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Terres collectives et rentabilité des fruits rouges

Fruits rouges

Des problèmes fonciers menacent la rentabilité des cultures

 

Abdelmoumen Guennouni

Provenant des régions du Gharb et Loukos, des appels de producteurs au magazine Agriculture du Maghreb ont fait état de problèmes fonciers liés à l’exploitation et à la location des terres collectives. Cette situation risque, selon eux, de mettre en danger la rentabilité et les conditions précaires de l’exploitation de ces terrains pour la production de fruits rouges.

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Nous avons fait appel à, Président de l’AMPFR (Association Marocaine des Producteurs de Fruits rouges) qui a eu la gentillesse de nous donner plus d’éclaircissements. Selon lui, le problème foncier n’est pas nouveau pour la filière. Il est avant out lié à l’absence de grandes propriétés (le secteur est dominé par la petite propriété). Il rappelle que le développement des fruits rouges s’est effectué à la vitesse grand ‘’V’’ vers les années 1985, encouragé par la disponibilité de terres agricoles et dans des régions où l’irrigation se fait à partir des eaux souterraines.

Les terrains exploités pour la production de fruits rouges, explique Haj Abdellatif Bennani, sont de différents types dont 1/3 en terrains collectifs et 2/3 en terrain Melk (propriété privée). Les terrains collectifs sont loués soit directement par les ayants droit eux-mêmes soit par le ministère de l’intérieur qui leur reverse les montants correspondants alors que les terres Melk sont soit exploités par leurs propriétaires soit loués à des investisseurs qui se chargent de les exploiter.

Initialement, les terres ont été louées par des investisseurs et valorisées par la production de fraises. Cependant, avec le temps la disponibilité de terrains à valoriser (louer) a baissé, d’autant que les 18 ans (durée des contrats de location passés avec le ministère de l’intérieur) arrive à échéance actuellement.

Cependant, Haj Bennani estime regrettable que les négociations pour le renouvellement des locations n’aient pas commencé 2-3 ans avant leur terme, mais comme ça n’a pas été fait dans ce sens, les discussions sont assez délicates sachant qu’il n’y a pas de réglementation claire (procédure définie) qui fixe les conditions de ces locations. En outre, vu la grande diversité de types de propriété, du nombre d’ayants droit, de l’état du terrain (équipé ou nu), de la superficie totale, de la durée de location, des cultures qui y seront pratiquées, etc. chaque situation est un cas à part et les négociations sont totalement différentes et complexes.

Entretemps, les prix de location de l’hectare ont connu une croissance très importante et les ayants droit, souvent nombreux et possédant de petites parcelles (1 ha) sont tentés d’exiger le prix le plus élevé sur le marché. En effet, les montants exigés tournent autour de 10.000 à 12.000 dh par hectare alors qu’ils étaient de 3 000 précédemment (3-4 fois), soit une augmentation de près de 7 fois. A signaler que les locations de petites parcelles et de grandes superficies ne peuvent pas être logées à la même enseigne.

Par ailleurs, vu les montants élevés de la location des terres et selon leur rentabilité, certaines cultures peuvent supporter cette augmentation (framboises, myrtilles) alors que d’autres (fraise, fourrages, etc.) ne peuvent pas s’en sortir. Ainsi, la fraise dont les coûts de production n’ont cessé d’augmenter et dont le rendement a fortement baissé (un plant ne donne plus que 500 g par an alors qu’il produisant jusqu’à 850 g). La production de fraise, qui a fortement perdu en rentabilité, est fortement menacée en l’absence de nouveautés techniques ou de variété performantes.

Cependant, le foncier n’est qu’un des facteurs qui handicapent la production des fruits rouges et aujourd’hui il faut de plus en plus d’efforts pour se maintenir. Ainsi, les grandes exploitations, anciennes et dont les investissements sont amortis s’en sortent mieux alors que les nouvelles exploitations (surtout avec de petites superficies) ont plus de difficultés à s’en sortir

 

Pour Haj Abdellatif Bennani, les investisseurs se heurtent à la lenteur des procédures, au manque de visibilité et à des problèmes et difficultés de tous genres qui mettent en danger et causent une instabilité dans la continuité de l’activité. Ces obstacles peuvent être résolus sans perturbation de la production. L’Etat devrait donc aider ces entrepreneurs (producteurs) et leur faciliter l’accès au foncier aux afin de maintenir cette activité agricole qui assure un grand nombre d’emploi et des revenus conséquents de production et d’exportation

 

Avancement de la campagne de fraises

 

En réponse à une question sur l’avancement de la campagne en cours, Haj Abdellatif Bennani répond qu’elle s’avère difficile en raison des conditions climatiques de cette année : les fortes températures et l’absence de précipitations ont favorisé une production plus précoce et une entrée sur le marché plus tôt que d’habitude. Ainsi, en novembre les prix de vente étaient très intéressants et les prix producteur atteignaient 80 dh par kilo mais ont concerné de petites quantités. Par la suite, les mêmes phénomènes climatiques s’étant produit en Espagne et ailleurs, en décembre tout monde est entré en production en même temps et les prix producteur sont tombés à 7-8 dh/kg en janvier

Heureusement, face à cette forte production, le marché local a joué un rôle favorable et les prix avoisinaient 10-12 dh/kg en attendant le démarrage de la surgélation qui commence habituellement début mars. Ainsi, profitant de la bonne qualité et la renommée de la fraise marocaine la situation a enregistré, après la mi-janvier, un redressement des prix (12 dh/kg prix producteur). Cependant, considérée globalement, la campagne actuelle de la fraise est jugée inférieure à la moyenne

Les espoirs pour le reste de la campagne sont portés sur la surgélation pour la plus grande part. En effet la qualité de la fraise marocaine étant très appréciée les prix à l’usine seraient de 5,50 à 6 dh/gk, ce qui permettrait de compenser le frais. Cependant, le cycle menace d’être plus court que d’habitude sachant que les plants ont commencé leur production plus tôt ils arrêteront plus tôt et la campagne risque de se terminer en début juin au lieu de la fin du même mois d’habitude

 

 

 

 

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