaque producteur.

On voit aussi d’autres perfectionnements liés à une meilleure connaissance des besoins des cultures et des particularités des différentes variétés et situations de production. Ainsi, et en plus de la fertilisation minérale de plus en plus maitrisée, d’autres produits, inconnus il y a quelques années, se sont fait leur place dans l’arsenal auquel ont recours les producteurs tels que les biostimulants, enracineurs, ions phosphites, engrais foliaires, mycorhize, etc. A noter que dernièrement, des nouveaux produits à base de silicium ont fait leur apparition sur le marché. Selon les sociétés qui les commercialisent, cet élément permet d’augmenter considérablement le rendement des cultures, améliorer la qualité des productions et réduire les besoins en engrais chimiques et en eau.

Aujourd’hui, la gestion de la nutrition se fait au jour le jour et ne repose plus sur des programmes de pilotage préétablis, en se basant sur les mesures des paramètres climatiques fournis par les stations météo, tensiomètres, sondes, … En effet, le producteur apporte des ajustements en fonction des observations quotidiennes des conditions et du développement des feuilles, fleurs, nouaison, grossissement des fruits… Les modes d’apport ont également évolué en passant de l’épandage manuel aux apports racinaires par le système d’irrigation (fertigation), complétés par les engrais foliaires …..

Cette maîtrise de la nutrition hydro-minérale en fonction des stades de développement permet désormais aux producteurs d’atteindre des rendements importants de l’ordre de 300-350 tonnes/ha et une grande qualité du fruit.

 

Pollinisation sous abris

Avec le recours aux abris, la pollinisation, qui se faisait naturellement en plein champ, commence à poser des problèmes en raison de l’absence de mouvements d’air et d’abeilles. Cette faible pollinisation avait pour conséquence un fort taux d’écarts de triage dus à des fruits creux, manquant de tenue,… De nombreuses solutions ont été essayées pour une aide artificielle à la pollinisation (vibration manuelle, vibreurs à batteries, pulvérisateurs pneumatiques, …), mais les résultats étaient peu satisfaisants et demandaient trop de main d’œuvre et de temps avec un coût élevé.

La solution adoptée actuellement est le recours aux bourdons pollinisateurs qui, après avoir commencé timidement, a connu en quelques années, une évolution fulgurante et aujourd’hui 100% des abris serres en sont pourvus.

 

Aération des abris

L’aération des abris est une nécessité pour évacuer l’excès d’humidité de l’air, de réguler la température sous abris et permettre les échanges avec l’extérieur. Elle se faisait manuellement par écartement ou relèvement des bandes plastiques ou des ouvrants, selon les modèles, et représentait l’une des difficultés majeures de la conduite des cultures sous abris. L’opération était relativement lourde et demandait du temps entre le premier et le dernier tunnel. Pour les abris canariens elle est devenue encore plus problématique avec l’introduction du filet ‘‘insect proof’’ pour la lutte contre la mouche blanche. La circulation de l’air est très difficile et la température, la lumière et l’humidité sont la plupart du temps subies, en raison de la structure même de l’abri. Les opérations de chaulage et d’ouverture des abris sont souvent mal maîtrisés, générant des pertes en rendement et en qualité, mais aussi augmentant les coûts de revient des outils de production.

Une modernisation du parc de serres au Maroc permettrait de mieux maîtriser les paramètres de production, grâce à des outils tels que le chauffage, les écrans thermiques, l’aération forcée, le contrôle des températures ou l’hygrométrie. L’alternative la plus recommandée reste la serre multi-chapelle en acier qui présente une technologie de construction assez avancée et qui a fait ses preuves dans d’autres pays. Cependant, le coût de ces installations reste encore un frein majeur à la mutation vers la serre moderne.

 

Traitements phytosanitaires

En plein champs aussi bien que sous abris serres, les traitements préventifs et curatifs étaient généralisés depuis toujours, utilisant les produits autorisés alors, avec une palette plus large qu’actuellement. En traitement du sol, le recours au bromure de méthyle était fréquent (appliqué par des entreprises spécialisées), les autres produits nématicides moins efficaces et moins coûteux étaient d’usage plus répandu. Les traitements fongicides étaient les plus courants en raison de l’humidité plus élevée sous abris alors que les insecticides étaient moins utilisés sous abris car on trouvait peu d’insectes au cours de la partie hivernale du cycle.

