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Maraîchage : Tomate de plein champ (Casablanca-Safi)

Tomate de plein champ

Dans la région Casablanca-Safi

 

Pratiquement abandonnée dans la zone Sud du Maroc (Souss) pour des raisons phytosanitaires, entre autres, la tomate de plein champ enregistre une concentration dans les régions traditionnelles de production maraichère. Ainsi, on peut trouver la tomate conduite en déterminée dans : le Haouz, Doukkala, Skhirate Tadla, Saiss et l’Oriental. Quant à la tomate indéterminée, elle est surtout présente sur la zone côtière  Azemmour-Oualidia. Sa production, destinée au marché local, connait aussi la commercialisation de quantités réduite à l’export vers l’Afrique de l’ouest par camion avec d’autres produits comme la carotte, le chou, l’oignon, etc.

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Zones de production

La région Casa-Safi enregistre annuellement 2.000 ha environ de tomates indéterminées de plein champ. On distingue deux zones principales de culture :

 

La zone Doukkala-Abda

Cette région est caractérisée par deux cycles de production :

– cycle normal : l’essentiel des productions est estival. Les plantations débutent en avril et s’étalent jusqu’à fin août et les variétés mises en place doivent impérativement être tolérantes au virus du Tylc.

– cycle précoce : les plantations débutent de février à fin mars et sont dominées par des variétés non tolérantes au Tylcv. La faible pression du TYLC dans les champs jusqu’au mois d’avril et en arrière saison, permet aux producteurs de ne pas recourir obligatoirement à des variétés tolérantes au TYLC au cours de ces périodes.

 

La zone de Skhirat-Mohammadia

Contrairement à la première zone, cette région se caractérise par un seul cycle de production et les plantations s’étalent de mars à juin.

 

Dans ces deux zones, en plus des exploitations de taille moyenne (2 à 4 ha), on trouve aujourd’hui des producteurs qui ont investi dans des terrains de 10 ha et plus pour cultiver la tomate de plein champ, principalement dans la zone de Doukkala.

Les semis débutent dès le mois de décembre et s’échelonnent jusqu’au mois de juillet de l’année suivante. Certains producteurs font appel aux pépinières professionnelles tandis que d’autres préfèrent préparer les plants directement dans leur exploitation.

La densité de plantation dépend de la vigueur végétative des variétés utilisées et du mode de conduite. Elle se situe généralement autour de 10.000 à 12.000 plants/ha pour la tomate déterminée. Pour les variétés indéterminées, la densité est de 10.000 plants/ha avec une conduite sur deux bras dans les zones à faible salinité de l’eau d’irrigation et 18.000 plants/ha pour la conduite sur un bras dans les zones à forte salinité de l’eau. A noter que la superficie en tomate déterminée dépend du remplissage du barrage pour la région de Sidi Bennour.

Les récoltes s’échelonnent de avril-mai jusqu’à décembre (tout dépend des conditions climatiques -pluie, froid- et des prix du marché), période pendant laquelle les tonnages issus des abris serres sont faibles ce qui permet de valoriser le produit sur le marché local. La tomate de plein champ permet donc de compléter l’offre de serre, afin d’éviter toute rupture en termes d’approvisionnement quantitatif et qualitatif.

Grace à la conscience des agriculteurs des avantages d’une irrigation localisée, mais aussi à la subvention étatique, toutes les parcelles consacrées à la tomate sont actuellement équipées d’une installation d’irrigation au goutte à goutte. La fertilisation doit se faire tout au long de la culture. Il faut donc la moduler selon la charge en fruits des plantes afin d’éviter la sensibilité aux maladies, au froid, au chergui et améliorer la conservation des fruits. Mais force est de constater que beaucoup de producteurs se limitent à un apport de matière organique en début de culture.

Concernant la protection phytosanitaire, la culture de plein champ reste vulnérable parce qu’elle ne dispose pas des mêmes moyens de protection que la culture sous serre. Les plantes sont confrontés tout au long du cycle de production à de multiples risques phytosanitaires, notamment les maladies fongiques : Botrytis, oïdium et mildiou, surtout dans la zone côtière. Pour une bonne gestion des maladies cryptogamiques il faut alterner les matières actives afin d’éviter le phénomène de résistance.

Tuta absoluta, qui avait causé d’énormes dégâts lors de son apparition, a été bien maitrisée par les agriculteurs grâces à la disponibilité des solutions insecticides. Cependant, actuellement les producteurs se plaignent d’un retour en force de T. absoluta qui a développé des résistances à certaines molécules de traitement.

Quant à la mouche blanche, l’apparition de  génotypes tolérants au Tylc a permis la limitation des dégâts de ce virus transmissible par la mouche blanche. Cependant, les producteurs déplorent le fait que cette tolérance peut être brisée par les températures élevées, surtout pendant le cycle estival.

 

Exigences variétales

Sur le plan variétal deux types de tomate se partagent le marché :

– les variétés indéterminées, hybrides en totalité, hautement productives (jusqu’à 140 t/ha) mais dont les coûts de production (mise en place, entretien de la culture) sont élevés. Ainsi, 1 ha peut atteindre 120.000 dh quand il s’agit d’une première installation. Ce segment est dominé par Assala, Paula et Ouahida pour les variétés tolérantes au Tylc, alors que les productions précoces sont dominées par les variétés dites Non Tylc suivantes : Dynamite, Maria et Gabriella.

