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Céréales : Difficultés de commercialisation

Céréales :

Les agriculteurs entre marteau et enclume

 

Chaque année et tout au long de la campagne, les agriculteurs n’arrêtent pas de scruter le ciel, naviguer entre sites de météo, travailler le sol, semer, apporter des engrais, traiter contre toutes sortes d’ennemis tout en s’endettant pour cela. Les années maigres quand elles surviennent, amènent leur lot de souffrances et de soucis financiers pour survivre d’abord et pour affronter la campagne suivante ensuite. Mais quand survient une bonne campagne tous les espoirs sont permis. Toutefois ‘‘ô rage, ô désespoir’’ (comme dirait Don Diègue dans le Cid), quelle désillusion ! Le système de commercialisation, les intermédiaires, … sont là pour rappeler à l’agriculteur la triste réalité : les bonnes campagnes sont aussi catastrophiques sinon pires que les mauvaises. C’est comme dirait le dicton : ‘‘le Fquih dont on attend la baraka, est entré dans la mosquée avec sa babouche’’ (الفقيه اللي نستناو بركته دخل للجامع بـبلغته).

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Pour illustration, l’association de Had Kourt (Gharb) pour l’agriculture durable, a publié un communiqué expliquant les efforts consentis par ses membres pour atteindre un haut rendement et les contraintes de conservation et de commercialisations rencontrées.

(NB : le texte original entier figure dans le fascicule arabe et ci-joint des extraits choisis et traduits par nos soins)

Association de Had Kourt pour l’agriculture durable

De l’étape d’amélioration de la production céréalière… à la réflexion aux problèmes de commercialisation

Depuis sa création en 2012, l’association n’a cessé de considérer les agriculteurs comme axe principal de ses différentes activité et programmes annuels à travers leur organisation, encadrement et orientation vers les moyens adéquats pour l’amélioration de leur production. Parmi les buts que l’association s’est fixés : atteindre un rendement moyen de 60 qx/ha chez tous ses membres grâce au respect des programmes techniques tracés en collaboration avec l’ONCA, l’ENAM, l’OCP, le centre Maroco-allemand de conseil agricole, la MAMDA, des sociétés privées, etc. L’application des bonnes pratiques agricoles, la rationalisation de l’usage des pesticides et engrais, le renforcement de l’assurance multirisque et la gestion technique et économique des intrants agricoles sont devenus des évidences chez les membres de l’association de Had Kourt.

Cette organisation regroupe aujourd’hui 50 membres avec une superficie totale de 5.000 ha répartis entre céréales et légumineuses et pour accompagner ses membres après une année catastrophique, l’association a mis au point un plan qui vise à augmenter les superficies emblavées en semis direct que l’association a été l’un des précurseurs de son introduction dans la région dès 2014.

Cette année, de nombreux professeurs chercheurs, ingénieurs, conseillers et techniciens ont apporté leur contribution, chacun dans son domaine de compétence pour faire avancer la production et les producteurs membres ont fourni les efforts nécessaires pour la réussite de la campagne.

Aujourd’hui, début avril, il devient évident que l’état végétatif des céréales est bon à très bon, résultat des efforts des agriculteurs conjugués aux précipitations et à leur bonne répartition dans le temps.

Cependant, la région où la filière céréalière est la locomotive du développement, est inquiète quant au retour des problèmes de commercialisation alors qu’on est à la veille des moissons. Ce feuilleton se répète chaque fois lors des bonnes campagnes au cours desquelles les intermédiaires, profiteant de l’importance de l’offre pour tirer les prix vers le bas.

 

En tant qu’organisation professionnelle ambitionnant le développement de la filière céréalière dans la région de Had Kourt, il nous parait que la campagne sera exceptionnellement productive mais en même temps elle va reproduire l’un des épisodes de souffrances des agriculteurs vu que les autorités de tutelle n’ont fait preuve d’aucune réaction pour trouver une solution radicale au problème de commercialisation. Le producteur sera ainsi exposé une nouvelle fois, au défi du stockage ou des spéculations et malversation effectuées par certains intermédiaires en vue de réaliser des profits de plus en plus importants aux dépens de l’agriculteur qui a bataillé pour survivre.

Aujourd’hui, comme à la fin de chaque campagne, une ambiance d’expectative prédomine dans l’attente de savoir quelle tendance prendra le prix du blé et malgré la fixation par les autorités d’un prix de référence pour la livraison aux minoteries, le tarif appliqué par les intermédiaires reste largement inférieur.

Par ailleurs, nous pouvons affirmer que la qualité des céréales cette campagne connaitra une nette amélioration surtout dans la région de Had Kourt et par conséquent les intermédiaires agréés et les minoteries ne pourront pas recourir à ce prétexte pour baisser les prix d’achat. Il est vrai que l’application de prix de référence reste un défi surtout avec les pressions exercées par les intermédiaires et les minotiers sur l’ONICL pour faciliter les sur-importations pour inonder le marché marocain de blés importés et par conséquent causer la dégringolade des prix.

La faiblesse de la capacité de stockage dans notre pays (32 Mqx) pousse à soutenir les moyens privés d’entreposage par le biais des primes aux minoteries et coopératives, mais cette politique a été dévoyée par rapport à ses objectifs et est devenue un moyen exploité pour maximiser les bénéfices en surestimant leurs déclarations. En outre, ce qui renforce ces pratiques c’est que les aides publiques ne sont accordées qu’à quelques stockeurs agréés alors que les agriculteurs et les moyens traditionnels de stockage ne bénéficient d’aucune aide. De même que les minoteries traditionnelles à la campagne ou en ville ne bénéficient pas de l’aide accordée aux minoteries industrielles.

Ainsi, conscient que nous représentons le maillon faible, nous sommes convaincus que la solution la plus appropriée est le soutien au système de stockage de façon à permettre à l’agriculteur de conserver son produit pour une durée donnée, afin d’éviter de le vendre à bas prix au cours des mois où l’offre est concentrée.

En conséquences notre main est tendue vers tous les intervenants dans cette filière en vue de son développement et attendons toute réponse qui sera la bienvenue.

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