Sous la pression constante des normes de sécurité adoptées par les pays importateurs, de grand progrès ont été enregistrés en matière de protection phytosanitaire. Cependant, pour lutter contre la fatigue du sol les producteurs manquent de produits efficaces et la gestion des autres maladies est rendue plus délicate avec la limitation drastique des LMR et les certifications exigées par les différents marchés. Dans ce contexte, la recherche d’alternatives au bromure de méthyle n’a pas arrêté et les producteurs ne cessent d’innover : greffage, solarisation, compostage, hors sol, développement rapide de la lutte intégré (IPM). Selon M. Hassan Housni, directeur régional de CASEM, elle connaît actuellement un certain essoufflement avec seulement 40% des superficies de tomate sous abris après avoir atteint un pic de 70%, il y a peu de temps.

 

Nouvelles technologies

De plus en plus utilisées par certains agriculteurs à l’instar du Centre de Transfert de Technologie de l’APEFEL (CTT), ces techniques concernent les différentes opérations : aération, irrigation, injection d’engrais et produits de traitement, … A titre d’exemple on peut citer :

– Gestion de l’aération des abris serres par programmateurs, en se basant sur des appareils de mesure (rayonnement global, thermomètres, hygromètres … reliés à l’ordinateur) installés à l’intérieur des serres et à l’extérieur (anémomètre pour fermeture des ouvrants en cas de vents violents)

– Gestion de l’irrigation grâce à des appareils de mesure (tensiomètres, …) permettant de mesurer avec précision l’état des différents paramètres

– Paramétrage des irrigations selon le climat et les besoins de la plante. On arrive à un meilleur contrôle de la plante. Avec 2-12 arrosages de 3-6 mn par jour on aboutit à une meilleure homogénéité suite à une croissance et une bonne vigueur

– Conduite de la fertigation : sur la base d’une connaissance précise des besoins de la culture en différents types d’engrais. Utilisation de l’ordinateur en cas de circuit fermé avec récupération de solution fertilisante, recalcul de sa composition et apport des corrections nécessaires pour la réinjecter dans le circuit d’irrigation

– La conduite de la culture est facilitée puisqu’elle se fait à partir d’un bureau permettant au responsable de gérer l’ensemble de l’exploitation équipée, unité par unité et sans se déplacer.

Autre nouveauté et dans un souci d’économie d’énergie, l’irrigation grâce à l’énergie solaire a commencé à se développer progressivement depuis 2-3 ans.

 

Techniciens et ingénieurs

Le secteur primeuriste est celui, de l’agriculture marocaine, disposant de plus de techniciens et d’ingénieurs qui ont contribué de façon considérable, et continuent de le faire, au développement et à l’amélioration des techniques de production de la tomate primeur. Ces équipes techniques sont aussi bien employées par des producteurs et unités de production que par les sociétés qui fournissent le secteur en moyens de production et qui s’occupent en même temps d’encadrer leurs clients dans leur propre domaine de compétence (IPM, fertilisation, …).

 

Recherche et encadrement

Le niveau technique de la production de tomate sous abris commence à atteindre sa vitesse de croisière et les possibilités d’améliorer la production en quantité et qualité commencent à manquer.  Ceci pousse les agriculteurs à chercher des nouveautés pour améliorer encore plus un processus de production qui a déjà atteint un niveau de technicité très avancé. Cependant, et de l’avis général, la recherche et l’encadrement dans la filière sont largement insuffisants sinon inexistants. Pour pallier cette faille, certains producteurs procèdent eux même à des essais sur leurs exploitations sur certains aspects de la conduite de la culture. Ils profitent donc de la bonne communication entre producteurs (de niveau technique élevé) et se transmettent entre eux les remarques et observations lors de rencontres régulières. Ainsi, les bons résultats obtenus chez eux se diffusent rapidement.

 

Déclin de la tomate primeur de plein champ

La tomate de plein champ a aussi connu une vague de déplacement de la production du Nord vers le Sud au cours des années 1960. En effet, certains producteurs des régions de Dar Bouazza, Oualidia, etc. ont été attirés par les avantages qu’offrait le Souss Massa, mais après une dizaine d’années (milieu des années 1970) ils ont déchanté et repris la production dans leur zone d’origine en raison du lancement de la production sous abris et des problèmes de qualité rencontrés (tomate creuse, manque de fermeté, …).