– les variétés déterminées (hybrides ou non) peu productives dont le rendement ne dépasse pas 80 t/ha. Avec un coût de production de 30-40.000 dh/ha, le prix de revient du kilo produit est plus faible et la qualité inférieure, ce qui, commercialement, tire le marché vers le bas (même pour les indéterminées).

 

La productivité et la bonne qualité du fruit sont les critères les plus recherchés par les producteurs. Le rendement en fruits reste l’objectif premier du producteur qui doit amortir des frais de culture parfois très élevés. A noter que les producteurs de tomate indéterminée cherchent toujours à étaler le plus possible la période de récolte.

Sur le plan qualitatif et en réponse aux exigences des consommateurs, les agriculteurs optent pour des variétés offrant des tomates de bon calibre, bien rondes, fermes, rouges, homogènes et peu sensibles aux chocs. Le gros calibre n’est plus aussi bien apprécié qu’avant, les producteurs préfèrent aujourd’hui les calibres 1 et 2. Cependant, dans les Doukkala et contrairement à d’autres régions, les producteurs ont plutôt tendance à préférer les gros calibres.

D’autres facteurs influencent également le choix variétal des producteurs notamment les résistances à la salinité, au transport (Long shelf life) et aux ennemis de culture surtout dans les zones affectées. Ainsi sont mis sur le marché des génotypes résistants ou tolérants à certaines maladies et ravageurs (dont le Tylc, l’alternaria, le mildiou et l’oïdium, ainsi que les maladies bactériennes). Les variétés résistantes permettent un contrôle phytosanitaire efficace tout en diminuant le recours à l’utilisation des pesticides.

Les producteurs de  la région d’Azemmour-Oualidia optent en majorité pour la tomate indéterminée. Ce choix est lié au passé de la région, jadis la première région marocaine d’export de la tomate de primeur. Il s’agit plutôt d’une de tradition qui perdure. Souvent aussi, la tomate est cultivée en saison, après la betterave à sucre ou les céréales, le choix d’une culture à cycle court s’impose dans ce cas.

La récolte de la tomate indéterminée est échelonnée, et s’étale sur 2 à 3 mois avec 5 à 7 bouquets, et les rendements dépassent les 120 t/ha. Cependant, la conduite en indéterminée nécessite en plus des frais d’installation de la culture avec palissage et tuteurage, des charges élevées en main d’œuvre pour un entretien quotidien : effeuillage, ébourgeonnage, désherbage, …

 

Commercialisation

Contrairement à ce qui se pratique pour les autres cultures, où la vente est réalisée sur la parcelle à des intermédiaires qui se chargent de la récolte, du transport et de la commercialisation, le circuit de la tomate plein champ est différent. Le producteur s’occupe lui-même de la récolte et du transport de sa production jusqu’aux points de vente ou bourses de  tomates. Dans la région de Azemmour,  il y a un marché qui ouvre chaque année du mois de mai au mois de septembre, à Sidi Belyachi.  Les agriculteurs proposent leurs productions à des négociants qui se chargeront par la suite de livrer les marchés de gros de tout le royaume. Autre formule très pratiquée pour la commercialisation des tomates dans la région, c’est le regroupement d’une vingtaine d’agriculteurs dans des anciennes stations de conditionnement fermées, pour la rencontre avec les intermédiaires. La vente se fait généralement dans des caisses de 25 à 27 kg.

La culture en plein champ reste souvent aléatoire et coûteuse, néanmoins une bonne valorisation commerciale permettrait d’amortir les charges de production et garantir une certaine rentabilité aux producteurs.

Produite entre avril et décembre, la tomate de plein champ de la zone Nord est en concurrence avec la tomate sous abris d’Agadir sur deux périodes :

Octobre-décembre : si la production d’Agadir est plus tardive et si les exportations se déroulent favorablement, elle laisse plus de marge pour la production de plein champ du Nord et les prix de vente sont plus intéressants, sinon, ils chutent considérablement

Juin-Septembre : Plus les exportations se maintiennent en fin de cycle, plus c’est favorable pour le plein champ. Dans le cas contraire, la production sous abris de fin de champ (tonnages importants) inonde le marché et tire les prix vers le bas, d’autant qu’elle est de bonne qualité (normes et conditions de production, etc.).

 

La demande en tomate de plein champ est bien réelle pour approvisionner le marché local, cependant les producteurs se plaignent de la concurrence des tomates destinées à l’export. En effet, 25% de la production de tomate export est écoulée sur le marché local. A cela s’ajoute le chevauchement des cycles de production, qui influence les recettes. « Les prix de vente varient selon l’offre sur le marché qui est parfois inondé par une double production.  La tomate plein champ précoce prête en mai est concurrencée par les écarts de triage des tomates destinées à l’export. Et la tomate  tardive d’octobre coïncide avec le début de la saison export» explique un semencier.

 

 

 

 

 

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