Artichaut
Les semences remplacent les boutures
Au Maroc l’artichaut est cultivé principalement dans les régions du Gharb et de la Basse Moulouya, actuellement on en rencontre sur la plupart des autres régions du Maroc, à savoir, le Haouz, Souss massa, le Saïss et la région de Zagora. Il est généralement cultivé dans des petites parcelles familiales caractérisées par un système de production associé à l’élevage, selon des pratiques traditionnelles. De ce fait, cette culture reste bien en deçà de son potentiel. Cependant, l’introduction de semences hybrides performantes promet une importante évolution du secteur.
Les semences hybrides remplacent progressivement le bouturage avec les drageons, longtemps pratiqué dans les régions de production et qui comportait de nombreux inconvénients :
– multiplication par voie végétative (bouturage) : le matériel végétal localement utilisé est restreint et provient de populations faiblement productives, hétérogènes, sensibles au froid et de qualité médiocre. En effet, la majorité des producteurs renouvellent leurs cultures à partir des boutures prélevées des souches issues des vieilles plantations. Il en résulte un taux de reprise faible (mortalité 20-30%) et un peuplement mal maîtrisé. De plus, cette pratique occupe trop le sol et génère des opérations supplémentaires et coûteuses.
– rendement moyen faible et très variable
– faible qualité des capitules (ouverts,…)
– manque de main d’œuvre, notamment pour la préparation des drageons pour la plantation, le dédrageonnage et la récolte étalée dans le temps.
A cela s’ajoutent d’autres inconvénients comme :
– Recours à des techniques culturales peu performantes
– Absence de contrôle des mauvaises herbes, utilisées pour l’alimentation du bétail
– Dominance de l’irrigation gravitaire
Avantages des semences hybrides
Après de longues années de recherches intensives, Bayer CropScience Vegetable Seeds est parvenu à développer les premières variétés d’artichaut hybrides, commercialisés sous la marque Nunhems. Issues de croisements entre lignées soigneusement sélectionnées, ces variétés présentent de nombreux avantages par rapport aux cultivars traditionnels :
– matériel végétal sélectionné, homogène et répondant aux exigences du marché.
– bon contrôle de la densité
– plants vigoureux et très fructifères avec des capitules uniformes coniques, compacts et bien fermés. La forte vigueur présente aussi l’avantage de diminuer la sensibilité au froid et au gel
– absence de transmission de maladies, de parasites et de virus.
– libération du sol dès que la récolte n’est plus nécessaire.
– rendements plus élevé (15-20 tonnes/ha) par rapport aux cultures issues des boutures et très bonne qualité commerciale.
– diversité des usages : consommation en frais, export et transformation.
Les récoltes commencent dès fin novembre et s’échelonnent progressivement pour décroître durant les dernières récoltes vers fin avril. A noter que les opérations de récolte et de post-récolte dépendent du marché visé : frais (local ou export) ou de transformation.
D’après les professionnels interrogés, le prix des semences est largement compensé par une meilleure rentabilité grâce à l’augmentation des rendements et une meilleure valorisation sur le marché. En effet, les capitules issus de variétés hybrides sont mieux payés que ceux issues de boutures.
Maîtrise de la culture
Réussir la conduite des variétés hybrides impose des pratiques culturales spécifiques qui font encore défaut à beaucoup de producteurs vu l’introduction relativement récente de ces semences. On peut citer à titre d’exemple :
– le semis (généralement vers fin mai) et l’élevage des plants doivent être réalisés par des pépinières spécialisées disposant de structures adaptées, afin de garantir à l’agriculteur une bonne reprise et une grande uniformité des parcelles.
– plantation : elle se fait généralement entre juillet et août
– densité : selon la variété, la densité conseillée est de 6000-7000 plants/ha, en veillant à maintenir un écartement suffisant entre les lignes pour une meilleure aération et un meilleur état sanitaire de la culture.
– Irrigation : en plus du système du goutte à goutte, il est important d’assurer une bonne préparation du sol pour éviter les zones de stagnation d’eau. Les apports en engrais et en eau doivent être adaptés aux besoins spécifiques de chaque variété et ajustés en fonction des stades phénologiques de la plante. A noter que certaines des variétés d’artichaut Nunhems tolèrent des niveaux de salinité élevés (eaux chargées).
– Désherbage : certaines espèces d’adventices constituent un danger pour la culture (compétition, hébergement de ravageurs). Pour une lutte efficace contre les adventices, il convient de combiner des techniques culturales appropriées (binage et buttage) avec l’utilisation de désherbants.
– paillage plastic : il est fortement déconseillé pendant la période estivale.
– acide gibbérellique AG3 : pour satisfaire le besoin physiologique de l’artichaut et assurer une bonne précocité, des applications foliaires de ce régulateur de croissance doivent être apportées à des doses précises selon les variétés et à des stades bien précis.