Par ailleurs et avec le développement des tomates sous abris serres qui couvrent tout le cycle d’exportation et même une grande partie des besoins du marché local la tomate de plein champ a commencé progressivement à être abandonnée. D’autant plus que la lutte contre certains fléaux comme la mineuse, la mouche blanche et le Tylcv (maitrisés sous abris) s’avère très difficile en plein champ. Aujourd’hui, indique M. Housni, les cultures de plein champ ont quasiment disparu de la région d’Agadir. Ailleurs, la tomate produite en plein champ (déterminée ou indéterminée) est destinée au marché local.

 

Segmentation

La production marocaine de tomate ronde a fait sa place sur les marchés internationaux, mais l’évolution de ces derniers impose au Maroc de diversifier encore plus sa production pour se positionner sur le créneau de la segmentation et de l’élargissement du calendrier des exportations. Ainsi, après la « tomate ronde uniform color » des années 1980, puis l’arrivée de la « tomate grappe » dans les années 1990, il existe désormais différents types de tomates, variables par leur taille, leur forme et leur couleur qui font tous valoir leur typicité. Cette évolution qui témoigne de la dynamique du marché de premier légume consommé en Europe, trouve sa source dans la biodiversité de la tomate, remarquable par la profondeur et la largeur de gamme.

De la sorte, confirme M. Housni, parallèlement à la stagnation des superficies de tomate sous abris depuis 5 ans, la production évolue essentiellement du point de vue de sa diversification. La segmentation a ainsi permis, sur ce marché mature, d’apporter de la valeur ajoutée. Ainsi, cette année, la diversification au sein de la tomate est comme suit (en hectares) :

 – Tomate ronde TYLCV : 2090.

–  Tomate ronde non TYLCV : 1560

– Tomate grappe : 620 hectares.

– Tomate cocktail : 680

– Tomate cerise Plum(olive) : 840,00

– Tomate cerise : 370,00

– Autres spécialités (tomate tigrée, Beef, etc.) : 100

 

A noter que ces trois dernières années, on a constaté une spécialisation avancée des producteurs. En effet, on commence à parler de groupes spécialisés en tel ou tel type de tomate (tomate cerise, tomate à petit calibre, …) et ce dans le cadre de programmes annuels établis à l’avance et généralement à des prix de ventes fixes assurant un certain niveau de bénéfices aux producteurs.

 

Commercialisation

Le rendement et la qualité paient !

Les exportations montrent que le marché n’évolue pas trop, essentiellement sur le plan des prix. Cependant, grâce à l’amélioration des conditions de production les meilleurs producteurs sont ceux qui profitent le plus des exportations en raison d’un meilleur rendement et une meilleure qualité qui augmentent leurs tonnages exportés.

Par ailleurs, les expéditions effectuées sur des marchés lointains comme la Russie ont été très concluantes, que ce soit en termes de conservation, de présentation, de calibre, de fermeté, etc.

Afin d’éviter la saturation des marchés et chute des prix des ententes sur la répartition des quotas ont été organisées entre professionnels sous le contrôle de l’EACCE.

Un autre point important c’est qu’il y a actuellement des producteurs qui n’arrêtent plus leurs exportations à la fin de la période habituelle. Ils exportent toute l’année surtout pour les cerises et cerise plum.

 

Emballage

Les exportateurs marocains de tomate utilisent les dernières avancées en matière de préservation de la qualité des fruits et légumes du moment de la récolte jusqu’à la commercialisation, afin de garantir l’arrivée des fruits aux marchés d’exportation avec la meilleure qualité possible et dans le respect total de la législation en vigueur.

En effet, de par sa vocation à l’export, la région du Souss n’a de choix que de répondre aux exigences des marchés de distribution en matière de conditionnement et de packaging, ce qui a eu pour résultat de tirer vers le haut l’offre d’origine Maroc. Autrefois utilisé juste pour le transport des fruits et légumes, l’emballage est aujourd’hui un véritable outil de communication. A la fois protecteur et vitrine du contenu, il doit  s’adapter aux modes de consommation, et doit répondre à certains critères de praticité et de qualité au même titre que le fruit ou le légume lui même. D’où une constante évolution des matériaux utilisés, les formes et les dimensions, de même que les normes de fabrication.

