Méthodes de lutte contre la cératite
Dans la région méditerranéenne, la cératite (Ceratitis capitata) appelée aussi la mouche méditerranéenne des fruits, est le ravageur le plus redoutable et s’attaque à un grand nombre d’espèces fruitières. Au Maroc, Elle occasionne des dégâts importants sur les agrumes et bien d’autres espèces cultivées (Prunier, pêcher, abricotier, pommier, certaines cultures maraîchères, …) et non cultivée (Arganier, jujubier…). Sur agrumes, la cératite s’attaque à toutes les variétés et surtout aux variétés précoces et celles à peau mince, notamment la clémentine.
Le nombre de générations par an est déterminé essentiellement par la température. C’est ainsi que plusieurs générations peuvent se succéder durant l’année. Ses dégâts constituent un obstacle majeur pour des exportations en raison de la dévalorisation de la marchandise et des mesures de quarantaine imposées par certains pays importateurs.
Stratégie de protection phytosanitaire :
1) Surveillance :
Avant la réceptivité des fruits, des pièges pour les mâles contenant un attractif (phéromone) et un produit insecticide, ou des pièges pour femelles contenant un attractif alimentaire (hydrolysat de protéine) et un insecticide sont suspendus aux arbres à une hauteur de 1,5 à 2 mètres, à l’exposition sud-est. La bibliographie recommande 1 piège/ha, mais dans la pratique, les agrumiculteurs marocains ont longtemps opté pour une densité de 1 Piège pour 5 ha avant de passer récemment à 1 piège par 2 ha).
2) Evaluation de risques :
Dans la lutte chimique classique, l’intervention, durant la période de sensibilité de fruit, est justifiée si le nombre de mouches dépasse 1 individu/jour/parcelle pour les pièges à mâles ou 0,5 individu/jour/parcelle pour les pièges à femelles, et si le pourcentage de fruits présentant des piqûres de mouches est supérieur à 1%.
3) Mesures de lutte :
Lutte chimique :
La lutte chimique généralisée avec des produits non sélectifs présente des inconvénients majeurs, qui résident dans la destruction des ennemis naturels, l’augmentation des taux de résidus dans les fruits et la recrudescence de ravageurs secondaires. C’est pour cela que cette méthode doit être évitée autant que possible dans nos vergers. Les traitements qui consistent en l’application d’un insecticide additionné d’un attractif alimentaire, se font chaque fois que le niveau des captures par piège le nécessite.
Piégeage de masse :
Cette lutte consiste en l’installation d’un nombre important de pièges par ha (de 30 à 400) selon les spécialités commerciales. Il s’agit d’un traitement permanant au sein de la parcelle qui permet de garder la population à un niveau bas. Il est plus efficace quand il est appliqué à grande échelle. Mais il peut s’avérer nécessaire d’avoir recours à des traitements chimiques en cas de fortes populations. Pour cela il faut toujours garder les pièges de surveillances pour déterminer le seuil de traitement. Cependant, il ne contrôle pas à 100% le ravageur. A noter que tous les groupes producteurs exportateurs vont installer les pièges de masse cette campagne (Consulter la liste de l’ONSSA des pièges de masse homologués).
La technique des mâles stériles :
Elle consiste en des lâchers massifs des males stérilisés aux rayons gamma de l’espèce en question dans la nature où ils entrent en compétition avec les mâles naturels. Leur descendance est alors stérile. La protection de l’environnement est l’avantage le plus important de cette technique qui est plus économique que l’utilisation des insecticides. Cette méthode est également compatible avec d’autres techniques telles que la lutte biologique.
Lutte biologique
Pour un meilleur contrôle de la cératite des essais ont démontré que la combinaison de la technique de mâles stériles et les lâchers des parasitoïde ont abouti à réduire 10 fois la population de C. capitata en seulement six mois. Ci-après quelques agents de contrôle biologique de la cératite :
1- Fopius arisanus (Sonan)
2- Diachasmimorpha longicaudata
3- Coptera haywardi
Ennemis naturels :
Le seul parasitoïde de la cératite connu au Maroc est l’hyménoptère Opius concolor Szpeligeti. Il existe également des prédateurs tels que les fourmis, les araignées et les oiseaux.
Les moyens de contrôle en post-récolte
– Traitement au froid : Ce type de traitement est très ancien mais son usage pour les fruits tropicaux est très limité car les températures inférieures à 10 °C les endommagent en cas de stockage prolongé.
– Irradiation : Longtemps délaissée au profit de la fumigation, ce n’est qu’au début des années 80, avec la reconnaissance par un comité d’experts internationaux de l’absence total de dangers et risques liés à la consommation d’aliments irradiés que son utilisation a été agréée pour certains produits. La nature, les sources de l’ionisation irradiante et la dose d’irradiation sont déterminants
Pour limiter la lutte chimique, qui ne fait qu’aggraver la situation, les agrumiculteurs doivent utiliser une gestion phytosanitaire qui englobe tous les moyens de lutte n´ayant pas beaucoup de dégâts sur l´environnement, dans le cadre d´une lutte intégrée. Parmi ces moyens :
– Surveillance des ravageurs et des maladies
– Surveillance des ennemis naturels
– Utilisation de pesticides sélectifs et moins nocifs pour les auxiliaires
– Traitement localisé
– Piégeage de masse
– Lâcher des ennemis naturels