Bois, carton ou plastique, chaque type d’emballage a sa place et ses spécificités, au sein d’un marché d’exportation où les producteurs marocains confortent leur place, et à l’aube d’un marché local, où ils s’aventurent à tâtons.

A noter par ailleurs la prise en considération de l’impact sur l’environnement. En effet, dans nos marchés à l’export, l’environnement devient une préoccupation majeure (recyclage, empreinte et bilan carbone), que nos exportateurs vont devoir inclure dans leurs considérations à l’avenir.

 

Conditionnement

Les recherches variétales poussées et l’amélioration des techniques de cultures permettent certes d’uniformiser les productions, mais il est toujours nécessaire d’effectuer un gros travail de sélection et de triage en post-récolte pour répondre aux exigences de l’export. L’aspect visuel joue en effet un rôle important dans l’achat de fruits et légumes. C’est pourquoi les acheteurs exigent de plus en plus que les produits soient calibrés d’après leurs caractéristiques externes et même internes (degré Brix, fermeté,  quantité de jus).

Le conditionnement à l’export a largement évolué depuis les premières machines des années 80 suite aux exigences des exportateurs, eux-mêmes soumis à celles des marchés destinataires: contraintes de délais, de tris sophistiqués et de sécurité alimentaire. L’ère des petites stations de conditionnement mécanisées est révolue, place aux grandes stations, équipées de calibreuses électroniques les plus modernes.

En une vingtaine d’années, les méthodes de conditionnement et de triage des fruits et légumes ont largement évolué. Dans les stations de conditionnement, le tri manuel et visuel a peu à peu été remplacé par des outils mécaniques, puis électroniques.

Depuis la fin des années 90, les équipements mécanisés ont été peu à peu remplacés par de nouvelles générations de machines électroniques plus performantes et assurant une meilleure rentabilité.

Une transition nécessaire pour répondre aux nouvelles contraintes qualitatives et satisfaire aux demandes des exportateurs pour offrir avec plus de précision et dans les meilleurs délais les produit demandés. Par ailleurs, la présence d’équipements modernes rassure le client sur le potentiel de réponse et d’adaptabilité des stations auxquelles il s’adresse.

 

Logistique

Le Maroc est le premier fournisseur du marché français de tomates de contre saison, ses exportations de tomates fraîches ont connu une forte dynamique de croissance ces dix dernières années. Cependant, la logistique représente un grand poste de dépenses pour les exportateurs marocains de fruits et légumes en raison des coûts qui peuvent représenter en moyenne 30% des coûts de revient des produits exportés, ce qui impacte leur compétitivité par rapport à leurs concurrents espagnols et turcs.

Actuellement, deux modes de transport sont utilisés par les exportateurs marocains de tomates fraîches, le transport international routier (TIR) et le transport maritime par conteneur, avec une forte dominance de la voie terrestre durant ces dix dernières années. Cependant, on assiste récemment au recours de plus en plus fréquent à la voie maritime.

 

Marketing

Sur le plan du marketing et de la démarche d’exportation, on peut retenir la remarque suivante du Pr Najib Akesbi ( Revue Marocaine des Sciences Politiques et Sociales) : ‘‘Certes, nous avons à de nombreuses reprises mis en valeur les efforts fournis par une grande partie des producteurs exportateurs marocains au niveau de leurs systèmes de production pour s’adapter à la demande européenne et à ses contraintes en termes de variétés, de qualité, de périodicité… Le problème est que les mêmes n’ont souvent guère fait preuve sur les marchés du même dynamisme qu’ils ont déployé sur leurs champs de production. Ils ont ainsi cruellement manqué de vitalité et d’imagination en matière de marketing. De sorte que même après la libéralisation des exportations en 1986, beaucoup ont continué à se contenter de vendre sur les mêmes marchés traditionnels, et de traiter avec les mêmes partenaires et les mêmes méthodes!’’

 

Avenir : Faut-il être optimiste ?

 

Arrivée à ce stade de son développement, la tomate primeur marocaine voit son avenir nécessiter un nouveau coup de fouet pour garder ses parts de marché et en conquérir d’autres. Dans un monde globalisé, où le Maroc a fait le choix de l’ouverture, il est nécessaire de trouver des solutions innovantes, de se doter d’outils performants afin d’apporter des réponses aux défis permanents qui se posent à ce produit phare des exportations marocaines et moteur du développement agricole et même industriel de la région d’Agadir et du pays.

 

Il s’agit pour les producteurs d’œuvrer sur plusieurs plans :

– améliorer la production et la qualité

– mieux répondre aux préoccupations des consommateurs (même si elles diffèrent d’un client à l’autre, d’autant plus qu’elles évoluent constamment) tout en respectant l’environnement et la santé des producteurs et consommateurs

– anticiper ou réagir intelligemment aux exigences des pays importateurs en adoptant des solutions adéquates pour respecter les normes et conditions qu’ils établissent

– améliorer leur compétitivité et trouver des parades aux mesures protectionnistes et barrières non tarifaires érigées régulièrement par les pays importateurs

– conforter leur place sur les marchés traditionnels et en conquérir de nouveaux, ainsi que de nouveaux segments et niches en assurant une présence plus régulière, avec des volumes et une qualité constants afin de rester compétitifs et rester dans la course.

 

Sur le plan de la production, les techniques ne cessant d’évoluer il est nécessaire d’adopter celles qui permettent de répondre aux besoins cités plus haut. Une partie de ces techniques est déjà installée chez certains producteurs qu’il s’agit de les prendre comme exemple. De même qu’il est dépassé le temps où les producteurs pouvaient opérer séparément aussi bien pour leur production que dans le domaine de la commercialisation, face à une concurrence de plus en plus structurée et organisée des pays du bassin méditerranéen.

De nombreux producteurs en sont conscients, à l’instar de M. Ajana qui souligne que ‘‘pour l’ensemble des producteurs, il s’agit, en adoptant les améliorations techniques, de suivre ces producteurs à la pointe de même qu’il est obligatoire de se regrouper (en coopératives ou sociétés) faute de quoi ils sont condamnés à disparaître. Pour preuve, les nombreux petits producteurs qui ont abandonné, entrainant une concentration de la production et de l’export. Ainsi, on est passé de 120 stations qui exportaient 90.000 t à 20 stations aujourd’hui atteignant 450.000 t’’.

Par ailleurs, M. Housni confirme que ‘‘l’avenir est à une meilleure gestion et conduite en plus du hors sol et à des produits biologiques ou écologiques comme, par exemple, des extraits de moutarde ou de piment fort comme Nématicides’’

 

Abris serres

Succédant aux tunnels, les abris canariens avaient constitué une avancée considérable dans les années 1980. Aujourd’hui ce système atteint ses limites et de nombreux producteurs commencent à s’équiper de serres multichapelles, conscients que c’est la voie inévitable pour améliorer les niveaux de qualité et de productivité. En effet, et comme le constatent les professionnels, les abris canariens étant devenus particulièrement étanches depuis l’arrivée de la mouche blanche. La circulation de l’air y est très difficile et la température, la lumière et l’humidité sont la plupart du temps difficilement contrôlables, en raison de la structure même de l’abri.

Des spécialistes, pour leur part, estiment qu’une modernisation du parc de serres au Maroc permettrait de mieux maîtriser les paramètres de production, grâce à des outils tels que le chauffage, les écrans thermiques, l’aération forcée, le contrôle des températures ou l’hygrométrie. Ainsi, le royaume se doit de rester dans la course, en assurant, grâce à des serres plus adéquates, une présence plus régulière, avec des volumes et une qualité constants afin de rester compétitifs.

 

Cependant, on constate que le coût de ces installations reste encore un frein majeur à la mutation vers la serre moderne. Les producteurs ont invité à plusieurs reprises les représentants de l’Etat à considérer les possibilités de soutien financier à ce type d’investissement. Toutefois, il est patent que, si cette mutation semble inévitable, elle devrait prendre encore du temps au Maroc.

 

L’alternative la plus recommandée reste la serre multi-chapelle en acier qui a fait ses preuves dans d’autres pays. Contrairement aux serres canariennes rudimentaires, elles présentent une technologie de construction assez avancée et sont par conséquent plus coûteuses (en général 3 fois plus chères). La décision de l’acquisition de ces serres doit se baser sur l’analyse du coût d’installation élevé par rapport aux retombées positives en relation avec les atouts de commercialisation.

Selon un producteur du Souss, le changement des structures devra être graduel, mais ne pourra certainement pas se mettre en place sans une implication du ministère de tutelle au travers de subventions et des établissements de crédits qui devront permettre un accès facile au financement avec des taux préférentiels. En effet, vu l’importance de l’investissement, le producteur ne pourra prendre seul à sa charge une telle reconversion.

Hors sol

Le hors sol s’est imposé, vu les problèmes du traitement du sol et les avantages qu’il apporte, comme l’une des principales solutions pour poursuivre la démarche progressive de la tomate primeurs au Maroc. Cependant, trois principales contraintes lui font face :

– maitrise de la conduite : vu le faible volume de substrat toute erreur de conduite risque d’avoir des conséquences fâcheuses, d’où la nécessité d’une technicité élevée

– coût du système : les substrats organiques sont importés et reviennent cher au producteurs, de même les substrats locaux ne sont pas encore bien étudiés et même le sable (qu’on trouve partout au Maroc) n’est pas forcément du type adéquat

– effet sur l’environnement de certains substrats non biodégradables

 

Il est nécessaire d’encourager les petits producteurs dans cette voie et de renforcer les études de tous les aspects à même de permettre l’utilisation de produits locaux, disponibles et moins couteux

 

Lutte intégrée

Sur le plan phytosanitaire, la lutte contre la mouche blanche et la mineuse étant pratiquement maitrisée, le principal problème qui se pose actuellement est le traitement du sol et la recherche d’alternatives au bromure de méthyle.

Autre défi que les professionnels doivent relever consiste à lutter efficacement contre les ennemis de la tomate tout en recourant le moins possible aux pesticides, de plus en plus décriés à travers le monde. Dans ce cadre, la lutte intégrée doit être encouragée et généralisée avec une utilisation réduite de la lutte chimique afin de préserver les auxiliaires, la santé des producteurs, consommateurs, ainsi que l’environnement.

 

Autres axes de développement

Certains types de production nécessitent qu’on leur accorde plus d’intérêt en raison de l’engouement qu’elles suscitent auprès des consommateurs comme la production biologique de la tomate (différents segments), l’économie solidaire, … en prenant en compte les droits sociaux des ouvriers tout au long de la chaine. De même, il est primordial d’accorder plus d’intérêt à la normalisation et l’organisation du marché local comme volet complémentaire au secteur d’exportation.

Concernant l’encadrement, il est nécessaire de mieux organiser la production en procédant à une orientation des agriculteurs pour éviter la surproduction dans un segment au détriment d’un autre, de même que sur le plan commercial les conseiller sur les programmes de culture à adopter, les calendriers de plantation, de commercialisation, les marchés, … afin d’éviter la concurrence maroco-marocaine et pouvoir faire face à des concurrents mieux structurés, protégés et organisés, et de plus en plus agressifs.

Cependant, malgré le haut niveau atteint par les producteurs-exportateurs marocains en termes de techniques de production, de valorisation et de commercialisation, nul ne doute qu’il y aura toujours des défis à relever et des difficultés à surmonter dans l’avenir : fluctuations de l’économie mondiale, réglementation de plus en plus rigoureuse (sécurité, traçabilité), concurrence, évolution des modes de consommation… D’où l’importance pour la profession d’anticiper en permanence les attentes des consommateurs et de se doter des outils nécessaires pour faire face à l’ensemble de ces mutations.

 

L’exportation de la tomate marocaine doit faire face à de nombreuses difficultés, parmi lesquelles les barrières tarifaires et non tarifaires que ne cessent de dresser les pays importateurs pour protéger leur propre production nationale ou celle des pays membres, dans le cas de l’UE (préférence nationale ou communautaire). Ces mesures contredisent la mondialisation prônée par l’OMC et les exhortations de ces mêmes pays (développés) aux autres contrées (tiers monde) pour l’ouverture sans conditions de leurs marchés.

Les nombreux plafonnements par le jeu des restrictions telles les rétrécissements des calendriers, fixation des contingents, tonnages et prix, les normes sanitaires qui n’ont cessé d’évoluer, les multiples certifications, les clauses politiques, ainsi que d’autres qui vont venir dont l’empreinte et le bilan carbone, etc. ces normes, et de l’aveu même de nombreuses sources européennes, ne sont pas appliquées aussi strictement aux producteurs européens qu’aux exportations marocaines.

Les autorités marocaines de tutelle et les exportateurs doivent donc établir une vision à long terme permettant une visibilité suffisante pour que les opérateurs puissent s’engager avec une relative confiance dans l’avenir d’un produit qui concentre autant l’attention que la tomate primeur d’exportation.

 

 

 

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